Gertrud
de Hjalmar Söderberg
Mise en scène de Jean-Pierre Baro
Avec Jacques Allaire, Cécile Coustillac, Elios Noël, Tonin Palazzotto, Michèle Simonnet
Jean-Pierre Baro aborde le thème de la rupture, aussi difficile soit-il, dans une mise en scène où la solitude côtoie le désespoir et les sentiments sombrent dans l'égarement. L'amour tient lieu du tragique, façon opéra de Puccini.
Gertrud, roman de Hjalmar Söderberg, est une œuvre majeure de la littérature suédoise. Méconnue dans l'hexagone, elle se révèle intense et magnifiée dans l'adaptation de Jean-Pierre Baro sur la scène du Théâtre Monfort. En cette fin d'année, Gertrud s'avère être une excellente pièce, une découverte à bien des titres, à inscrire en lettres caroline sur le panthéon du théâtre.
Gertrud, cantatrice, partage sa vie avec un avocat dont la renommée s'entend au-delà de son cabinet d'affaires. Promu à un poste de ministre, il manifeste un engouement de première heure à Gertrud. L'arrivisme de son mari la dérange et ainsi, n'hésite-t-elle pas, le moment opportun, de lui annoncer sa volonté de le quitter. Quelque peu bouleversé par cette nouvelle inattendue, il tente de la retenir. Gertrud s'éprend d'un musicien rencontré lors d'un concert. Une attirance obsessionnelle va s'opérer entre les deux êtres jusqu'à créer un fantasme co-existentiel. Une débauche d'amour qui accouchera de sentiments inattendus. Le retour d'un ami intime du mari dans la ville va provoquer un nouveau désordre affectif dans la vie, aussi mouvementée soit-elle, de Gertrud.
Le roman de Hjalmar Söderberg, une quête de l'amour qui puise la profondeur des sentiments de trois hommes, aux personnalités très distinctes, pour la même femme, Gertrud. Cantatrice, sa vie ressemble à une étreinte artistique confondue en une passion pour l'opéra et pour les hommes. Son cœur vibre des résonnances d'une musique jouée par les plaisirs et les attentes de l'amour. En la scène, elle libère à pleins poumons le lyrisme d'un livret d'opéra. Ailleurs, elle regarde sa vie défilée comme un paysage peuplé de regrets, de mélancolie, de désirs taris par la perte prématurée de son fils.
Cécile Coustillac rentre de corps dans le personnage de Gertrud, elle lui restitue l'esthétique exigée dans le texte de Söderberg. A savoir, Gertrud refuse d'engager son amour et sa personne tant qu'elle n'aura pas trouvé l'objet masculin de sa quête, auquel elle donnera son amour, son absolu. Cécile Coustillac met à nu une femme dont le quotidien s'égare dans une solitude désespérée. Bien qu'éprise par trois hommes, elle témoigne retenue et compassion, désir et jouissance, souvenir et adieu à chacun d'entre eux. Cécile Coustillac est simplement belle et impressionnante dans l'interprétation de Gertrud.
Tonin Palazzotto, le mari de Gertrud, incarne un homme avide de pouvoir. Il a la faconde des gens qui inspirent confiance et montrent une assurance infaillible. Les apparences sont tronquées par une fragilité intérieure qui s'élargit au fur et à mesure que Gertrud reprend sa liberté. Les cigarettes, l'alcool, le poste de ministre ne suffiront pas à boucher les fissures car le temps lui a ôté cette femme qu'il a aimé. La concernant, qu'en a-t-il été ? Tonin Palazzotto, un rôle taillé XXL pour cet excellent comédien.
Elios Noël interprète un musicien qui se joue de l'amour de Gertrud. Artiste dans l'âme, bohême dans la vie, son ambition est de coucher Gertrud à la liste des femmes d'une nuit, lesquelles ont espéré fantasmer des jours durant à ses côtés. Elles se sont trompées de partition, Gertrud aussi. Elios Noël, une belle présence dans cette pièce.
Jacques Allaire, le vieil amant fête ses cinquante ans à l'occasion de son retour dans la ville. Un retour d'âge qui aura pour conséquence un départ précipité car Gertrud ne le suivra pas dans la maison blanche aux volets bleus sise en bord de mer. Un rôle majeur et convaincant dans le déroulé de la représentation.
Michèle Simonnet, dans le rôle de la mère du mari de Gertrud, intervient dans la pièce avec la désinvolture d'une jeune fille de vingt ans. Une présence subtile et touchante.
La scénographie de Mathieu Lorry Dupuy, l'alliance de l'intrigue et de la subtilité. Une exaltation de tous les instants à laquelle il convient d'associer les lumières de Bruno Brinas. Les costumes de Magali Murbach, le prêt-à-porter théâtral souligné de l'élégance des tenues choisies, lesquelles s'adaptent à l'exigence de la mise en scène et à l'évolution de la pièce.
La réalisation de Jean-Pierre Baro, une mise en mouvement sur la réflexion de l'amour. Le texte date de 1906, une époque qui coïncide avec la naissance de nouveaux courants artistiques littéraires et picturaux. Lesquels créent une dynamique dans une Europe bouleversée par l'essor industriel, économique et social. Si les hommes conservent leur autorité, les femmes commencent à s'amuser et à s'exprimer librement. Le romantisme n'est plus d'actualité, le lissage social est une vaine apparence dans les milieux aisés. Corruptions et débauches mènent bon train pour qui veut arriver à ses fins. La mise en scène de Baro conserve l'essence d'esprit de Soderberg. Il lui insuffle un vent nouveau qui se traduit par une émotion forte partagée par les comédiens, un érotisme qui se retrouve dans la sensualité mêlée au drame, une intensité qui dissimule des solitudes présentes. Le spectacle est traversé par les codes du théâtre, façon Jean-Pierre Baro.
Gertrud, en un mot, un ensemble artistique accompli et théâtralement exceptionnel.
Gertrud, cantatrice, partage sa vie avec un avocat dont la renommée s'entend au-delà de son cabinet d'affaires. Promu à un poste de ministre, il manifeste un engouement de première heure à Gertrud. L'arrivisme de son mari la dérange et ainsi, n'hésite-t-elle pas, le moment opportun, de lui annoncer sa volonté de le quitter. Quelque peu bouleversé par cette nouvelle inattendue, il tente de la retenir. Gertrud s'éprend d'un musicien rencontré lors d'un concert. Une attirance obsessionnelle va s'opérer entre les deux êtres jusqu'à créer un fantasme co-existentiel. Une débauche d'amour qui accouchera de sentiments inattendus. Le retour d'un ami intime du mari dans la ville va provoquer un nouveau désordre affectif dans la vie, aussi mouvementée soit-elle, de Gertrud.
Le roman de Hjalmar Söderberg, une quête de l'amour qui puise la profondeur des sentiments de trois hommes, aux personnalités très distinctes, pour la même femme, Gertrud. Cantatrice, sa vie ressemble à une étreinte artistique confondue en une passion pour l'opéra et pour les hommes. Son cœur vibre des résonnances d'une musique jouée par les plaisirs et les attentes de l'amour. En la scène, elle libère à pleins poumons le lyrisme d'un livret d'opéra. Ailleurs, elle regarde sa vie défilée comme un paysage peuplé de regrets, de mélancolie, de désirs taris par la perte prématurée de son fils.
Cécile Coustillac rentre de corps dans le personnage de Gertrud, elle lui restitue l'esthétique exigée dans le texte de Söderberg. A savoir, Gertrud refuse d'engager son amour et sa personne tant qu'elle n'aura pas trouvé l'objet masculin de sa quête, auquel elle donnera son amour, son absolu. Cécile Coustillac met à nu une femme dont le quotidien s'égare dans une solitude désespérée. Bien qu'éprise par trois hommes, elle témoigne retenue et compassion, désir et jouissance, souvenir et adieu à chacun d'entre eux. Cécile Coustillac est simplement belle et impressionnante dans l'interprétation de Gertrud.
Tonin Palazzotto, le mari de Gertrud, incarne un homme avide de pouvoir. Il a la faconde des gens qui inspirent confiance et montrent une assurance infaillible. Les apparences sont tronquées par une fragilité intérieure qui s'élargit au fur et à mesure que Gertrud reprend sa liberté. Les cigarettes, l'alcool, le poste de ministre ne suffiront pas à boucher les fissures car le temps lui a ôté cette femme qu'il a aimé. La concernant, qu'en a-t-il été ? Tonin Palazzotto, un rôle taillé XXL pour cet excellent comédien.
Elios Noël interprète un musicien qui se joue de l'amour de Gertrud. Artiste dans l'âme, bohême dans la vie, son ambition est de coucher Gertrud à la liste des femmes d'une nuit, lesquelles ont espéré fantasmer des jours durant à ses côtés. Elles se sont trompées de partition, Gertrud aussi. Elios Noël, une belle présence dans cette pièce.
Jacques Allaire, le vieil amant fête ses cinquante ans à l'occasion de son retour dans la ville. Un retour d'âge qui aura pour conséquence un départ précipité car Gertrud ne le suivra pas dans la maison blanche aux volets bleus sise en bord de mer. Un rôle majeur et convaincant dans le déroulé de la représentation.
Michèle Simonnet, dans le rôle de la mère du mari de Gertrud, intervient dans la pièce avec la désinvolture d'une jeune fille de vingt ans. Une présence subtile et touchante.
La scénographie de Mathieu Lorry Dupuy, l'alliance de l'intrigue et de la subtilité. Une exaltation de tous les instants à laquelle il convient d'associer les lumières de Bruno Brinas. Les costumes de Magali Murbach, le prêt-à-porter théâtral souligné de l'élégance des tenues choisies, lesquelles s'adaptent à l'exigence de la mise en scène et à l'évolution de la pièce.
La réalisation de Jean-Pierre Baro, une mise en mouvement sur la réflexion de l'amour. Le texte date de 1906, une époque qui coïncide avec la naissance de nouveaux courants artistiques littéraires et picturaux. Lesquels créent une dynamique dans une Europe bouleversée par l'essor industriel, économique et social. Si les hommes conservent leur autorité, les femmes commencent à s'amuser et à s'exprimer librement. Le romantisme n'est plus d'actualité, le lissage social est une vaine apparence dans les milieux aisés. Corruptions et débauches mènent bon train pour qui veut arriver à ses fins. La mise en scène de Baro conserve l'essence d'esprit de Soderberg. Il lui insuffle un vent nouveau qui se traduit par une émotion forte partagée par les comédiens, un érotisme qui se retrouve dans la sensualité mêlée au drame, une intensité qui dissimule des solitudes présentes. Le spectacle est traversé par les codes du théâtre, façon Jean-Pierre Baro.
Gertrud, en un mot, un ensemble artistique accompli et théâtralement exceptionnel.
Philippe Delhumeau
11/12/2014
AVIGNON
Pierre de Lune
Mise en scène de Laurent Montel
Une histoire d'amour banale, comme il peut en exister tous les jours. Un homme remarque une jeune femme et en tombe amoureux. Elle Anna, tient un journal quotidien. Lui, Nicolas est fou amoureux C'est une histoire vraiment banale. Mais comme un train qui en cache un autre, et bien...
L'avis de Geneviève Brissot
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