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Exposition d’une femme - Lettre d’une psychotique à son analyste
de Blandine Solange, Dominique Frischer
Mise en scène de Philippe Adrien
Avec Marie Micla, Patrick Démerin
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Du 16/11/2012 au 16/12/2012
Du mardi au samedi à 21h.
La Cartoucherie - Théâtre de la Tempête
Route du Champ de Manoeuvre
75012 PARIS
Métro Château de Vincennes
01 43 28 36 36
Site Internet
Une artiste déjantée interprétée par une comédienne investie. Quand une femme cherche à déchiffre la vie et la souffrance d’une autre.
Blandine Solange se suicide le 21 octobre 2000 à l’âge de 43 ans. Cette française laisse derrière elle une uvre atypique comme ses portraits d’hommes nus ou de sexes masculins, mais également des performances. Ses performances, des moments de délires où, selon Blandine Solange, étant hors de contrôle, comme possédée, elle se voit contrainte, bien souvent nue, d’escalader une falaise ou encore de s’enduire de cendres chaudes... "Mon délire, c’est l’art !" Pourtant, elle n’hésita pas à entamer une psychanalyse et à demander une aide qu’elle ne trouvera jamais.Une femme, une artiste étonnante, Blandine Solange. Sa personne, sa vie et son uvre sont intéressants et démontrent un trouble important du comportement. Cela étant, son psychiatre lui-même affirma qu’elle n’était pas folle. Alors pourquoi tous ces médicaments ? Et que voulaient dire ses crises délirantes, cette sexualité exacerbée ? Pourquoi cette femme souffrait-elle autant et, si elle n’était pas psychotique, alors quel était son mal ?Ce sont là les questions que se pose Philippe Adrien. Sur l’adaptation de Dominique Frischer, il met en scène Marie Micla dans le rôle de Blandine Solange confrontée à son psychiatre interprété par Patrick Démerin. La folie d’une femme, une narration épistolaire, la confrontation d’un homme et d’une femme, même d’une patiente avec son thérapeute, tout cela est déjà vu, ce n’est pas un sujet nouveau. De plus, Blandine Solange est pour ainsi dire méconnue en France. Elle est peut-être plus connue en Allemagne où elle vécut les dix dernières années de sa vie, sous le nom de Patricia Boulay.Cela étant, le texte de Blandine Solange est d’une sincérité déconcertante et d’une grande beauté. On comprend aisément pourquoi Philippe Adrien et son équipe ont décidé de monter ce projet.A l’entrée du public, une femme dessine au fusain sur une toile fine blanche clouée au sol. Elle parle de ses peintures, du corps nu de l’homme et incendie son psychanalyste qui ne la comprend pas. Le dit psychanalyste est à son bureau de l’autre côté de la scène et il lit la lettre de sa patiente. Durant tout le spectacle, ce sont les mots de Blandine Solange qui vont résonner, son psychanalyste étant présent seulement pour entendre et observer, donnant de temps à autre quelques maigres commentaires. La performance de Marie Micla donne tout son intérêt à Exposition d’une femme. Marie Micla offre une interprétation forte et impliquée. Son corps est au service du témoignage de Blandine Solange, à tel point que même ses yeux changent. Il semble se transformer en ceux d’un chat ou d’un animal. Elle passe beaucoup de temps nue, enduite d’argile, de peinture, à jouer avec son corps, avec son désir. Les poses sont lascives, le rythme parfois brutal, cassé, changeant, dérangeant ; elle brûle de désir aussi bien qu’elle crie et qu’elle est effrayée. Un jeu très difficile mais que Marie Micla maîtrise avec sincérité et justesse. Investie, voire même habitée par l’esprit de Blandine Solange, sa voix se module et on sent qu’elle joue et prend plaisir à incarner une artiste dérangée.Cependant la pièce pourrait être un solo de Marie Micla dans le rôle de Blandine Solange. Le rôle du psychanalyste interprété par Patrick Démerin ne sert absolument à rien et pourrait facilement être abordé autrement (voix off, vidéo...). La distance des personnages, qui ne sont jamais en interaction, et l’implication des comédiens dénotent et donnent un ensemble qui ne semble pas totalement abouti.Visuellement, l’utilisation des effets de lumière ou des vidéos est agréable. Mais tout comme le second rôle anecdotique. Ce qui frappe, c’est le jeu de Marie Micla. En réponse au texte et à la vie de Blandine Solange, elle réalise elle aussi une performance. Son corps devient un tableau vivant, nu, entièrement rasé, recouvert, enduit, vulnérable et fort. Elle est magnifique dans cette nudité assumée et jouée.Exposition d’une femme - Lettre d’une psychotique à son analyste permet de découvrir l’artiste Blandine Solange. Un remaniement permettrait de rentrer plus en profondeur dans le thème et le visuel du spectacle. En en faisant un solo pour Marie Micla, ce spectacle pourrait devenir un très bel hommage à cette artiste et à son uvre.
Cyriel Tardivel
20/11/2012
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