Le Quai des oubliés est un poème en mouvement au cours duquel quatre personnages un peu perdus se rencontrent, se frôlent, se touchent, se désirent, se disputent ou se consolent. Peu de mots et peu de dialogues ; dans ce spectacle, c'est le langage du corps et des regards qui parle sous les notes du violoncelle de Revaz Matchabeli...Sur un quai de gare, des voyageurs arrivent et s'installent sur leur valise. Des trains passent sans s'arrêter. Dans le bruit des vieilles locomotives, nos personnages s'affolent puis reviennent à leur place, à leur valise, comme s'il n'était pas permis de sortir de soi. Un cheminot annonce qu'il y a un "problème". Une gare fantôme pour des trains fantômes ? Mais les voyageurs restent là. Dans cette attente, que faire ? Comment sortir de la solitude et briser la coquille dans laquelle on se renferme ? Comment aller vers l'autre ? Dans une chorégraphie aussi burlesque que subtile, ces quatre perdus s'animent et ainsi, se rencontrent.Assis à l'intérieur d'un abris du quai de gare, ils déballent leurs bagages et aménagent l'endroit. Ce lieu froid, devient alors une place chaleureuse : une petite table grâce à l'empilement de quelques valises, la lumière d'une lampe de chevet, quelques tissus colorés et un jeu de cartes pour jouer, ou plus précisément "jouer à vivre", écrit le metteur en scène, Igor. Prendre le train n'est plus ce qui importe, étaient-ils d'ailleurs vraiment là pour ça ? Finalement, ces quatre perdus n'avaient-ils pas tout simplement envie de rencontrer d'autres personnes pour sortir de leur solitude ?De beaux tableaux se construisent et se déconstruisent, tout comme ces relations éphémères auxquelles s'attachent nos personnages. Les attitudes clownesques, dans des situations tant burlesques que poétiques, nous conduisent vers différentes émotions, du rire à la tendresse.