Donya... Le bel Indifférent
de Jean Cocteau
Mise en scène de Hazem El Awadly
Avec Laura Lénac ou Kévin Commaille
Le sentiment amoureux et les tourments d'amour qu'il génère donne des frissons à celui qui se laisse envahir par l'osmose du texte de Cocteau avec notre propre vie.
Même s'il semble que le sujet de l'amour perde sa signification au jour d'aujourd'hui, mercantilisé, matérialisé jusqu'à la froideur absente d'émotion, il semble d'utilité publique que l’étendard amoureux reprenne le dessus sur la perversité des sentiments trop contemporaine.
Le Bel Indifférent s'en fait le chantre. Ecrit pour Edith Piaf et représenté pour la première fois en 1940 au Théâtre des Bouffes-Parisiens dans le décor de Christian Bérard. Paul Meurice donnait la réplique à Edith Piaf.
Il s’agit d’une courte pièce en monologue. Seul le personnage féminin parle. Un second personnage est en scène mais reste muet.
L'intrigue a lieu dans une « pauvre chambre d’hôtel ». Une chanteuse de caf’conce, de retour de son tour de chant, attend son homme, Emile, un « gigolo », très beau, qui n’est toujours pas rentré. A son arrivée, elle lui fait une scène de jalousie terrible, lui demande où il était et le couvre de reproches. Pendant toute la scène, l’homme lit son journal et ne répond pas. Tandis qu’elle dévide ce qu’elle a sur le cœur, se décidant enfin à parler, il s’endort. Puis il se lève et s’apprête à partir. Comprenant qu’elle est allée trop loin, elle menace de se tuer et l’assure qu’elle l’attendra toujours.
Inconditionnel de l'uvre de Jean Cocteau le metteur en scène Hazem El Awadly transpose l'uvre initiale en décidant de changer le genre des personnages. Ainsi le rôle titre de l'amoureux désespéré est tenu par un homme et l'autre rôle par une femme. Judicieux choix qui permet de donner au texte d'origine une essence bien plus universelle sur la dimension amoureuse ne la restreignant pas à la faiblesse trop machiste de voir le chagrin amoureux iconographié et immortalisé dans un rôle féminin comme si l'homme devait cacher avec pudeur une souffrance bien souvent analogue mais contenue en raison des codes de la société. Ne disait on pas d'ailleurs aux enfants dans les années 40 ou 50 : " Un garçon ne doit pas pleurer, ce sont les filles qui pleurent..." ?
Ce metteur en scène Égyptien a, une fois encore envie de tordre le cou aux situations normées en bon militant qu'il est de l'esthétique et de l'amour au delà des distinctions, aux delà des injustices au milieu d'un siècle qui se dit tolérant mais qui étiquette encore en parias ceux qui n'ont pas choisi les standards sexuels dans leur vie, en adaptant l'uvre de Cocteau tour à tour en version masculine puis en version féminine conforme au texte d'origine.
Un homme seul donc avec sa douleur dans cette version inhabituelle, un décor étrange, une musique familière dans la nuit … Une lumière vivante et secrète que la flamme des bougie rend hésitante comme le sentiment amoureux: voilà toute la magie éclairée sur l'amour sous le regard passionné du metteur en scène Hazem El Awadly.
Le disque est rayé … Inlassablement, la scène semble se répéter chaque soir. Est-elle réelle ou sommes-nous dans la tête de cet homme qui tente de reprendre le pouvoir sur lui-même, ou sur cette amante indifférente à son désespoir ? Lequel des deux est la poupée de l’autre ?
A la lecture de ce texte dense, ce qui ressort au premier plan est la solitude désespérée de cet homme délaissé qui soliloque face à une femme absente, murée dans son mutisme.
Et pourtant, à la fin de cette longue nuit, il est prêt à tout accepter pour qu'elle ne parte pas, prolongeant de ce fait cette spirale infernale.
Dans cet hymne à l'amour les mots de Jean Cocteau jaillissent, fusent, touchent. Kevin Commaille incarnant le rôle d'origine attribué à Edith Piaf , les fait vivre pour vous, et nous rapproche de ces deux légendes disparues, il y a un demi-siècle Cocteau et Piaf. Textes intemporels, chants d'amour perdus, le théâtre Nout peut s’enorgueillir d'avoir une fois de plus dans le choix d'un tel monument théâtral relevé le défi de l'adaptation comme thème de réflexion sur un sujet de fond sous tendu dans l'uvre de Cocteau et rendu discret pour des raisons d'accessibilité démocratique à un large public dans une langue simple et avec des personnages auxquels chacun peut s’identifier. De là où nous nous trouvons à présent transformé par une vision toute personnelle de l'uvre coctalienne, il nous est plus facile de philosopher sur le sujet et de s interroger de la sorte: Serions nous tous un peu un "Bel indifférent"?
Le Bel Indifférent s'en fait le chantre. Ecrit pour Edith Piaf et représenté pour la première fois en 1940 au Théâtre des Bouffes-Parisiens dans le décor de Christian Bérard. Paul Meurice donnait la réplique à Edith Piaf.
Il s’agit d’une courte pièce en monologue. Seul le personnage féminin parle. Un second personnage est en scène mais reste muet.
L'intrigue a lieu dans une « pauvre chambre d’hôtel ». Une chanteuse de caf’conce, de retour de son tour de chant, attend son homme, Emile, un « gigolo », très beau, qui n’est toujours pas rentré. A son arrivée, elle lui fait une scène de jalousie terrible, lui demande où il était et le couvre de reproches. Pendant toute la scène, l’homme lit son journal et ne répond pas. Tandis qu’elle dévide ce qu’elle a sur le cœur, se décidant enfin à parler, il s’endort. Puis il se lève et s’apprête à partir. Comprenant qu’elle est allée trop loin, elle menace de se tuer et l’assure qu’elle l’attendra toujours.
Inconditionnel de l'uvre de Jean Cocteau le metteur en scène Hazem El Awadly transpose l'uvre initiale en décidant de changer le genre des personnages. Ainsi le rôle titre de l'amoureux désespéré est tenu par un homme et l'autre rôle par une femme. Judicieux choix qui permet de donner au texte d'origine une essence bien plus universelle sur la dimension amoureuse ne la restreignant pas à la faiblesse trop machiste de voir le chagrin amoureux iconographié et immortalisé dans un rôle féminin comme si l'homme devait cacher avec pudeur une souffrance bien souvent analogue mais contenue en raison des codes de la société. Ne disait on pas d'ailleurs aux enfants dans les années 40 ou 50 : " Un garçon ne doit pas pleurer, ce sont les filles qui pleurent..." ?
Ce metteur en scène Égyptien a, une fois encore envie de tordre le cou aux situations normées en bon militant qu'il est de l'esthétique et de l'amour au delà des distinctions, aux delà des injustices au milieu d'un siècle qui se dit tolérant mais qui étiquette encore en parias ceux qui n'ont pas choisi les standards sexuels dans leur vie, en adaptant l'uvre de Cocteau tour à tour en version masculine puis en version féminine conforme au texte d'origine.
Un homme seul donc avec sa douleur dans cette version inhabituelle, un décor étrange, une musique familière dans la nuit … Une lumière vivante et secrète que la flamme des bougie rend hésitante comme le sentiment amoureux: voilà toute la magie éclairée sur l'amour sous le regard passionné du metteur en scène Hazem El Awadly.
Le disque est rayé … Inlassablement, la scène semble se répéter chaque soir. Est-elle réelle ou sommes-nous dans la tête de cet homme qui tente de reprendre le pouvoir sur lui-même, ou sur cette amante indifférente à son désespoir ? Lequel des deux est la poupée de l’autre ?
A la lecture de ce texte dense, ce qui ressort au premier plan est la solitude désespérée de cet homme délaissé qui soliloque face à une femme absente, murée dans son mutisme.
Et pourtant, à la fin de cette longue nuit, il est prêt à tout accepter pour qu'elle ne parte pas, prolongeant de ce fait cette spirale infernale.
Dans cet hymne à l'amour les mots de Jean Cocteau jaillissent, fusent, touchent. Kevin Commaille incarnant le rôle d'origine attribué à Edith Piaf , les fait vivre pour vous, et nous rapproche de ces deux légendes disparues, il y a un demi-siècle Cocteau et Piaf. Textes intemporels, chants d'amour perdus, le théâtre Nout peut s’enorgueillir d'avoir une fois de plus dans le choix d'un tel monument théâtral relevé le défi de l'adaptation comme thème de réflexion sur un sujet de fond sous tendu dans l'uvre de Cocteau et rendu discret pour des raisons d'accessibilité démocratique à un large public dans une langue simple et avec des personnages auxquels chacun peut s’identifier. De là où nous nous trouvons à présent transformé par une vision toute personnelle de l'uvre coctalienne, il nous est plus facile de philosopher sur le sujet et de s interroger de la sorte: Serions nous tous un peu un "Bel indifférent"?
Yves-Alexandre Julien
13/07/2015
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Mise en scène de Alain Illel
Ce spectacle est une invitation intimiste dans la vie de Juliette Gréco. On apprend que Juliette est danseuse avant d'être chanteuse et comédienne. Elle chante surtout à St Germain des Prés. C'est une muse entourée de Sartre, Simone de Beauvoir, Vian, Prévert, Piccoli, Mile...
L'avis de Geneviève Brissot
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