Le mot est à la mode ; à tel point que l’on ne parle plus que de cela. Chaque matin, chaque midi, chaque soir des sept jours de la semaine, c’est la crise qui est le sujet principal dans les journaux et débats. Pourtant, la solution pour éviter la morosité ambiante que la baisse du pouvoir d’achat engendre existe, et est à portée de main pour toute personne habitant la région parisienne. Le remède contre la déprime consiste à fréquenter un lieu miracle, tout près de la place de la Nation. Ce lieu est le Théâtre Marsoulan.La Vie parisienne de Jacques Offenbach y est actuellement à l’affiche, et il suffit d’assister à une seule représentation pour retrouver une joie de vivre égale à celle du Brésilien qui revient de Rio de Janeiro de l’or plein les poches ! Le plus célèbre des opéras bouffes du petit Mozart des Champs-Elysées ne se contente pas d’être une machine à tubes tous plus délicieux et entraînant les uns que les autres, c’est aussi tout une dramaturgie remarquable, une comédie où la conquête de la joie – celle des personnages, et à travers eux, celles du spectateur – est l’obsession permanente.Signaler toutes les qualités de la mise en scène d’Anthony Michineau aboutirait à une liste "à perdre haleine", tellement elles sont nombreuses, contentons-nous donc d’en évoquer les principales. Le premier point à mettre en avant est la simplicité et l’efficacité avec laquelle l’histoire est mise en avant. L’adaptation de l’œuvre est remarquable d’intelligence et d’efficacité, ce qui permet à tout le public d’y entrer de plein fouet et, n’ayons pas peur des mots, "de s’en fourrer jusque là" ! Le travail sur les décors est très ingénieux : les trois changements de décors sont autant de moments de surprise et rend le spectacle d’autant plus dynamique.Est-ce une production aux moyens limités ? On pourrait le croire, étant donné le lieu exigu (comparé aux grandes maisons d’opéra) où elle est représentée. Mais à en visionner le résultat proposé, cette impression d’économie de moyens disparaît aussitôt. Même remarque pour les costumes pour lesquels, vu le résultat brillant et varié, l’on ne semble guère avoir lésiné. Dans la scène des déguisements, c’est un véritable défilé de mode carnavalesque auquel nous assistons.Il ne suffirait plus que les interprètes soient à la hauteur pour que la soirée soit parfaite. Ils sont plus que cela, ils sont extraordinaires : ils jouent, ils chantent, ils dansent et mettent toute leur technique à disposition de cette soirée humorico-lyrique pour que celle-ci se transforme en véritable festival d’allégresse !Espérons que notre gouvernement, le G20, le fonds monétaire international, Moody’s, Standard & Poor’s, reçoivent ce message cinq sur cinq, et qu’ils s’empressent de pousser les portes du théâtre Marsoulan afin d’assister à une représentation de cette Vie antidépressive...