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L'Assemblée des femmes
de Aristophane, May Bouhada
Mise en scène de Mylène Bonnet
Avec Louiza Bentoumi, Emmanuel Fumeron, Cécile Lehn, Patrick Paroux, Valérie Puech, Diana Sakalauskaité, Chantal Trichet
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Du 22/03/2013 au 21/04/2013
La Cartoucherie - Théâtre de la Tempête
Route du Champ de Manoeuvre
75012 PARIS
Métro Château de Vincennes
01 43 28 36 36
Site Internet
Quand les femmes se décident de porter la culotte des hommes, la Cité mue en un joyeux désordre.
"Les femmes n'ont pas tort du tout quand elles refusent les règles"... C'est dans la nature des choses. "... de vie qui sont introduites"... Les hommes poussent la toison pour s'introduire, "au monde, d'autant que ce sont les hommes qui les ont faites sans elles." Clin d'il à une maxime de Montaigne revue et corrigée pour l'adaptation libre de May Bouhada dans L'Assemblée des femmes d'Aristophane.Aristophane se démarquait de ses "contemporains" avec ses écrits à la croisée d'une philosophie sociale rieuse et d'une forme de comédie provocatrice. Visionnaire moderne d'une Athènes antique baignée par les fondements des hommes, il étala sur la place publique ses revendications calligraphiées sur le parchemin. Pour enfreindre les idées reçues, il remédia à calmer les sages en employant le ridicule de situation. Une clé, le rire. L'Assemblée des femmes ainsi mise en scène par Mylène Bonnet en témoigne.Aux aurores, un groupe de femmes, voisines et amies, se retrouvent en toute discrétion. Vêtues des habits de leurs maris dérobés à la hâte, elles décident, comme un seul homme, de se rendre à l’assemblée pour revendiquer la cause des femmes. Il est grand temps que des "hommes" élèvent le débat en exigeant que les femmes exercent des responsabilités au même titre qu'eux.Si Aristophane s’était appelé Aristophame, la Cité athénienne aurait continué de vivre des jours heureux à l’ombre des colonnes du Parthénon. L’Assemblée des femmes, c’est un peu la rencontre improbable d’Ulysse et des Drôles de dames. Le valeureux héros revient de la Guerre de Troie pour chausser ses charentaises, les Drôles de dames jouent aux femmes au foyer en fomentant un plan d’attaque pour investir l’assemblée.Le décor, un ensemble hétéroclite de palettes disposées en tribune, des tôles maquillant une cabane, un "trône" sans chasse posé ici, des poussettes d’enfants sans enfant, un bac à gravillons qui occupe le centre du plateau. Bazard organisé où des femmes manuvrent à un désuvrement voulu.De l’énergie, elles en consomment jusqu'à plus faim d’hommes quand il est question de libéraliser les relations sexuelles. Les hommes de belle corpulence devront d’abord se satisfaire avec les plus laides, les plus âgées et ensuite, ils pourront pénétrer les filles et les femmes les plus attirantes.La notion de foyer sera amenée à disparaître, clin d’il au communisme antique avec la question du partage. Les richesses feront profits à tout le monde et les misères aussi. Aristophane voyait loin, très loin en anticipant une forme de néo-libéralisme politique et social. Les hommes n’ont qu’à bien se tenir, si les femmes sortent du rang, c’est pour prouver qu'elles peuvent prendre part au débat public, avant d’être prise en ébat privé.Mylène Bonnet utilise toutes les ressources nécessaires pour actualiser L’Assemblée des femmes qui date de 392 avant Jésus-Christ. Elle mise sur la mixité du jeu des comédiennes qui déroulent leur personnage à visage découvert. Le masque des femmes fond comme fard sous lampe solaire, le désir de pouvoir les excite à déclencher une jouissance collective.Le contrat social est rompu, le contrat moral est corrompu. Aristophane a créé le premier mouvement féministe dans cette comédie qui fait rire blanc les nymphettes plus ou moins fraîches et fait rire rouge les législateurs.Bien qu'ayant librement adapté la pièce originale, May Bouhada n’a pas pour autant occulté les grandes lignes évocatrices du système en déclin exprimé par Aristophane. Aux grandes causes, les grands effets, c’est la raison pour laquelle les femmes sont en marche. Louiza Bentoumi, Cécile Lehn, Valérie Puech, Diana Sakalauskaité et Chantal Trichet avancent dans le sens de la marche. Machinalement, cela fonctionne plutôt bien, le public est réceptif aux allusions prêtant à esquisser un sourire et dessiner un rire.Le rapport de force à sexe opposé ne se mesure pas à une érection spontanée, mais à la critique de l’éloge des femmes.
Philippe Delhumeau
31/03/2013
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