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Vingt-quatre heures de la vie d’une femme
de Stefan Zweig
Mise en scène de Monique Beaufrère
Avec Martine Delor, Frédéric Therisod, Anthony Hornez
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Du 01/11/2016 au 31/12/2016
Samedi 15H30 .
Nord-Ouest
13, rue du Faubourg Montmartre
75009 PARIS
Métro Grands Boulevards
01 47 70 32 75
Voilà une idée magnifique pour enterrer l’année 2016, quelques heures avant le réveillon de Saint-Sylvestre ! C’est aussi une manière de faire tourner la pendule plus vite, pour une fois qu’on maîtrise le Temps.
L’héroïne de cette pièce aurait aimé dire la même chose, mais ces 24 heures, les plus captivants de sa vie, lui ont complètement échappé. Sigmund Freud, au moment de la parution de la nouvelle dont est tirée la pièce, s’est dit très admiratif du travail de Stefan Zweig qui livre totalement ses personnages au mécanisme de l’inconscient, dont, lui, était passé maître, puisqu’il en était le découvreur. La psychanalyse, en cette période de la Sécession viennoise, était sur toutes les lèvres, mais on n’avait pas encore sondé les cœurs… Zweig faisait donc figure de précurseur.
La belle Anglaise, qui fait irruption sur la scène, avec ce chic et cette élégance physique comme morale, ne se doute pas de ce qui l’attend. Corsetée dans ses principes et récemment veuve, elle erre naïvement dans les salles du casino de Monte-Carlo, passant d’une table à l’autre et avec le regard de l’entomologiste. Ce qui la passionne, ce sont les mains des joueurs, « les unes poilues comme des bêtes sauvages, les autres flexibles et luisantes comme des anguilles, mais toutes nerveuses et vibrantes d’une immense impatience. » Scindant ces mains avec les personnages en frac ou en robe du soir, il arrive toutefois à cette femme de lever les yeux. Devant elle, un jeune dandy décavé, qui parie ses derniers francs-or. Il quitte le casino pour s’affaler sur un banc. La nuit ne fait que commencer. Pour notre héroïne, ce ne sera ni la Nuit de feu de Pascal, ni la Nuit obscure de saint Jean-de-la-Croix, mais tout de même un peu tout cela à la fois.
Un capital de sympathie l’a poussée vers le jeune Polonais. Quand, nous spectateurs, savons que Stefan Zweig a écrit « La Pitié dangereuse » , nous imaginons ce qui va se passer. Sauvant le garçon du suicide, elle loue pour lui, en tout bien tout honneur, une chambre dans un hôtel. La nature étant la plus forte, elle se retrouvera finalement au lit avec celui qu’elle considérait un peu comme son fils.
La nouvelle de Zweig est assez prude. Monique Beaufrère, qui a réglé la mise en scène, s’est cru autorisée d’ouvrir la porte de la chambre… En avait-elle le droit ? On peut se poser la question. Mais, que diable, on est au XXIe siècle, et dans le champ d’une expérience – du moins si l’on en croit le Docteur Freud ! Frédéric Therisod est de ce parti, lui, qui a endossé le costume de l’auteur. Il fait d’ailleurs illusion et on a l’impression d’avoir sous les yeux Zweig en personne, avec son immense sensibilité et ses fragilités. En retrait sur la scène, il annonce les événements, tout en y participant. Belle prestation de Martine Delor, qui est cette Mrs C… ! La nostalgie tempère sa sensualité, un brin incestueux. J’adore cet « entre deux » que partage Anthony Hornez. Son charme vénéneux, est-il dû à ses silences ou à cet accent d’Europe centrale qu’il adopte pour la circonstance ? Les bruitages sont suggestifs, comme le tressautement de la boule dans la cuvette. Ne manque que le « Rien ne va plus », du croupier ! Et, en effet, rien n’allait plus, car dans l’Europe des Zweig, des Schnitzler et des Thomas Mann, la Guerre s’annonçait. Elle fut terrible et ravageuse.
La belle Anglaise, qui fait irruption sur la scène, avec ce chic et cette élégance physique comme morale, ne se doute pas de ce qui l’attend. Corsetée dans ses principes et récemment veuve, elle erre naïvement dans les salles du casino de Monte-Carlo, passant d’une table à l’autre et avec le regard de l’entomologiste. Ce qui la passionne, ce sont les mains des joueurs, « les unes poilues comme des bêtes sauvages, les autres flexibles et luisantes comme des anguilles, mais toutes nerveuses et vibrantes d’une immense impatience. » Scindant ces mains avec les personnages en frac ou en robe du soir, il arrive toutefois à cette femme de lever les yeux. Devant elle, un jeune dandy décavé, qui parie ses derniers francs-or. Il quitte le casino pour s’affaler sur un banc. La nuit ne fait que commencer. Pour notre héroïne, ce ne sera ni la Nuit de feu de Pascal, ni la Nuit obscure de saint Jean-de-la-Croix, mais tout de même un peu tout cela à la fois.
Un capital de sympathie l’a poussée vers le jeune Polonais. Quand, nous spectateurs, savons que Stefan Zweig a écrit « La Pitié dangereuse » , nous imaginons ce qui va se passer. Sauvant le garçon du suicide, elle loue pour lui, en tout bien tout honneur, une chambre dans un hôtel. La nature étant la plus forte, elle se retrouvera finalement au lit avec celui qu’elle considérait un peu comme son fils.
La nouvelle de Zweig est assez prude. Monique Beaufrère, qui a réglé la mise en scène, s’est cru autorisée d’ouvrir la porte de la chambre… En avait-elle le droit ? On peut se poser la question. Mais, que diable, on est au XXIe siècle, et dans le champ d’une expérience – du moins si l’on en croit le Docteur Freud ! Frédéric Therisod est de ce parti, lui, qui a endossé le costume de l’auteur. Il fait d’ailleurs illusion et on a l’impression d’avoir sous les yeux Zweig en personne, avec son immense sensibilité et ses fragilités. En retrait sur la scène, il annonce les événements, tout en y participant. Belle prestation de Martine Delor, qui est cette Mrs C… ! La nostalgie tempère sa sensualité, un brin incestueux. J’adore cet « entre deux » que partage Anthony Hornez. Son charme vénéneux, est-il dû à ses silences ou à cet accent d’Europe centrale qu’il adopte pour la circonstance ? Les bruitages sont suggestifs, comme le tressautement de la boule dans la cuvette. Ne manque que le « Rien ne va plus », du croupier ! Et, en effet, rien n’allait plus, car dans l’Europe des Zweig, des Schnitzler et des Thomas Mann, la Guerre s’annonçait. Elle fut terrible et ravageuse.
Pierre Breant
30/12/2016
Reprise de la pièce en début d'année 2017
![Affiche](./index_files/bando-alaffiche.png)
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