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L'Avare
de Molière
Mise en scène de Georges Werler
Avec Michel Bouquet, Juliette Carré, Sylvain Machac, Patrick Payet, Jacques Echantillon, Marion Amiaud, Bruno Debrandt, Jacques Bleu, Sophie Botte, Fabien Vette, Benjamin Egner, Sébastien Rognoni, Olivier Lefevre, Pascal Nawojski
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Du 10/10/2006 au 28/02/2007
Mardi, mercredi, jeudi, vendredi, samedi à 20h, dimanche à 15h.
Théâtre de la Porte Saint-Martin
16, boulevard Saint-Martin
75010 PARIS
Métro Strasbourg Saint-Denis
01 42 08 00 32
Molière, Bouquet, deux hommes au sommet d’eux-mêmes, deux aigles de l’esprit, deux esprits rayonnants... pour qui l’on pourrait dire : ''Jamais comédie ne fut si bien représentée, ni avec tant d’art, chaque acteur sait combien il doit y faire de pas, et toutes ses oeillades sont comptées.''
Quand Michel Bouquet reçoit, de la critique unanime, un compliment qui lui est adressé, il déclare, avec ce très beau regard qui est le sien, que "c’est Molière que l’on salue...". Quand Michel Bouquet, après une carrière exemplaire, tant au théâtre qu’au cinéma, à plus de 82 ans, joue avec le même bonheur, c’est, à travers lui, l’Homme tout entier que l’on salue, un itinéraire dont il a conscience, les rencontres de ceux qui lui ont fait confiance et lui ont permis de devenir qui il était, grâce à son intelligence, sa curiosité, son goût incarné de la peinture et de l’art, son humilité.
Exceptionnelle probité sous tout rapport qui devient le maître étalon à l’aulne duquel se jugent les fats et les faussaires qui, comme partout sont légion, y compris dans ce monde théâtral où, sans grand travail, beaucoup s’autoproclament en bien peu de temps metteurs en scène ou comédiens à la hauteur des plus grands rôles, sans pourtant pouvoir leur donner la moindre consistance... Et le réel travail, l’expérience de la scène, l’autocritique, la confrontation avec les plus grands, la très lente et patiente lecture des auteurs, des textes les plus complexe avec leurs musiques les plus singulières que, lui, connaît tant ? Michel Bouquet ne joue ni les gourous, ni les maîtres. Chez lui, seule s’offre l’évidence de la maîtrise. L’excellence en acte. Sans suffisance ni mépris d’autrui. Pas un des ces comédiens hâbleurs discréditant en permanence leur propre parole, éclaboussant de médiocrité l’art auquel ils prétendent... Michel Bouquet honore de sa présence la famille des très grands artistes de l’époque, qu’ils soient organistes, peintres, écrivains ou musiciens.Le théâtre de l’Avant-Seine, à Colombes, a ouvert sa magnifique saison par un coup d’éclat théâtral en choisissant de produire ce morceau d’anthologie qu’est L’Avare de Molière, mis en scène par Georges Werler. Ah ! L’argent ! Et plus que lui, son idolâtrie ! Monomaniaque ou société folle, il les saisit et les absorbe dans cette toile d’araignée psychique de laquelle rien ne sort de lumineux, de créateur, de vital, sinon l’œuvre, la représentation, le jeu des comédiens. Rabougrissement autour de soi, égoïsme dévorant. Nanisme intellectuel, déficit affectif, inanité existentielle. Une humanité bien petite, mais bien grande par la vitalité de la troupe au complet pour servir le public qui, en l’espèce une grande salle comble et enthousiaste, n’a pas cessé de rire tout en recevant de plein fouet les charges de Molière. L’Avare, c’est Harpagon, ce père prêt, pour sa cassette, à tous les sacrifices de sa famille, son fils, sa fille pourtant épris d’amour, eux non plus pas insensibles à l’argent ! Mais tout vieux qu’il est, il n’a qu’un amour et qu’un fantasme, il aime amasser, conserver l’argent, ne pas le dépenser... Et le mariage avec Marianne, de soixante ans sa cadette, n’est pas sans lui déplaire : fraîche, jeune, sage et modeste, croit-il, avec ce merveilleux trésor d’être dotée, et de pouvoir l’épouser sans bourse déliée. Michel Bouquet crée là un personnage digne de marquer pour longtemps par son interprétation. Si dans cette "esthétique du ridicule" selon l’expression du professeur Patrick Dandrey, l’on s’est souvent accordé à en faire un bouffon, Michel Bouquet le rend pathétique et quelque part humain. Sans grossir le trait, il le rend pitoyable pris dans un tourbillon d’argent qu’il ne veut toujours que plus vaste, et pour n’en faire rien sinon que thésauriser. Jouir de cela ! Rien que de cela ! Fixation. Ce qui compte, c’est soi, ce plaisir fantasmatique qui, au lieu de trouver un sens ou construire une œuvre destinée au monde, se nourrit de lui-même et tourne en rond comme un merlan qui se mord la queue. Jubilation à penser à l’argent... Stratégie de roué pour le posséder, pathologiquement... Plongée dans le désarroi et les fractures de son identité en se le faisant voler... Le posséder ? Mais à quelles fins supérieures dans ce monde fait de rapports limités aux conflits et aux frustrations ?Sur le vaste plateau du théâtre de l’Avant-Seine, dans des décors et des lumières stables pour favoriser la concentration sur le texte, la troupe est alerte, vive, homogène, jeune, encadrée par les non moins jeunes Juliette Carré et Michel Bouquet, gais et expressifs, denses et justes, drôles, attentifs à tout, nourris de vie et de théâtre, comme un tandem de deux canailles, Frosine et Harpagon, chacune s’efforçant de berner l’autre. Tout est réglé au quart de tour car comme chacun sait, le comique est affaire de précision. Et à ce jeu-là, Michel Bouquet démontre son invraisemblable inventivité qu’il met au service de tous pour faire rebondir la parole de Molière, ses invectives, son ironie portées par une langue dotée de style. Couverture seulement tirée à soi ? Les autres, les treize comédiens, seulement des faire-valoir ? Non ! Démarche narcissique, opportuniste ? Nullement ! Michel Bouquet laisse la place à chacun. Tous sont avec lui dans le rythme, l’unité, la justesse, l’élan. Aussi le plaisir de jouer se ressent-il, se communique-t-il pendant une heure et demie évinçant tout ennui. Michel Bouquet, irrésistible, déploie un trésor de ressorts comiques dont il a le secret, enchaînés magistralement sans redondance, toujours en situation, sans rupture de ton, maintenant le tempo d’un bout à l’autre de la pièce. Il rend vraie à la perfection la monstruosité ordinaire de ce petit homme qui tend, à chacun et aux sociétés humaines, le miroir pour s’y voir à la condition de renoncer à cet individualisme forcené et cette effroyable mauvaise foi qui aliène et ravage, obscurcit l’intelligence. Le port du costume, la marche, à petits pas, à petit trot, comme celle d’un vieux bébé, et les différentes allures, les positionnements grotesques ou pitoyables, les sons de la voix modulés à l’infini, les cascades de mimiques, même faites d’un rien toujours efficace, renouvelées sans labeur, hilarantes ou touchantes ; les gloussements, les hoquets, les hurlements de bête traquée, les phrases admirablement assimilées, une gestuelle infiniment variée, tout concourt à faire de cet événement théâtral un très grand moment de communion, de complicité, d’approbation, de reconnaissance pour un engagement si somptueusement respecté. Et chacun de partir, après des ovations à n’en plus finir, avec le sentiment que ces deux hommes–là, Molière et Bouquet, étaient bien faits pour se rencontrer. Deux honnêtes hommes. Ce soir-là, beaucoup sont sans doute partis en se parlant. Bien beau théâtre et bien bel accueil ! Salle superbe avec cette surprenante architecture métallique soutenant les gradins ! Plateau et décor, quel écrin pour un texte semblable ! Et quelle terrible pièce, sombre, déchirante ! Cet Harpagon si sourd à entendre, à comprendre, si enfermé, si impuissant à changer, est-ce nous, grigous ? Est-il, sous les traits d’un personnage devenu vérité, le paradigme de nos sociétés avides, carnassières de la vie des autres pour quelque argent et quelques trahisons ? Allons-nous nous momifier dans notre misère avaricieuse, notre vie défectueuse, sans grandeur... ou résister ? Nous poser les vraies questions ? Programmation des rendez-vous manqués ? Ah ! Que toute cette troupe était belle dans cette passion commune... Comme chacun, vêtu de son âge et son expérience, donnait si généreusement à tous ! Ce public comblé, abasourdi, décoiffé ! Que l’Amour est beau quand deux êtres, au soir de leur vie, continuent de porter leur passion avec autant de grâce et de ferveur.Un moment de théâtre à déguster, à garder pour longtemps dans un coin de son cœur, de son esprit. Une très haute leçon de vie inspirant les hommages les plus respectueux et les plus émus.
Exceptionnelle probité sous tout rapport qui devient le maître étalon à l’aulne duquel se jugent les fats et les faussaires qui, comme partout sont légion, y compris dans ce monde théâtral où, sans grand travail, beaucoup s’autoproclament en bien peu de temps metteurs en scène ou comédiens à la hauteur des plus grands rôles, sans pourtant pouvoir leur donner la moindre consistance... Et le réel travail, l’expérience de la scène, l’autocritique, la confrontation avec les plus grands, la très lente et patiente lecture des auteurs, des textes les plus complexe avec leurs musiques les plus singulières que, lui, connaît tant ? Michel Bouquet ne joue ni les gourous, ni les maîtres. Chez lui, seule s’offre l’évidence de la maîtrise. L’excellence en acte. Sans suffisance ni mépris d’autrui. Pas un des ces comédiens hâbleurs discréditant en permanence leur propre parole, éclaboussant de médiocrité l’art auquel ils prétendent... Michel Bouquet honore de sa présence la famille des très grands artistes de l’époque, qu’ils soient organistes, peintres, écrivains ou musiciens.Le théâtre de l’Avant-Seine, à Colombes, a ouvert sa magnifique saison par un coup d’éclat théâtral en choisissant de produire ce morceau d’anthologie qu’est L’Avare de Molière, mis en scène par Georges Werler. Ah ! L’argent ! Et plus que lui, son idolâtrie ! Monomaniaque ou société folle, il les saisit et les absorbe dans cette toile d’araignée psychique de laquelle rien ne sort de lumineux, de créateur, de vital, sinon l’œuvre, la représentation, le jeu des comédiens. Rabougrissement autour de soi, égoïsme dévorant. Nanisme intellectuel, déficit affectif, inanité existentielle. Une humanité bien petite, mais bien grande par la vitalité de la troupe au complet pour servir le public qui, en l’espèce une grande salle comble et enthousiaste, n’a pas cessé de rire tout en recevant de plein fouet les charges de Molière. L’Avare, c’est Harpagon, ce père prêt, pour sa cassette, à tous les sacrifices de sa famille, son fils, sa fille pourtant épris d’amour, eux non plus pas insensibles à l’argent ! Mais tout vieux qu’il est, il n’a qu’un amour et qu’un fantasme, il aime amasser, conserver l’argent, ne pas le dépenser... Et le mariage avec Marianne, de soixante ans sa cadette, n’est pas sans lui déplaire : fraîche, jeune, sage et modeste, croit-il, avec ce merveilleux trésor d’être dotée, et de pouvoir l’épouser sans bourse déliée. Michel Bouquet crée là un personnage digne de marquer pour longtemps par son interprétation. Si dans cette "esthétique du ridicule" selon l’expression du professeur Patrick Dandrey, l’on s’est souvent accordé à en faire un bouffon, Michel Bouquet le rend pathétique et quelque part humain. Sans grossir le trait, il le rend pitoyable pris dans un tourbillon d’argent qu’il ne veut toujours que plus vaste, et pour n’en faire rien sinon que thésauriser. Jouir de cela ! Rien que de cela ! Fixation. Ce qui compte, c’est soi, ce plaisir fantasmatique qui, au lieu de trouver un sens ou construire une œuvre destinée au monde, se nourrit de lui-même et tourne en rond comme un merlan qui se mord la queue. Jubilation à penser à l’argent... Stratégie de roué pour le posséder, pathologiquement... Plongée dans le désarroi et les fractures de son identité en se le faisant voler... Le posséder ? Mais à quelles fins supérieures dans ce monde fait de rapports limités aux conflits et aux frustrations ?Sur le vaste plateau du théâtre de l’Avant-Seine, dans des décors et des lumières stables pour favoriser la concentration sur le texte, la troupe est alerte, vive, homogène, jeune, encadrée par les non moins jeunes Juliette Carré et Michel Bouquet, gais et expressifs, denses et justes, drôles, attentifs à tout, nourris de vie et de théâtre, comme un tandem de deux canailles, Frosine et Harpagon, chacune s’efforçant de berner l’autre. Tout est réglé au quart de tour car comme chacun sait, le comique est affaire de précision. Et à ce jeu-là, Michel Bouquet démontre son invraisemblable inventivité qu’il met au service de tous pour faire rebondir la parole de Molière, ses invectives, son ironie portées par une langue dotée de style. Couverture seulement tirée à soi ? Les autres, les treize comédiens, seulement des faire-valoir ? Non ! Démarche narcissique, opportuniste ? Nullement ! Michel Bouquet laisse la place à chacun. Tous sont avec lui dans le rythme, l’unité, la justesse, l’élan. Aussi le plaisir de jouer se ressent-il, se communique-t-il pendant une heure et demie évinçant tout ennui. Michel Bouquet, irrésistible, déploie un trésor de ressorts comiques dont il a le secret, enchaînés magistralement sans redondance, toujours en situation, sans rupture de ton, maintenant le tempo d’un bout à l’autre de la pièce. Il rend vraie à la perfection la monstruosité ordinaire de ce petit homme qui tend, à chacun et aux sociétés humaines, le miroir pour s’y voir à la condition de renoncer à cet individualisme forcené et cette effroyable mauvaise foi qui aliène et ravage, obscurcit l’intelligence. Le port du costume, la marche, à petits pas, à petit trot, comme celle d’un vieux bébé, et les différentes allures, les positionnements grotesques ou pitoyables, les sons de la voix modulés à l’infini, les cascades de mimiques, même faites d’un rien toujours efficace, renouvelées sans labeur, hilarantes ou touchantes ; les gloussements, les hoquets, les hurlements de bête traquée, les phrases admirablement assimilées, une gestuelle infiniment variée, tout concourt à faire de cet événement théâtral un très grand moment de communion, de complicité, d’approbation, de reconnaissance pour un engagement si somptueusement respecté. Et chacun de partir, après des ovations à n’en plus finir, avec le sentiment que ces deux hommes–là, Molière et Bouquet, étaient bien faits pour se rencontrer. Deux honnêtes hommes. Ce soir-là, beaucoup sont sans doute partis en se parlant. Bien beau théâtre et bien bel accueil ! Salle superbe avec cette surprenante architecture métallique soutenant les gradins ! Plateau et décor, quel écrin pour un texte semblable ! Et quelle terrible pièce, sombre, déchirante ! Cet Harpagon si sourd à entendre, à comprendre, si enfermé, si impuissant à changer, est-ce nous, grigous ? Est-il, sous les traits d’un personnage devenu vérité, le paradigme de nos sociétés avides, carnassières de la vie des autres pour quelque argent et quelques trahisons ? Allons-nous nous momifier dans notre misère avaricieuse, notre vie défectueuse, sans grandeur... ou résister ? Nous poser les vraies questions ? Programmation des rendez-vous manqués ? Ah ! Que toute cette troupe était belle dans cette passion commune... Comme chacun, vêtu de son âge et son expérience, donnait si généreusement à tous ! Ce public comblé, abasourdi, décoiffé ! Que l’Amour est beau quand deux êtres, au soir de leur vie, continuent de porter leur passion avec autant de grâce et de ferveur.Un moment de théâtre à déguster, à garder pour longtemps dans un coin de son cœur, de son esprit. Une très haute leçon de vie inspirant les hommages les plus respectueux et les plus émus.
Marie-José Pradez
05/02/2007
![Affiche](./index_files/bando-alaffiche.png)
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Jeune fille cherche maison douce où pratiquer son piano
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