A Puerta Cerrada
de Jean-Paul Sartre (d'après Huis-Clos)
Mise en scène de Serge Nicolaï
Avec Maday Méndez, Josefina Pieres, Franz David Toro, Daniel Cabot
Un huis clos intense et profond, une réflexion sur l'être humain, son identité et son rapport aux autres. L'enfer est loin d'être la vision biblique d'un gouffre brûlant et hurlant, il est bien plus proche que l'on ne le croit.
2009 marque l'année de la rencontre entre Serge Nicolaï, comédien au théâtre du Soleil, et Claudio Tolcachir, directeur du Teatro Timbre 4 à Buenos Aires. De cet échange entre Serge Nicolaï et la troupe de Timbre 4, naît l'envie d'une collaboration, d'une création, l'envie de travailler ensemble, de mélanger les connaissances et les cultures.Pour Nicolaï, l'idée de travailler sur le texte Huis-Clos de Sartre est immédiate. Cette nouvelle création s'effectuera en plusieurs étapes. Premièrement par un stage organisé en septembre 2011 sur le texte de Jean-Paul Sartre ; puis, de ce travail découlera l'envie de concrétiser et de monter la pièce. A Puerta Cerrada, adaptation espagnole de l'uvre Huis-Clos de Jean-Paul Sartre, voit le jour au mois de mars 2012 à Buenos Aires. S'en suit une tournée depuis juillet 2012, en Espagne et en France.Trois personnages, qui ne se connaissent pas, se retrouvent enfermés après leur mort dans une pièce vide. Purgatoire, enfer, paradis ? Cet homme et ces deux femmes, qu'a priori rien ne lie, ont désormais l'éternité pour se découvrir, se mettre à nu. A partir de cet instant, l'éternité et aucune échappatoire. L'occasion de faire le point sur leur vie passée et, pourquoi pas, de se libérer de la souffrance des faiblesses humaines.Sartre écrivit Huis-Clos à la fin de l'année 1943 lorsque la France était occupée. Un texte fort et dérangeant sur l'Homme, ses vanités, ses souffrances, ses faiblesses, ses travers, ses côtés sombres et inavouables. C'est au pied du mur que les personnes révèlent leur véritable nature. Sartre propose ici une interrogation sur l'être humain, ses motivations, ses secrets, qui il est réellement et ce qu'il veut être aux yeux des autres. La notion de l'autre est primordiale. "L'enfer c'est les autres", affirme l'auteur. Mais l'enfer est celui que l'on se crée, dans l'importance que l'on donne à l'autre et à son jugement sur soi-même et ses actes. Ses trois protagonistes (triptyque) n'ont à première vue rien en commun et aucun lien spécifique. Et pourtant, ce n'est certainement pas le fruit du hasard s'ils se retrouvent enfermés pour l'éternité ensemble. Au fur et à mesure qu'ils se dévoilent, ils se rendent compte qu'ils sont liés. "Le bourreau c'est chacun de nous pour les deux autres." Un homme à femme qui se soucie du qu'en-dira-t-on, une superbe créature qui ne peut vivre que dans le désir des hommes et une femme aimant les femmes qui se nourrit du malheur des autres. Un trio à la composition parfaite, dont l'équilibre n'a de cesse de faire pencher la balance en faveur de l'un ou de l'autre sans jamais s'arrêter. A partir de cet instant, ils ont la fin des temps pour jouer à ce petit jeu pervers, sadique et douloureux sans espoir de répit ou de rédemption.A un texte si fort, ils fallait des comédiens à la mesure des mots et des enjeux du génie de l'auteur. Aux dires de Serge Nicolaï, travailler cette pièce avec des acteurs argentins offre un rapport au jeu plus intense, "la recherche d'une vérité de jeu dans une forme non classique, qui réponde à leur désir de modernité. Ils expriment en effet avec force une véritable envie de théâtre "nouveau", écho de leur désir de progression au sein d'une société meurtrie par des années de politiques noires".Afin de faire resurgir toute la force et l'intensité des comédiens, le plateau est dépouillé, à l'exception de trois chaises. Les trois places de chacun des protagonistes, offrent plusieurs niveaux de jeu. Une boite grise donc, avec une porte fermée de l'extérieur rendant toute évasion impossible et une sonnette capricieuse, comble de la torture. Ce plateau épuré permet également une plus grande visibilité aux sur-titres, car la pièce est en espagnol. Des sur-titres pas toujours faciles à lire. Le débit des comédiens est rapide et le texte conséquent. Les mots sont, avec l'interprétation des comédiens, le point central de la pièce. Avec une technique encore fraîche, certaines traductions sautent et la rapidité du rythme ne permet pas toujours de lire le passage dans son intégralité. Un peu gênant.Au Théâtre du Soleil depuis 1997, Serge Nicolaï travaille depuis plus de quinze ans en musique sous le regard et l'oreille attentive de Jean-Jacques Lemêtren un compositeur et musicien de talent. Serge Nicolaï a de nouveau fait appel à ce maître de la musique pour la composition musicale de A Puerta Cerrada. Depuis le commencement de la création, Jean-Jacques Lemêtre est présent, accompagnant, portant, donnant vie à cette vibration musicale que chaque comédien apporte sur scène. Les musiques sont différentes et propres à chacun. Lors de leurs souvenirs, de leurs visions, de leurs doutes et de leurs angoisses. la bande son fait écho au vécu des personnages. A cela, s'ajoute une sorte de vibration profonde et lancinante, comme le bruit d'un ventilateur au loin ou d'un générateur électrique, et qui résonne dans cette pièce où est enfermé le trio, évoquant l'antichambre d'une salle de torture. Ce bruit en sourdine, à l'image de diverses tortures japonaises, rajoute à l'horreur de la situation et à la montée de la folie qui en résulte.Une montée parfaitement orchestrée dans la mise en scène et dans la direction d'acteur. Le rythme est crescendo sans accro ni fausse note. Chaque personnage à son moment particulier, dans un équilibre parfait. Le rythme nous emmène doucement mais sûrement et nous scotche littéralement. Un peu comme dans un manège à sensations, on monte doucement, avant une descente fulgurante. Le spectateur est vissé sur son siège, les yeux grands ouverts, avec le cur qui palpite et des frissons parcourant tout le corps. Ces sensations, on les doit notamment à l'interprétation des comédiens et surtout à leur sincérité. Le corps va à l'essentiel, l'écoute est omniprésente, les comédiens se connaissent et n'ont pas peur d'expérimenter, de se tester, de chercher encore et toujours pour aller plus en profondeur dans la vie de leur personnage. Maday Mendez et Josefina Pieres, en plus d'être ravissantes, sont on ne peut plus vraies, fortes, puissantes et intenses dans la composition de leurs personnages. Seul bémol pour les trois comédiens, leur tendance à beaucoup crier. L'espagnol est une langue forte et de caractère, l'action plonge les comédiens dans un tourbillon de folie et de douleur, mais autant de cris, ce n'est jamais très agréable.Le moins que l'on puisse dire, c'est que A Puerta Cerrada est une version réussie du Huis-Clos de Jean-Paul Sartre. L'équipe apporte une profondeur et une dimension contemporaine à l'uvre. On en ressort tout groggy !
Cyriel Tardivel
27/02/2013
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