Le théâtre de l’Aktéon, un réservoir de jeunes comédiens, des scènes ouvertes à la création, du théâtre digne du spectacle vivant. Chez Maud Ferrer, il fait bon se poser le temps d’une soirée dans sa petite salle ô combien conviviale, laquelle libère l’inspiration et insuffle un regard novateur sur le théâtre de demain.
Toujours surpris, jamais déçu, preuve en est avec cette création de Florence Fauquet et de Chloé Lasne. En 2012, elles intègrent la classe libre du Cours Florent, l’une et l’autre approfondissent leur formation théâtrale en s’investissant dans des répertoires classiques et contemporains. Choisies pour interpréter un travail d’école sur Richard III, Florence et Chloé se font remarquer dans un duo où grimées en Pierrot lunaire, elles se glissent dans la gestuelle du Mime Marceau.br>
Le talent n’attend le nombre des années, l’idée de construire un spectacle les émoustille, une dynamique s’engage, Si Richard Si naît de cette double influence. La voix-off de Pierre-Yves Bon s’élève et répète à maintes reprises : "Un cheval ! Mon royaume pour un cheval !". Le spectre du machiavélique Richard III se devine derrière ce message. Un monstre avide de pouvoir prêt à commettre l’irréparable pour accéder à la couronne d’Angleterre. Aussi sanguinaire qu’imprévisible, ne décide-t-il pas d’enrôler deux meurtriers pour tuer Clarence, prochain prétendant au trône.
La représentation débute par un numéro centré autour du Mime Marceau, lequel s’articule avec deux personnages maquillés en Pierrot lunaire. La réplique de la gestuelle est élégante et respecte scrupuleusement la lecture de l’art du mime créé en 1947 par Marcel Mangel (plus connu sous le nom de Marcel Marceau, dit le Mime Marceau). La performance réalisée par le duo d’artistes se regarde avec les yeux d’un enfant, imaginaire rime avec poésie et surprise avec émerveillement.
L’ambiance prend vie au contact des deux comédiennes, la synchronisation des deux Pierrots lunaires mue vers un burlesque mêlé d’ingéniosité et de liberté. La mutualisation des énergies apporte un sentiment d’ivresse dû à l’émergence de mises en situation inattendues, lesquelles se succèdent à un rythme effréné.Florence Fauquet et Chloé Lasne misent sur l’accessibilité des codes du théâtre. Le texte est écrit comme une partition qui extrait et introduit le mouvement au corps du spectacle. A l’élégance de leur interprétation respective, il convient de préciser la subtilité du rapport entre elles qui s’établit par des jeux de regards humbles et sincères. La scène épurée de tout élément extérieur permet une liberté d’évolution propice à l’imaginaire et à la fuite du présent.
Si Richard Si, une création qui fait cohabiter la pluridisciplinarité artistique de façon simple et récréative. Florence Fauquet et Chloé Lasne, l’art vivant servi par deux jeunes artistes inspirées qui au-delà de la pièce, posent la réflexion sur les travers de l’homme installé sur le parvis du pouvoir.