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A Louer
de Peeping Tom
Mise en scène de Franck Chartier, Gabriela Carrizo
Avec Jos Baker, Eurudike De Beul, Leo De Beul, Marie Gyselbrecht, Hun-Mok Jung, Seoljin Kim, Simon Versnel
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Du 29/05/2012 au 02/06/2012
20h30.
Théâtre de la Ville
2 place du Châtelet
75004 PARIS
01 42 74 22 77
Site Internet
Après s’être intéressé aux histoires de quartier, Peeping Tom nous fait entrer dans la maison.
Peeping Tom est une compagnie bruxelloise atypique. Depuis plusieurs années, elle tourne dans le monde entier, forte d’un succès qui ne se dément pas. Véritable ovni sur la scène théâtrale, ses créations mélangent la danse, le chant, la musique et des prouesses physiques remarquées et remarquables.Après le succès de 32 rue Vandenbranden, ses artistes reviennent avec une nouvelle création A Louer. Dans une belle et grande demeure, la maîtresse de maison se retrouve seule avec son domestique et se prépare ; une diva est poursuivie par son mari et son fils qu’elle ignore ainsi qu’une horde d’admirateur ; le mobilier se déplace...Une vision très intimiste sur une scénographie gigantesque et magnifique. Le décor est celui d’une immense pièce dans une vieille demeure bourgeoise tout aussi impressionnante. Les rideaux de velours, qui entourent la scène, sont ouverts petit à petit offrant la vue et le jeu à un grand escalier de bois en colimaçon donnant sur un étage. A cour et à jardin, de nombreuses portes ; au centre de scène, un grand canapé et plusieurs fauteuils. La scénographie est à l’image de la création, immense, magnifique et détaillée tout en restant simple, rien n’est laissé au hasard et rien n’est de trop ou inutile.La musique est un élément indispensable dans les créations de Peeping Tom. Ici, les différents rythmes d’un vinyle ralenti ou accéléré donnent le tempo aux mouvements des comédiens. Ou est-ce l’inverse ? Les gestes collent parfaitement aux sons, ils sont indissociables. Le jeu, de la mise en scène et des acteurs, sur le temps est impressionnant. Tantôt rapide, lent ou déformé, tout s’enchaîne naturellement et sans difficulté apparente. Les sons se tordent donnant cette impression d’angoisse sur scène. La forte présence de la musique est également due à la magistrale chanteuse et comédienne Eurudike De Beul. Après un rôle d’une sorcière mère nourricière dans 32 rue Vandenbranden, elle incarne une élégante diva égocentrique admirée de son public et aimée de son mari et de son fils qu’elle délaisse. Elle est belle, drôle et possède une voie enchanteresse. Elle est un élément fort du spectacle.Seoljin Kim fait une performance inoubliable. Dans le rôle du serviteur, amoureux, de madame, il se déplace et manie son corps avec une grande agilité et une souplesse déconcertante. Ses jambes semblent être de caoutchouc. Il saute, tourne, virevolte tel un pantin. Il dépasse les grands maîtres du mouvement tel Charly Chaplin ou encore le mime Marceau. Sa technique corporelle donne cette impression de distorsion de l’image. C’est époustouflant !Son pendant dans la pièce, Hun-Mok Jung, interprétant le double amoureux du serviteur qui se permet de réaliser ses fantasmes avec sa maîtresse, est tout aussi remarquable. Il se déplace comme une sorte de reptile et fait des bonds de crapaud. Parfois, lors d’une réception par exemple, on a mal pour lui, mais non, il continue sa course sans la moindre gêne ! Tout comme Jos Baker qui dispose lui aussi d’une belle maîtrise de son corps et qui interprète un jeune homme un peu perdu et touchant.Marie Gyselbrecht est la maîtresse de la demeure et c’est également, en quelque sorte, autour d’elle que s’articule le spectacle. Cette femme triste, assiste impuissante aux étranges événements qui surviennent chez elle. Elle est aussi au prise avec ce désir inavoué qu’elle éprouve pour son fidèle serviteur.Un spectacle impressionnant qui oscille dans un univers à la limite du rêve et du cauchemar. Les situations partent d’une réalité concrète pour dériver dans le fantasme. La maison devient le lieu de phénomènes étranges parfois inquiétants. On retrouve cette ambiance de films d’angoisses asiatiques avec des esprits et des revenants (les "Kairo"). Ce qui n’empêche en rien des instants d’amour, de tendresse et même beaucoup d’humour. Peeping Tom, c’est un savant mélange de genres diamétralement opposés complété par des prouesses techniques et vocales à couper le souffle.Un triomphe de plus pour cette compagnie originale qui cumule les succès. Comme pour leurs autres spectacles, la nouvelle création A Louer de Peeping Tom est à ne pas manquer !
Cyriel Tardivel
01/06/2012
![Affiche](./index_files/bando-alaffiche.png)
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