Une Faille / Saison 1 Haut-Bas Fragile / Episodes 1 à 4 Pris au piège
de Sophie Maurer
Mise en scène de Mathieu Bauer
Avec Joris Avodo, Pierre Baux, Michel Cassagne, Christine Gagnieux, Matthias Girbig, Lou Martin-Fernet, Sylvain Cartigny, Stan Valette
Une Faille ou comment parler d’une ville à travers une suite d’événements confondant l’imprévisible et le quotidien des gens qui y vivent.
La saison 2012-2013 du Nouveau Théâtre de Montreuil s’ouvre sur une création qui accroche l’inclassable à l’esthétique. A l’écriture, une sociologue et auteure, Sophie Maurer. La construction du texte est échafaudée sur les bases de la matière vivante, une mosaïque d’hommes et de femmes montreuillois, un lapis lazuli couleur citoyen, ouvrier, immigré, actif et désuvré. Une fiction nourrie par un collectif d’anonymes, lesquels portent à l’édifice la pierre de leur histoire. Mouvement social mis en forme, les mots cueillis selon maturité sont entreposés sur des clayettes à claire voie qui filtrent l’existentiel et le rêve, la diversité et l’originalité, la sédentarisation et l’exil.Une Faille, un feuilleton théâtral scindé en huit épisodes qui couvre la programmation de la Scène dramatique de Montreuil du début à la fin de la présente saison. Derrière le rideau, la mise en scène est assurée par un homme qui se détache de ses contemporains par la singularité de ses créations, l’alchimie du théâtre de réflexion fragmenté de l’actualité et de la résonance citoyenne. A cet homme, il convient d’y associer un directeur de théâtre privilégiant la qualité à la quantité, une programmation éclectique à l’image de la diversité culturelle locale. Passionné de séries télévisées, Mathieu Bauer est en une seule personne "les deux font la paire".Maintenant, vous êtes '"Pris au piège" des épisodes 1 à 4 de la saison 1 "Haut-Bas-Fragile" de Une Faille. Les lumières de la salle s’éteignent progressivement et tamisent les premières rangées du générique qui défile sur le rideau. Clin d’il à une ville en mouvement traduite sur un kaléidoscope d'images locales, animé du nom des participants artistes, techniciens et amateurs qui ont contribué à Faille. Une explosion, des corps gisent sur le sol, des cris de douleurs, une poussière opaque envahit le plateau. Silence. "L’immeuble nous est tombé dessus", déclament des voix anonymes décontenancées par la situation. 08:39, effondrement de deux immeubles. 08:53, les secours évacuent les victimes. Des badauds convergent vers les lieux du drame, histoire de dire "Moi, j’y étais". Sur les regards se lisent l’incompréhension, la curiosité, l’effroi. La rumeur convertit la réalité en scénario de série B, les médias accourent, les télés se bousculent le droit à l’image. Les catastrophes font parler et celle-là n’est pas en reste de retransmission. En apartheid, des visages se profilent sur un filtre éclairé des tensions de circonstance. Arrêt sur image, les cinq victimes prises sous les éboulis de l’immeuble concentrent l'attention. Une jeune femme geint à perdre haleine, une autre qui n’a rien perdu de sa superbe tente de la rassurer, un homme âgé semble s’ignorer, un jeune métis se raccroche à sa fougue, un autre homme prétexte un rendez-vous important. Un huis clos en sous-sol agrémenté des tensions sous-pesantes, chaque protagoniste révèle une victime potentielle et revendique la légitimité d’être écouté, de se confier, de s’isoler. En surface, le directeur de cabinet du maire s’active à coordonner les secours, informer les médias de l’avancée des recherches, répondre aux sollicitations de sa secrétaire et rester en contact avec l’administrateur de la ville en déplacement au moment des faits.Le chur citoyen composé de musiciens et choristes amateurs, installé en arrière-plan, incarne la mixité urbaine et apporte une dimension authentique à ce feuilleton. Les textes interprétés sont des extraits de vie parlés-chantés, un enchainement d’histoire par l’histoire, un poumon greffé à un autre poumon, l’expression d’un souffle de liberté inspirée de la réaffirmation d’être.Le feuilleton passe en revue la sociologie et la politique. Hugo dans le rôle du directeur de cabinet du maire, Matthias Girbig, symbolise la génération de jeunes cadres pro-formés, sur lesquels les décisions les plus importantes reposent. Sous le costume, le fonctionnaire mouille la chemise car la production de stress est abondante. La prestation de Girbig s'intensifie selon l'évolution des événements, le comédien convainc car le rôle exige rigueur et abnégation. Octave, Pierre Baux, est à l’image des entrepreneurs peu scrupuleux, des bâtisseurs de châteaux de cartes. Le mal logement, les promesses électorales semblables à des rébus de Carambar, la faiblesse des pouvoirs publics soulignent l’incapacité du législateur à réagir. Construire pour construire, ite missa est pour le bonheur des gens de peu. L’inaccessible devient accessible, le doute mue soudain en rêve. Sur le cahier des charges, la mention "à vos risques et périls" est écrite à l’encre invisible. Joris Avodo interprète Nabil, le p’tit Beur serviable et affuté comme deux billets de quinze euros. Avodo est intègre, généreux, spontané. Il permet à Nabil de s’exprimer sans être inquiété, il est emballé fraicheur garantie sans date de rédemption. Michel Cassagne joue le vieux Jacques, un nom de la critique de cinéma. Blasé et introverti, le comédien incarne le mal-être qui réside dans les maisons de retraite. Ces mouroirs de luxe dont les limites condamnent et interdisent les menus plaisirs d’avant, une cigarette, un verre d’alcool, une tablette de chocolat. Les médecins jouent le jeu de l'intégrité et pour reprendre un slogan détourné "un vieux peut en cacher un autre". Donc, les maisons de retraite ne risquent pas de mettre la clé sous tombe.Christine Gagnieux (Nathalie) et Lou Martin-Fernet (Pascale) sont deux comédiennes attachantes et criantes de vérité dans leur interprétation du médecin et de la jeune policière. Des professions qui se manifestent par des enjeux divergents et pourtant renforcent les rapports entre les hommes. Christine et Lou sont perspicaces et dosent les répliques avec élégance et humanisme.La mise en scène Mathieu Bauer est une chorégraphie factuelle de la société d’aujourd’hui. Il n’hésite pas à braver la vérité en la propulsant sur scène avec un collectif de mécontents dénonçant la précarité, le mal-logement, la discrimination. Clin d’il à un certain mouvement associatif régulièrement filmé dans les journaux télévisés. Ces épisodes 1 à 4 évoquent le ras-le-bol de la classe ouvrière, l’attention portée à une population décimée dans ses espoirs, la déstabilisation de l’hégémonie politique. L’explosion des deux immeubles, une passerelle avec la crise économique, in situ, la rue gronde ses craintes et sa colère.Faille de Mathieu Bauer à la réalisation et Sophie Maurer à l’écriture, un théâtre qui démocratise la culture et la popularise pour un rendement urbain et citoyen. Les épisodes 5 à 6 seront programmés du 3 au 20 décembre 2012.
Philippe Delhumeau
02/10/2012
AVIGNON
Pierre De Lune
Mise en scène de Laurent Montel
Une histoire d'amour banale, comme il peut en exister tous les jours. Un homme remarque une jeune femme et en tombe amoureux. Elle Anna, tient un journal quotidien. Lui, Nicolas est fou amoureux C'est une histoire vraiment banale. Mais comme un train qui en cache un autre, et bien...
L'avis de Geneviève Brissot
Pierre De Lune
AVIGNON
Le carnet rouge
de Dorothée LeveauMise en scène de Laurent Montel
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L'avis de Geneviève Brissot
AVIGNON
Théâtre du Balcon
Les trois petits vieux qui ne voulaient pas mourir
de Suzanne Van Lohuizen
Mise en scène de Johanne Benoit
Théâtre du Balcon
Les trois petits vieux qui ne voulaient pas mourir
de Suzanne Van Lohuizen
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AVIGNON
BA Théâtre (anciennement Sham's bar théâtre)
Le mardi à Monoprix
de Emmanuel Darley
Mise en scène de Thierry De Pina
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Le mardi à Monoprix
de Emmanuel Darley
Mise en scène de Thierry De Pina