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Le Chien
de Eric-Emmanuel Schmitt
Mise en scène de Marie-Françoise, Jean-Claude Broche
Avec Mathieu Barbier, Patrice Dehent
-
-
Jusqu'au 26/06/2017
18h.
Rive Gauche
6, rue de la Gaîté
75014 PARIS
Métro Edgar Quinet, Gaîté, Montparnasse-Bienvenüe
01 43 35 32 31
Une nouvelle d’Eric-Emmanuel Schmitt qui prend chair au théâtre, récit intimiste, poignant et, en fin de compte, rassurant. Un des succès d’Avignon 2016, joué à Paris et qui sera repris au Festival 2017.
Deux personnages apparaissent dans une lumière tamisée, favorable à la confidence. Celui de droite, assis de trois quarts sur un grand cube blanc, a la raideur d’un mannequin de cire. Sa barbe grisonnante en impose. Visiblement, c’est un notable. Le personnage de gauche, beaucoup plus jeune, costume gris, chemise blanche sans cravate, joue de sa voix : un beau timbre de baryton. On se rend très vite compte qu’il s’agit d’un journaliste ou d’un écrivain rompu aux enquêtes. Or quelque chose bouleverse ce petit village du Hainaut : des hommes s’apprêtent à dévisser les plaques de cuivre du médecin. Chacun ici connaît la silhouette du docteur Heymann, inséparable de celle de son chien, lorsqu’ils arpentent les rues de la localité. Et ce spectacle a lieu depuis quarante ans. "Impossible, réplique notre écrivain ! La moyenne d’une vie de chien est de douze ans !"
Premier mystère, vite résolu d’ailleurs ! C’est ainsi qu’on apprend que, chaque fois que Samuel Heymann perd son compagnon, il le remplace aussitôt par un beauceron de même race, répondant infailliblement au nom d’Argos. Comme le chien d’Ulysse qui fut le premier à le reconnaître son maître, quand il revint à Ithaque. Eh bien, Argos, il y a quelques jours, a été renversé par une voiture et tué net. L’automobiliste, comme il se doit, a pris la fuite. Cinq jours plus tard, Heymann se donnait la mort en se tirant une balle dans la bouche. Il mettait à son odyssée. Ou à leur odyssée : odyssée de la race des Argos et du médecin.
A cet instant, sur scène, le comédien, côté-cour, se lève et, perdant sa raideur de mannequin, prend le relai de l’écrivain. A lui, de se lancer dans ces confidences trop intimes - pour reprendre le titre d’un film. En ces temps nazis, la vie devient un enfer. Surtout quand on est juif. Mais, au milieu de l’horreur, perce parfois l’humanité.
Touchant dans sa sobriété comme dans sa pudeur, Le Chien sort de sa gangue de mots. Marie-Françoise et Jean-Claude Broche s’adressent directement au public dans une mise en scène où toute affèterie deviendrait trahison. Mathieu Barbier, dans le rôle de l’écrivain, aborde le sujet à pas feutrés. Cette distanciation rappelle Bertolt Brecht. Quant à Patrice Dehent, il entre petit à petit dans la peau du docteur Heymann et finit par fendre la cuirasse. Il passe au-dessus l’horreur pour aboutir à l’amour. Le véritable amour, l’unique amour, noir, jaune et avec des yeux d’agate, les seuls qui lui aient rappelé le regard de Dieu.
Premier mystère, vite résolu d’ailleurs ! C’est ainsi qu’on apprend que, chaque fois que Samuel Heymann perd son compagnon, il le remplace aussitôt par un beauceron de même race, répondant infailliblement au nom d’Argos. Comme le chien d’Ulysse qui fut le premier à le reconnaître son maître, quand il revint à Ithaque. Eh bien, Argos, il y a quelques jours, a été renversé par une voiture et tué net. L’automobiliste, comme il se doit, a pris la fuite. Cinq jours plus tard, Heymann se donnait la mort en se tirant une balle dans la bouche. Il mettait à son odyssée. Ou à leur odyssée : odyssée de la race des Argos et du médecin.
A cet instant, sur scène, le comédien, côté-cour, se lève et, perdant sa raideur de mannequin, prend le relai de l’écrivain. A lui, de se lancer dans ces confidences trop intimes - pour reprendre le titre d’un film. En ces temps nazis, la vie devient un enfer. Surtout quand on est juif. Mais, au milieu de l’horreur, perce parfois l’humanité.
Touchant dans sa sobriété comme dans sa pudeur, Le Chien sort de sa gangue de mots. Marie-Françoise et Jean-Claude Broche s’adressent directement au public dans une mise en scène où toute affèterie deviendrait trahison. Mathieu Barbier, dans le rôle de l’écrivain, aborde le sujet à pas feutrés. Cette distanciation rappelle Bertolt Brecht. Quant à Patrice Dehent, il entre petit à petit dans la peau du docteur Heymann et finit par fendre la cuirasse. Il passe au-dessus l’horreur pour aboutir à l’amour. Le véritable amour, l’unique amour, noir, jaune et avec des yeux d’agate, les seuls qui lui aient rappelé le regard de Dieu.
Pierre Breant
14/06/2017
Du 7 au 30 juillet à 11h, Festival Avignon. Espace Roseau Teinturiers, 45 rue des teinturiers. Réservations : 0490032875.
![Affiche](./index_files/bando-alaffiche.png)
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