Le Médecin malgré lui
de Molière
Mise en scène de Raphaël De Angelis
Avec Valentin Boraud, Brice Cousin, Raphaël De Angelis, Anthony Lozano, Cécile Messineo, Romane Portail
La deuxième création de la compagnie du Théâtre de l’Eventail, et c’est toujours un plaisir de les voir sur scène.
Après La Jalousie du Barbouillé et le Médecin volant, la cie du Théâtre de l’Eventail continue sur sa lancé et reste fidèle à Molière. Cette fois-ci, c’est Le Médecin malgré lui qu’elle met en scène. On y retrouve sa marque de fabrique, un savant mélange de commedia dell’arte et d’influence asiatique (théâtre kabuki, nô...). C’est à nouveau une réussite.Sganarelle bat sa femme. Cette dernière décide de se venger et par un tour de malice, le voilà pris pour un médecin. On l’envoie guérir la fille d’un riche homme, qui prétend être muette pour ne pas épouser le prétendant que son père lui a choisi. La jeune demoiselle est amoureuse de Léandre, pour l’instant sans le sou, mais fou amoureux d’elle.De l’action, du rythme, des coups de bâton, des courses poursuites, de l’amour, du désir, de la coquinerie... tout l’univers de Molière joué avec talent par la cie du Théâtre de l’Eventail.Le fondateur de la compagnie, metteur en scène et interprète de la pièce, Raphaël De Angelis, effectue un travail remarquable. Ses uvres, de par sa formation, sont influencées par l’art asiatique. Aussi son Sganarelle devient-il une sorte de démon japonais tant par l’allure que par l’attitude et la voix qu’il module de manière impressionnante. Le contraste est frappant lorsqu’on l’entend parler en dehors de son personnage, une fois le masque retiré. Sa performance est magistrale. Son personnage est toujours en action et c’est véritablement lui qui porte la pièce.Le reste de l’équipe est juste et drôle ; et les demoiselles sont magnifiques. Le vieil homme, le père de la malade, est tenu de bout en bout avec justesse.La pièce repose sur des effets visuels et comique. Un comique proche du cartoon avec de multiples apparitions lors des courses poursuites, des personnages qui se donnent et reçoivent des coups... Ici, on se détache d’une vision scolaire et plus traditionnelle de Molière. Cette version redonne tout son côté pimenté, scabreux et coquin de l’auteur. De plus, il traite directement et sans détour l’aspect violent de l’histoire : un homme qui bat sa femme. C’est un plaisir que d’assister à une adaptation honnête et fidèle du texte et de l’univers de Molière.Les costumes sont magnifiques, mélange des habits du XVIIe siècle et d’influences asiatiques. Ça tient du génie. Quant aux masques, toujours de pure chef-d’uvre réalisé par l’artiste masquelier Dan.Le Médecin malgré lui est une pièce pleine de rythme et de rebondissements. Attention toutefois à ne pas être trop rapide. Les voix sont très fortes et Il y a beaucoup de cris. Toute cette extrême agitation demande une énergie intense aux comédiens mais aussi au public. Des passages plus doux et un jeu moins en tension permettrait un peu de repos, pour tous.Une seconde création plaisante par la compagnie Le Théâtre de l’Eventail dirigée par un artiste complet et talentueux. Vivement les prochaines créations !
Cyriel Tardivel
11/07/2012
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