




Regardez mais ne touchez pas !
de Théophile Gautier
Mise en scène de Jean-Claude Penchenat
Avec Paul Marchadier, Damien Roussineau, Alexis Perret, Samuel Bonnafil, Flore Gandiol, Chloé Donn, Jeanne Gogny (en alternance), Judith Margolin, Sarah Bensoussan (en alternance)
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Jusqu'au 20/01/2013
Du mardi au samedi à 21h30, dimanche à 17h.
Lucernaire
53 Rue Notre-Dame des Champs
75006 PARIS
Métro Vavin, Notre-Dame des Champs, Montparnasse Bienvenüe
01 45 44 57 34
La reine intouchable d’un Théophile Gautier retrouvé
Regardez mais ne touchez pas est une pièce écrite en 1847 c'est-à-dire sept ans environ après le voyage de Théophile Gautier en Espagne certainement influencé d’une part par Hugo à la lecture de son recueil de poésie Les Orientales, et d’autre part par Alfred de Musset à travers Les Contes d’Espagne et d’Italie. Ce voyage en Espagne toujours marqué par une authenticité du dire sera à l’origine de carnets d’impression du même nom et fera naître cette pièce que nous redécouvrons aujourd’hui avec joie comme si Gautier écrivait toujours. Une sorte de résurrection qui donne aux comédiens, au metteur en scène comme au public l’occasion de savourer un théâtre surprenant, vigoureux et inédit.Le synopsis de cette belle toile scénique nous rappelle le protocole royal qu’il soit d’Espagne ou de quelqu’autre royauté d’ailleurs. Il est en effet interdit de touchez la reine ou le roi. C’est historique ! Gautier avait d’ailleurs commencé à intituler cette pièce Regardez mais ne touchez pas à la reine. Avec la malice et la légèreté de plume qu’on lui connaît, il sort les spectateurs, ses contemporains, du théâtre dramatique de taille auquel on les habitue, pour tourner la recette en comédie.En filigrane, c’est un peu le Ruy Blas d’Hugo qu’on reconnaît là, à cela près que la pièce de Gautier ne comporte que trois actes contre cinq et n’est pas écrite en alexandrins. La fatalité du drame romantique d’Hugo se mue ici en comédie pleine de rebonds et de cocasseries.Théophile Gautier nous fait goûter là à nouveau un usage de la langue française d’exception avec un vrai sens du rythme et une richesse lexicale qu’on aimerait contemporaine avec désolation. Hugo dans l’ombre forme la racine inspiratrice que Gautier transforme en plante vivace.Mais rentrons un peu dans la projection, plongeons-nous les yeux grand ouverts dans le jeu des comédiens et de l’auteur. La Reine d’Espagne, Elisabeth Farnèse (Chloé Donn ou Jeanne Cogny) est en danger, son cheval s’emballe mais personne ne doit la toucher ! La mort et la sentence incombent à celui qui enfreint la règle. Deux inconnus surgissent alors, au péril de leur vie, libèrent la Reine évanouie de son cheval endiablé. Néanmoins, en tentant de fuir les hommes de la garde royale, un des deux sauveteurs trouve la mort dans une rivière, tandis que l’autre est toujours poursuivi. Doña Beatrix (Flore Gandiol), amie fidèle et suivante de la suzeraine, désespérée par les événements, a promis sa main et sa fortune à qui sauvera la Reine.Le salmigondis des combines et des quiproquos de la pièce pour les épousailles prend forme. L’un des deux postulants, malhonnête et pavé de mauvaises intentions, Don Melchior, se fait passer pour le sauveur de la reine. Tandis que le véritable héros, le capitaine Don Gaspar (Alexis Perret), fou amoureux de Doña Beatrix, essaie "bec et ongles" d’échapper aux alguazils et se réfugie chez la servante de la Reine, Griselda (Judith Margolin ou Sarah Bensoussan). Qui de ces deux antagonistes trouvera place dans le cur de la belle ?Théophile Gautier était un scrupuleux observateur au point qu’on pourrait penser, tant la scénographie comme les textes sont à l’aise avec la culture ibérique, que ce voyage n’est autre que celui d’un autochtone plutôt que d’un horsain. Capes noires, chapeaux noirs, dentelles rouges, éventails et mantilles sont portés par des comédiens laissant croire que le texte et les décors sont bel et bien sortis de l’esprit d’un Espagnol tant ils sont en symbiose dans leur rôle, répliques et dialogues que dans leur vêture et dans le décor dans lequel Gautier a choisi de nous les montrer.Entre drame et romance, les personnages se transposent facilement de la commedia dell’arte (l'amoureux caché, le matamore, le triste sire) dans le récit de cape et d’épée (la reine intouchable qu’il faut sauver, le couplé éprouvé, l’ami dévoué).Il ne faudrait toutefois pas passer sous silence l’étonnant homme orchestre : Paul Marchadier qui incarne ici le personnage de Désiré Reniflard. Inventé de toutes pièces par l’auteur pour raconter son voyage en Espagne, Penchenat lui donne ici un rôle de coryphée, loin de la tragédie grecque toutefois. Il apparait au début de la pièce comme le double de l’auteur puis se fond à la mise en scène sous forme d’homme orchestre, souffleur, bruiteur passant de ce rôle à celui des alguazils que sont les gardes royaux.Le comique de la commedia dell'arte, ce personnage l’entretient bellement dans l’usage d’instruments incongrus ou d’imitations animalières poussant les spectateur à rire de bon cur à la fois parce que le rire est inéluctable dans ce comique de situation, mais aussi parce qu’il naît de la célérité et du talent avec lequel Paul Marchadier alias Désiré Reniflard sait passer d’un rôle à l’autre. Le talent de l’auteur procède aussi de ce mimétisme shakespearien où Désiré Reniflard serait en quelque sorte par analogie le double adapté du chef de troupe dans le Songe d’une nuit d’été.Cette pièce créée le 20 octobre 1847 fut jouée la première fois sur la scène du théâtre de l’Odeon à Paris. Hugo ne pourra pas voir la pièce, affairé qu’il est à cette période de la santé de sa femme Adèle et de son quatrième enfant François Victor, tous deux atteints de la typhoïde. Il ne se privera toutefois pas d’encourager Gautier en lui écrivant le 22 octobre 1847 : "J’entends dire de toutes parts que votre pièce est ravissante". Alors, on se pose légitimement cette question : pourquoi ne l’a-t-on plus jamais jouée ?Un an après le bicentenaire de la naissance de Théophile Gautier, Jean-Claude Penchenat, comédien et metteur en scène de renom à qui l’on doit en cofondateur la naissance du théâtre du Soleil puis du théâtre du Campagnol (centre dramatique national), nous fait vivre un grand moment théâtral. Seules la passion et l’expérience d’un tel professionnel capable d'humer un texte rare et de l’exhumer de la sorte, pouvaient nous ramener cette pièce sur la scène, pour admirer une telle pépite. L’image du jeune romantique venu soutenir Hugo à la première d’Hernani. Passionné d’art et d’un goût pour l’ailleurs, Penchenat nous donne à gouter ce grand homme, la période d’un voyage théâtral avec l’Espagne en clichés dans un français modelé, ciselé et enrichi par sa passion de l’art et des décors.
Yves-Alexandre Julien
04/12/2012

GRENOBLE
MC2
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L'ORIFLAMME
Solitude d'un ange gardien
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Théâtre du Roi René
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de Mart Crowley,adaptation : Antoine Courtray
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