




Houria

de Gaspare Dori
Mise en scène de Christophe Luthringer, Bruce Myers
Avec Pamella Edouard
Houria ou la mise en scène d’un des visages de l’ingéniosité du mal !
La caution d’Amnesty International à ce spectacle en signe toute l’importance. Cause majeure rappelée par des chiffres accablants en pleine inflation : le droit de tout humain à être reconnu et traité inconditionnellement comme une personne, et respecté ; partant, des femmes à exister autrement qu’humiliées, bafouées, réduites à rien, excisées, infibulées, mariées de force, violées, emprisonnées, massacrées, privées d’éducation, limitées à une sexualité de reproduction, interdites de paroles, de conscience, et de choix... Répudiées, vendues, torturées, mutilées, brûlées, défigurées à l’acide, exposées à la foule pour confessions publique, un panneau au cou rayé déjà de son nom, avant un dernier petit bol de riz précédant la balle dans la nuque à faire payer à la famille, voire l’équarrissage pour trafic d’organes juteux. Tuée dans un stade d’une autre balle dans la tête, à la mi-temps avant la reprise du match sous les huées de la populace, régressive, pathologique, en délire et criminelle.Baudelaire n’aimait ni les beautés de vignettes ni les femmes-moutons. "Prends ton fouet, si tu descends parmi les femmes...", proclamait Nietzsche. Femmes-monstres, femmes-carnaval, femmes carnivores dans Huit et demi, La Cité des femmes, Juliette des esprits, Le Satyricon de Fellini, sans doute. Mais ici rien de tel. Pas de temps... pour des mises en scène de soi prévisibles, des jeux de séduction mineurs, les suites de petites intrigues ordinaires. Pas le temps pour la théâtralisation d’une mondanité médiocre transpirant d’ennui. Pas le temps pour les fausses questions aimables, les conversations pauvrement mondaines où l’on s’autorise à disséquer psychologiquement l’Autre pour construire de soi de merveilleuses images ! Cache-sexe d’un vide de ces expériences-limites qui, brisant le cœur plutôt que le bronzer, font rompre à tout jamais avec la futilité masquée dans des silences entendus. Non ! Définitivement, non !J’aime les femmes quand elles sont dans la vérité, le courage, la joie de vivre et ses débordements rassurants, dans l’urgence de vivre. Mon esprit est nourri d’une myriade de femmes magnifiques, de sourires éclatants pour une victoire sur soi-même, de gestes de tendresses inouïes, de regards fabuleux, d’expressions d’une intensité immense. Yeux déchirés d’horreur, corps défaits, agenouillées. Plaintes ou cris sur les rivages dévastés par la vague déchaînée, ou les enfants morts. Piétas profanes déchirées par le malheur, renversées dans un cri. Silences et dignité des femmes qui ont côtoyé l’enfer sur terre qui les a sculptées, rendues immensément respectables. Exemplaires.Houria est l’une d’elles que porte pour nous sur le devant de la scène le très beau texte de Gapare Dori dont on regrette l’absence à ce jour de publication. A l’aube de sa mort atroce, la lapidation, Houria, sans s’apitoyer sur elle, tantôt dans une fraîcheur, tantôt dans crispation angoissée, dans une danse quasi mystique tente de se rassurer, de célébrer encore la vie, en signant par la reconnaissance de son crime son ultime liberté.A dire vrai, l’interprétation de Pamella Edouard m’a étonnée, intéressée, sans me conquérir tout à fait. J’aurais mieux aimé plus de tensions, plus d’explosions et de silence ; plus d’exploration de la terreur, des gouffres de la peur, des affects, du chemin que prend l’âme pour revenir étonnamment peut-être à la sérénité. Comment accepter un destin aussi terrifiant ? Voilà ce que dit au public cette pièce forte qui capte l’attention du début à la fin. Blanche de La Force dans Dialogues des Carmélites au pied de la guillotine, et tant de ces femmes anonymes, jusqu’au bout... Résistantes.Pamella Edouard, sous la direction de Christophe Luthringer et Bruce Myers, s’exprime avec générosité et assurément donne le plus qu’elle peut, sans peut-être par sa jeunesse, disposer de toute l’étoffe d’un personnage confronté au pire. Et quelque part, tant mieux pour elle. Elle parvient toutefois à mettre au jour l’injustice faite en réalité à toutes les femmes, tout continent, tout milieu confondus. La concentration du public prouve que la pudeur qu’elle manifeste et cette option théâtrale qu’elle respecte, particulièrement cette naïveté voulue, relève sans doute d’une élégance à l’endroit de spectateurs éventuellement trop sensibles à la résonance en échos en eux de trop grandes blessures. La volonté de calme et de poésie, de tendresses dans le récit nostalgique d’autrefois parle avec une juste clairvoyance des mécanismes intellectuels et psychologiques nécessaires pour affronter l’assassinat, nommé droit, avec force et dignité.Terrifiant jeu de la vie et de la mort ! Terrifiante limite inscrite au sol au-delà de laquelle des hommes se placent, agglutinés, vociférants et obscènes, des pierres à la main pour mieux viser le visage, le corps, les seins ! Sortie de cette arène encore une fois que par le haut, par un sacrifice de sang ! Intolérable intolérance ! N’oublions pas tous les prisonniers d’opinion qui croupissent dans des culs de basses-fosses, "nos frères humains" comme le chante le très grand François Villon.
Marie-José Pradez
06/04/2006

AVIGNON
L'ORIFLAMME
de Aude De Tocqueville
Mise en scène de Séverine Vincent
La direction veut mettre Tony à la retraite, il a presque 70 ans. Mais lui ne veut pas, il aime son métier, gardien d'immeuble, il aime ses locataires, il aime les potins. Que ferait-il sans cet environnement ? Alors il refuse, et pour asseoir sa décision, il nous raconte sa vie avec les...
L'avis de Geneviève Brissot
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Solitude d'un ange gardien
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GRENOBLE
MC2
24 place Beaumarchais
de Adèle Gascuel,brahim Koutari
Mise en scène de Catherine Hargreaves
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24 place Beaumarchais
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AVIGNON
Théâtre du Roi René
LES GARCONS DE LA BANDE
de Mart Crowley,adaptation : Antoine Courtray
Mise en scène de Antoine Courtray
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