La Valse du hasard
de Victor Haïm
Mise en scène de Frédéric Houessinon
Avec Fleur Abot, Frédéric Houessinon
Thriller au purgatoire
A 4 h du matin, une femme saoule roule à 220 km/h dans le brouillard. Et elle ne récolte ni amende ni retraits de points sur son permis. Oh non mais dis donc, c'est injuste. Oui. Sauf qu'elle en meurt. (Note morale, en passant, cher lecteur : vois comme le volant peut rendre encore plus idiots les crétins : pour les chauffards, le risque de perdre de l'argent et des points est plus dissuasif que le risque de perdre la vie, un bras, un pied... ou un bout de cerveau comme cette alcoolo du dimanche.)Alors la femme arrive au purgatoire. Où commence un drôle d'interrogatoire parfois même très drôle (vous connaissez ce diable d'Haïm). Questions d'ange. Au début, c'est facile et amusant. Auquel le spectateur se prend aussi vite au jeu que la belle trépassée, et aussi joyeusement. Charmant, cet ange. Valse souriante. Il donne des points, et des points. Si simples les questions, si limpides les réponses. Comme à la télé. Sauf que le prix, c'est l'éternité au paradis. Pour 100 points, c'est gagné. A 99 points, t'as plus rien : l'enfer.Sauf que l'ange se met à en retirer, des points. Comme ça, comme au hasard. Pas de règle précise. C'est flou. Que me veut-il ? Parler de soi en évitant les lieux communs, semble-t-il. Ce ne sont pas les péchés qui comptent mais la façon dont tu les racontes. Tu parles, tu gagnes, tu parles, tu perds. Tu parles d'une règle. Rien que de l'arbitraire. Pire que sur la Terre. L'Injustice du Pouvoir. Pire que la vie, car tu n'as même plus la mort pour t'en sortir. De charmante, la pièce devient grinçante puis de plus en plus noire. Bas les masques, semble exiger l'ange, tantôt aimant et caressant, tantôt écrasant et féroce. Et la femme s'y mue, quitte ses mensonges, le voudrait.Jouer sa peau, c'est déjà pas mal. Jouer son âme, pourquoi pas ? Et si Victor Haïm avait raison ? Sa vision du monde de l'au-delà n'est pas plus farfelue qu'une autre, au contraire. L'Univers se révèle partout cruel (un big bang n'est pas la façon la plus élégante de venir au monde), pourquoi, s'il déchire corps et atomes, astres et dinosaures, se soucierait-il tout à coup de la beauté des âmes ? Parce qu'on est mort ? Allez les âmes, à l'aléatoire, comme tout le monde, les Justes seront parfois punis et les Méchants pourront aller au Paradis. Bas les masques, la Valse du hasard est un thriller.Et que dansent très bien les deux comédiens. Avec une énergie étonnante. Où se vérifie une fois de plus la formule théâtrale : E = MI2 où M exprime la distance du théâtre au Métro parisien et I au carré, une Inconnue compagnie dans un Inconnu théâtre - encore selon le point de vue des petits-bourgeois parisiens (pas toi, ô non pas toi, vas-y, prouve-le moi, prouve-le-toi, pas toi) pour qui le périphérique est un cercle de Dante.La palette de jeu de Fleur Abot est riche, précise colorée. Hiératique et glacée, cette femme, ou sensuelle, effrayée, pitoyable, adorable, mielleuse, naïve, perfide, délicieuse, aimante. Ah mais jusqu'où irais-tu pour te gagner le bon Dieu ? Elle y va. Frédéric Houessinon, l'ange noir, est partout à la fois, se remue comme un beau diable (pardonne-moi ces métaphores communes, lecteur, ou enlève-moi des points, mais tu le verras littéralement mouiller sa chemise pour toi), pris entre ses désirs interdits et... eh oui, triste découverte, même les anges ont un SurMoi.Tous deux s'impliquent à fond, dans une mise en scène bien calculée (bravo les lumières et les musiques !) et bien rythmée (parfois un petit peu trop agitée) de Houessinon.Au final, un vrai spectacle de pro (mais qui n'y laisse pas son âme), comme tu nous pries de t'en trouver, Saint Lecteur, et dont tu te rappelleras à chaque enterrement, ce qui te fera passer plus d'un excellent moment. Donc recueille-toi (et ton invité) à la porte de la Chapelle, et puis c'est tout droit, mais sois prudent, mon ange, j'ai encore besoin de tes points. Auprès de Dieu le Rédacteur-en-chef. De nos vies ?
Philippe Dohy
07/01/2004
AVIGNON
L'ORIFLAMME
Mise en scène de Christophe Guichet
François, la trentaine, est employé de banque à la vie monotone : chemise blanche, costume, cravate, docile, discret, toujours à l'heure. Un jour, il s'aperçoit ne plus croiser son voisin de palier, Arno. La mère d'Arno, vivant en province, finit par appeler François et lui...
L'avis de Jeanne-Marie Guillou
L'ORIFLAMME
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LA DANSE DU POISSON
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AVIGNON
Théâtre des Corps Saints
Madame Bovary en plus drôle et moins long
de Camille Broquet,marion Pouvreau
Mise en scène de Edward Decesari
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