La quarantaine bien tassée, Pierre est un cinéaste célèbre mais aussi un misogyne invétéré. Depuis son divorce, il collectionne les femmes comme d’autres les trophées. Il promène sur la vie en général, et sur la gent féminine en particulier, un regard détaché où le cynisme le dispute à l’humour. Maurice, son fils, qui doit passer quelques jours de vacances avec lui, lui apprend qu’il va devoir écourter son séjour car il doit préparer son mariage, imminent. Son père, jugeant son fils trop jeune, et le mariage comme la dernière des folies, tente de dissuader son fils de passer à l’acte. Il présente Agnès, sa nouvelle amie, bien plus jeune que lui, à Maurice. Ce dernier tombe sous le charme. Agnès, la trentaine radieuse, est un feu d’artifice de beauté et d’esprit. Mais Pierre a dans l’idée de rompre très prochainement avec elle. Maurice l’apprend par hasard en tombant sur une lettre de rupture. Au cours d’un dîner au domicile de Pierre, son ami Jean-Albert est stupéfait par la complicité régnant entre Agnès et Maurice. Il s’en ouvre à Pierre, et finit par le convaincre que son fils et son amie sont en train de tomber amoureux l’un de l’autre.
Le lendemain matin, Pierre trouve sur son bureau un mot de la main d’Agnès, dans lequel elle écrit qu’elle aime Maurice et qu’elle part vivre avec lui…
EXTRAITS - JEAN-ALBERT : Ah ! Pierre. Depuis le temps... Comment va donc mon cinéaste préféré ? (Les deux hommes échangent une poignée de mains chaleureuse).
PIERRE : (A Jean-Albert) En noir et blanc, plutôt qu’en Technicolor. Mais je compte sur toi pour me redonner des couleurs.
JEAN-ALBERT : (À Pierre, à voix basse) A ton compte en banque certainement. Laisse-moi te présenter ma femme. Je ne crois pas que tu la connaisses, c'est un nouveau "modèle".
PIERRE : (À Jean-Albert, à voix basse) Tu en parles comme d'une voiture.
JEAN-ALBERT F : (A Pierre, à voix basse) C'est parce que j'en change aussi souvent que de femmes.
PIERRE : (À Jean-Albert, à voix basse) A ce que je vois, tu donnes plutôt dans la grosse cylindrée maintenant. Ne me dis tout de même pas qu'elle s'appelle Mercedes ?
JEAN-ALBERT : (À Pierre, à voix basse) Non : BMW !
Les deux hommes rient entre eux.
PIERRE : (Il s'avance vers la femme de Jean-Albert) Mes hommages, Madame.
JEAN-ALBERT : Allons, pas tant de mondanités, je te prie. Appelle-la Marie-Bernadette, ce sera plus simple.
PIERRE : (À part lui) Mais plus long. (À voix haute) Laisse-moi te présenter Agnès et Maurice.
JEAN-ALBERT : (À Agnès) Si je ne m'abuse, je crois qu'on s'est déjà vus.
AGNES : C’est exact. A la dernière cérémonie des Césars.
JEAN-ALBERT : (A l'oreille de Pierre) Elle est encore plus ravissante que dans mon souvenir. Ah ! On a beau dire, le cinéma c'est tout de même autre chose que la pub ! (Tout fort, en regardant en direction de Maurice) Je suppose que c'est ton fils ? (Maurice s'avance à sa rencontre et lui serre la main).
PIERRE : On ne peut rien te cacher.
JEAN-ALBERT : Tu parles, c'est ton portrait tout craché !
PIERRE : (À part lui) J'aurai souhaité le portrait moins craché mais plus ressemblant.
JEAN-ALBERT : (À Maurice) Alors, mon garçon, vous aussi vous sévissez dans le cinéma ?
MAURICE : Non. Je suis dans l'administration.
JEAN-ALBERT : Vous n'avez pas une tête de facteur pourtant !
MAURICE : (Souriant) Méfiez-vous des apparences. Besancenot non plus.
PIERRE : Pour ta gouverne, Jean-Albert, Maurice est énarque.
JEAN-ALBERT : (À Maurice) Ah ! Je me disais aussi que vous aviez une tête à jouer la comédie.
MAURICE : Je ne me destine pas à la carrière politique.
JEAN-ALBERT : Je vois, l'argent ne vous intéresse pas ?
MAURICE : Croyez-vous que les hommes politiques en gagnent tant que ça ?
JEAN-ALBERT : Une chose est sûre, ils en dépensent beaucoup. J’en fréquente suffisamment pour le savoir. Surtout les vieux briscards, ceux qui ont fait carrière. En général, à leurs débuts, ils sont fauchés comme les blés. Mais quelques mandats législatifs plus tard, comme par miracle, ils se retrouvent tous à l’ISF.
MAURICE : Je doute que la politique rapporte autant que la publicité ?
JEAN-ALBERT : Eh bien Maurice, détrompez-vous, nos belles années sont derrière nous ! Nous tirons méchamment la langue en ce moment.
AGNES : Ah bon ?
JEAN-ALBERT : Si vous saviez ! Le calme plat. On dirait que nos clients n'ont plus rien à vendre.
MAURICE : Le tout c'est qu'ils restent persuadés qu'ils ont encore quelque chose à acheter à ton agence.
JEAN-ALBERT : Malheureusement, je crains qu'ils en soient plutôt à douter de notre utilité.
AGNES : Pourquoi ?
JEAN-ALBERT : Parce que tous les spots publicitaires se ressemblent. Que ce soit pour un lave-vaisselle, un camembert ou une voiture, l'argument que nous faisons valoir est toujours le même : de superbes mannequins en tenues toujours plus légères, qui prennent des poses si suggestives qu'elles en viennent à tourner en ridicule l'objet dont elles sont censées vanter les mérites.
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