Têtes rondes et Têtes pointues
de Bertold Brecht
Mise en scène de Gilles Chavassieux
Salle comble et têtes d'actu.
Têtes rondes et Têtes pointues n'est pas la pièce la plus connue de Bertold Brecht ; c'est pourtant l’une de ses meilleures. Cette "opérette politique" est une formidable satire, une pièce engagée et légère à la fois. Brecht dénonce le pouvoir de l'argent, la manipulation de la politique par les riches et la manipulation du peuple par la politique... avec humour ! La polémique se dit sur un ton amusant. Voilà comment lancer des pointes en arrondissant les angles! Et le message passe d'autant mieux.Mettez donc des têtes pointues d'un côté, des têtes rondes de l'autre. Ajoutez-y un dictateur, homme faussement providentiel, marionnette d'un vice-roi qui prépare son retour en force. Pourvoyez ce vice-roi d'une belle fortune. Séparez bien les pauvres des riches. Et vous obtenez une comédie satirique où racisme, égoïsme et intérêt sont pointés de la tête. La critique est universelle ; l'affrontement des têtes rondes et pointues, les Tchiches et les Tchouques, devient parabole : c'est notre misérable monde, empêtré dans ses conflits politiques et religieux, qui se retrouve sous nos yeux. La révolte de la "racaille" acquiert même une résonance particulière aujourd'hui. Les têtes pointues sont finalement têtes d’actu. Ah, ce Brecht, quel visionnaire ! Grâce à sa fameuse technique de la "distanciation", il nous pousse, nous autres spectateurs, à décrypter la parabole. Impossible de ne pas réfléchir face à ce spectacle pourtant d’une drôlerie à toute épreuve. Le burlesque des situations cache toujours une intention satirique ; rien n'est laissé au hasard.Et Gilles Chavassieux l'a très bien compris. Sa mise en scène, excellente, démultiplie les effets de distanciation. Adieu l'illusion théâtrale et place au recul critique. Le grand miroir au fond de la scène en est signe : le spectacle s'y projette comme un reflet de notre monde. Nous sommes fatalement invités à nous y mirer. Sylvain ne dira pas le contraire : nommé par son vrai prénom, le pianiste, Sylvain Freyermuth, accompagne allègrement l'action mais se fait surtout le témoin de cette parodie grinçante. Il est notre homologue sur scène. Car nous sommes mis à contribution nous aussi : le prologue nous est directement adressé avant que nous ne sombrions dans l'obscurité de la salle. Voilà la force de la mise en scène de Gilles Chavassieux. Les deux heures passent à vitesse grand V. De scènes parlées en morceaux d'opérette, les onze acteurs nous entraînent avec entrain dans le monde des Tchiches et des Tchouques. Allant et venant sur scène (avec quelques détours par la salle), ils entrent dans un ballet virevoltant. Réactions immédiates. Les rires fusent face à la naïveté et à l'entêtement du paysan Callas (Gilles Feuvrier), qui n'hésite pas à troquer sa prostituée de fille (Emmanuelle Fruchard) contre deux chevaux ! Les sourires apparaissent quand Mme Cornamontis l'entremetteuse (Eve Guerrier) pousse la chansonnette pour dénoncer la vénalité des femmes. Grâce à ces talentueux comédiens, "tchiches" de chanter et danser, nous passons un très bon moment de théâtre.
Caroline Vernisse
19/11/2005
Notez-le. Reprise du 9 au 17 mai 2006, Salle Arthur-Adamov.
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