Les Dactylos
de Murray Shisgal
Mise en scène de Wianney Qolltan
Avec Gaël Fantini, Laurent Eychenne
Un homme et une femme partagent le même bureau. Ils évoquent ensemble leurs envies, leurs désirs, leur rêves dans une société devenue difficile, et aux multiples carcans.
Murray Shisgal est un grand auteur. Les textes des grands auteurs se suffisent à eux-même. C’est là leur richesse. Bien que surprenant, il est parfois utile, de rappeler de telles évidences et d’énoncer les axiomes.
Dans cette pièce Murray Shisgal évoque les pressions et le formatage que provoque la société. Un des personnages exprime même cette fatalité, cette angoisse de devenir comme des machines.
Astucieusement, Wianney Qolltan fait marcher ses personnages comme des robots, et montre ainsi avec finesse les propos de son personnage.
Pour illustrer les cases dans lesquelles la société cherche à nous ranger, pour dénoncer ces clichés et ces idées préconçues, il a choisi d’habiller la femme en rose et l’homme en bleu. Avec force et intelligence, il dénonce donc les clichés par un cliché.
De même, pour évoquer le pourrissement de cette société, il peint les visages des comédiens avec des tâches vertes (ce qui est d’ailleurs en parfaite harmonie avec la couleur des costumes).
Ces tâches illustrent aussi, de façon parallèle et subconsciente, l’aspect fauve qui règne en chacun de nous. Les comédiens exécutent donc, avec talent, cette fine observation de Wianney Qolltan et se révèlent être des panthères – à moins que ce ne soit des léopards ? – très convaincantes.
Afin de montrer comment les entreprises cherchent à rendre heureux leurs employés et à les valoriser, et ce pour en augmenter le rendement et la productivité, Wianney Qolltan a eu le génie de donner à chacun de ces employés deux téléphones.
Pour dénoncer la supériorité de l’homme sur la femme dans la monde du travail, il a confié à l’employé un téléphone portable !
Wianney Qolltan effectue aussi une attaque en règle des entreprises qui se refusent à investir, à donner des outils de travail corrects à leurs employés. Ainsi ces deux pauvres dactylos disposent de vielles machines à écrire et passent leur temps – référence au stakhanovisme - à taper dessus sans avoir de papier à leur disposition. Avec subtilité et paradoxe il pare les comédiens de deux ordinateurs portables et souligne la gabegie dont les sociétés font parfois preuve.
Leurs gestes et leur mimiques lorsqu’ils tapent à la machine dénoncent en permanence les réticences des sociétés à former leur personnel.
La liste est longue de toutes ces images subliminales apparentes, preuve de l’inventivité de la mise en scène.
Ainsi, le décor blanc – carré de Malévitch selon le metteur en scène – met en exergue la froideur de notre société.
Grâce à sa mise en scène, Wianney Qolltan rend hommage au texte de Murray Shisgal qui devient ici purement inutile – voire même parasite ! - face à la richesse des éléments picturaux et des symboles insérés.
La direction d’acteur sert aussi, avec habileté, le propos de la mise en scène. En effet, imposer à un comédien de ne ressentir aucune émotion et nier ainsi le fondement et la raison même de son métier est un réel tour de force. Mais cela permet ici de condamner avec ardeur cette société moderne qui nous bride dans nos émotions. Wianney Qolltan ouvre ainsi de vastes horizons nouveaux en préfigurant un théâtre qui demain pourrait se jouer sans comédien mais avec les mannequins des rayons d’habillage.
Avec ruse et audace, Wianney Qolltan – dont il ne faut en aucun cas oublier le nom – a repris un texte connu, et piège ainsi avec dextérité le spectateur pour lui faire découvrir de nouvelles formes théâtrales.
La méthode n’est pas nouvelle mais elle est très efficace. Et nul ne doute qu’elle devrait être expérimentée dans d’autres domaines artistiques. En effet, inviter à voir un « Rembrandt » ou un « Michel Ange » et le peindre dans le bleu IKB pour faire connaître un monochrome d’Yves Klein permettrait de populariser l’art contemporain et d’en faire comprendre toute la démarche intellectuelle et créatrice.
Et dans cette démarche où doit régner une honnêteté intellectuelle absolue, il faut condamner avec fermeté une catégorie de metteur en scène qui pour assouvir des fantasmes intellectuels prennent en otage des comédiens qui ont besoin de cachets pour vivre.
Il est raisonnable de penser que les émotions données par les comédiens avec talent, courage et amour constituent la matière brute et précieuse du processus de création.
Il est aussi raisonnable de reconsidérer l’impérialisme de certains metteurs en scène qui règnent sans partage sur le processus de création.
Murray Shisgal est un grand auteur. Les textes des grands auteurs se suffisent à eux-même. C’est là leur richesse. Bien que surprenant, il est parfois utile, de rappeler de telles évidences et d’énoncer les axiomes.
Dans cette pièce Murray Shisgal évoque les pressions et le formatage que provoque la société. Un des personnages exprime même cette fatalité, cette angoisse de devenir comme des machines.
Astucieusement, Wianney Qolltan fait marcher ses personnages comme des robots, et montre ainsi avec finesse les propos de son personnage.
Pour illustrer les cases dans lesquelles la société cherche à nous ranger, pour dénoncer ces clichés et ces idées préconçues, il a choisi d’habiller la femme en rose et l’homme en bleu. Avec force et intelligence, il dénonce donc les clichés par un cliché.
De même, pour évoquer le pourrissement de cette société, il peint les visages des comédiens avec des tâches vertes (ce qui est d’ailleurs en parfaite harmonie avec la couleur des costumes).
Ces tâches illustrent aussi, de façon parallèle et subconsciente, l’aspect fauve qui règne en chacun de nous. Les comédiens exécutent donc, avec talent, cette fine observation de Wianney Qolltan et se révèlent être des panthères – à moins que ce ne soit des léopards ? – très convaincantes.
Afin de montrer comment les entreprises cherchent à rendre heureux leurs employés et à les valoriser, et ce pour en augmenter le rendement et la productivité, Wianney Qolltan a eu le génie de donner à chacun de ces employés deux téléphones.
Pour dénoncer la supériorité de l’homme sur la femme dans la monde du travail, il a confié à l’employé un téléphone portable !
Wianney Qolltan effectue aussi une attaque en règle des entreprises qui se refusent à investir, à donner des outils de travail corrects à leurs employés. Ainsi ces deux pauvres dactylos disposent de vielles machines à écrire et passent leur temps – référence au stakhanovisme - à taper dessus sans avoir de papier à leur disposition. Avec subtilité et paradoxe il pare les comédiens de deux ordinateurs portables et souligne la gabegie dont les sociétés font parfois preuve.
Leurs gestes et leur mimiques lorsqu’ils tapent à la machine dénoncent en permanence les réticences des sociétés à former leur personnel.
La liste est longue de toutes ces images subliminales apparentes, preuve de l’inventivité de la mise en scène.
Ainsi, le décor blanc – carré de Malévitch selon le metteur en scène – met en exergue la froideur de notre société.
Grâce à sa mise en scène, Wianney Qolltan rend hommage au texte de Murray Shisgal qui devient ici purement inutile – voire même parasite ! - face à la richesse des éléments picturaux et des symboles insérés.
La direction d’acteur sert aussi, avec habileté, le propos de la mise en scène. En effet, imposer à un comédien de ne ressentir aucune émotion et nier ainsi le fondement et la raison même de son métier est un réel tour de force. Mais cela permet ici de condamner avec ardeur cette société moderne qui nous bride dans nos émotions. Wianney Qolltan ouvre ainsi de vastes horizons nouveaux en préfigurant un théâtre qui demain pourrait se jouer sans comédien mais avec les mannequins des rayons d’habillage.
Avec ruse et audace, Wianney Qolltan – dont il ne faut en aucun cas oublier le nom – a repris un texte connu, et piège ainsi avec dextérité le spectateur pour lui faire découvrir de nouvelles formes théâtrales.
La méthode n’est pas nouvelle mais elle est très efficace. Et nul ne doute qu’elle devrait être expérimentée dans d’autres domaines artistiques. En effet, inviter à voir un « Rembrandt » ou un « Michel Ange » et le peindre dans le bleu IKB pour faire connaître un monochrome d’Yves Klein permettrait de populariser l’art contemporain et d’en faire comprendre toute la démarche intellectuelle et créatrice.
Et dans cette démarche où doit régner une honnêteté intellectuelle absolue, il faut condamner avec fermeté une catégorie de metteur en scène qui pour assouvir des fantasmes intellectuels prennent en otage des comédiens qui ont besoin de cachets pour vivre.
Il est raisonnable de penser que les émotions données par les comédiens avec talent, courage et amour constituent la matière brute et précieuse du processus de création.
Il est aussi raisonnable de reconsidérer l’impérialisme de certains metteurs en scène qui règnent sans partage sur le processus de création.
Loick Hello
24/07/2003
AVIGNON
Théâtre de l'Etincelle
Mise en scène de Geneviève Brett
Génial ! Un dramaturge écrit une pièce de théâtre, mais il est en mal d'inspiration. Sa compagne n'est pas super adhérente à sa nouvelle dramaturgie. Survient un personnage, non invité, qui bouscule la routine de ce couple. Le Diable, de son prénom Méphisto, veut emporter...
L'avis de Geneviève Brissot
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Génial ! Un dramaturge écrit une pièce de théâtre, mais il est en mal d'inspiration. Sa compagne n'est pas super adhérente à sa nouvelle dramaturgie. Survient un personnage, non invité, qui bouscule la routine de ce couple. Le Diable, de son prénom Méphisto, veut emporter...
L'avis de Geneviève Brissot