Colors : le spectacle d'impro
de Esteban Perroy, Franck Porquiet
Mise en scène de Esteban Perroy, Franck Porquiet
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Du 19/09/2010 au 26/12/2010
Dimanches à 20h45.
Gymnase Marie-Bell
38, boulevard de Bonne-Nouvelle
75010 PARIS
Métro Bonne-Nouvelle
01 42 46 79 79
Site Internet
Improvisation & improvisation
Offrons un piano à un petit garçon de 3 ans. Il se mettra aussitôt à improviser. Le lendemain, il en fera autant. Et les jours suivants. Au fil des semaines, il se peut qu'il en ait assez, et que les voisins soient heureux de se cotiser pour racheter le piano. Il se peut aussi que l'enfant ressente le besoin de construire quelque chose, qu'il y prenne goût, qu'il veuille des leçons, que naisse une vocation. Qu'à 7 ans, il donne un premier récital. Qu'à 17 ans, il joue ses premières compositions. Qu'à 30 ans, seul en scène en 1975, il improvise au piano The Köln Concert et s'appelle Keith Jarrett.On parle pourtant "improvisation" dans les deux cas. Entre ces deux extrêmes, il y a 27 ans de travail intensif et de passion.Au théâtre, c'est du même ordre. Il y a improvisation et improvisation. Il y a les impros sur rien ou sur peu, ex abrupto, et l'on tombe ainsi sur rien ou sur peu. Vous pouvez essayer chez vous. Tirez un mot, un titre, un thème au sort, et lancez-vous. Vous êtes sûr d'avoir de beaux effets de surprise sur vos proches, essayez. C'est pas de l'art ? C'est du plaisir ? Et alors ? C'est très bien le plaisir.Au départ, historiquement, la grande rupture avec un théâtre de texte se produit à Venise avec la commedia dell'arte et ses improvisations sur canevas ; les personnages et leurs objectifs sont assez bien définis.Depuis, ce "genre" est surtout utilisé comme formation pour le comédien ou comme moment partiel dans un spectacle. Il y a les impros d'école où l'on cherche, où l'on oublie. Il y a les impros qui sont l'occasion, comme dans le jazz, d'un numéro de comédien, d'instrumentiste, de clown, de magicien...Il y a les impros de Mnouchkine, de Brook... qui sont là pour produire et structurer le texte du spectacle ou l'enrichir, trouver des manières inouïes de le lire, le comprendre, l'interpréter, le jouer. Mais la forme est fixée quasi définitivement avant la représentation.Les Marx Brothers ont particulièrement pratiqué toutes ces formes d'improvisation dans le désordre le plus jouissif. A chaque scène, à chaque prise, ils improvisaient ; si bien que leur réalisateur se fit construire une cage de verre où il s'enfermait. Son rire éclatait à chaque prise/impro ; son rire était trop bruyant pour les gros micros du début du muet qui captaient tout. Mais les Marx avaient commencé très tôt, enfants, poussés par leur jolie mère en dynamite, artiste de variétés.Puis un jour, il y eut la fabuleuse création par les Canadiens de la Ligue d'improvisation, mixte de règles sportives tirées du hockey sur glace (les acteurs forment deux équipes, ils ont des coachs, des arbitres, des fautes, des coups de sifflet, des cartons, etc.) et de concepts basiques du théâtre (personnages, conflits, situations, objectifs, proposition thématique, proposition dramatique, etc.).Ce dispositif assez simple, en pratique, et compréhensible rapidement par tout nouveau spectateur, avait été très étudié, est très intelligent, et il a produit de nombreuses improvisations de très haute qualité, surtout dans les premiers "matchs", il y a plus de vingt ans. Mais cela demandait des semaines et des mois d'entraînement et de préparation... du corps, de la voix, de l'imaginaire, du point de vue (sur le monde)...Ces joutes les acteurs y sont d'ailleurs appelés jouteurs, d'équipes qui marquent des points eurent un tel succès qu'elles y survécurent difficilement elles-mêmes, d'une part ; ce que l'on en voit actuellement est assez déprimant pour ceux qui connurent "la grande époque". D'autre part, ce succès des premières Ligues d'impro (Canada, France, Belgique, Suisse, Italie...) a suscité toute une série de nouvelles formes et de dispositifs d'improvisation, avec plus ou moins de bonheur, mais rarement une haute qualité.Qu'est-ce qu'une improvisation "de haute qualité" ? Comment en juger ? Facile : la plus haute qualité, l'utopie, la fine pointe de l'âme de cet art, ce serait que les spectateurs aient l'impression de voir une pièce qui aurait été entièrement écrite et répétée ; alors qu'elle serait complètement improvisée.A l'inverse d'ailleurs, un texte parfaitement joué devrait donner l'impression au spectateur qu'il est entièrement improvisé, que chaque réplique, chaque émotion, chaque mouvement du cur et du corps naissent devant nous. C'est l'une des recommandations majeures à leurs acteurs de Stanislavski, Jouvet, Strasberg, Kazan, Fo, Brook...Ainsi, l'art de l'improvisation et l'art du texte se conjuguent ensemble dans l'art du théâtre, l'art du conteur millénaire, puisque l'acteur joue le personnage inventé par le narrateur, quelquefois présent, souvent secret dieu des coulisses, mais un dieu qui nous parle et qui meurt à chaque représentation. Le foyer de la scène, ce feu qui brûle les planches, ses ombres et ses lumières, est le même on le sait, que celui qui réunissait nos ancêtres, "le front contre la nuit" (René Char), les mots tout contre l'autre.Dans cette échelle théâtrale, l'équipe de Colors, pourtant d'une belle énergie et d'un enthousiasme dévorant, est à deux niveaux très hétérogènes : tout ce qui n'est pas impro est très pro ; tout ce qui est impro n'est pas très pro.Ce qui a été répété est très au point ; c'est tout ce qui prépare et entoure les improvisations : danse, présentation des couleurs, cérémonial théâtral... C'est pêchu, sympathique, rythmé mais...Dès que les improvisations proprement dites sont présentées, on revient au petit garçon qui touche son premier piano. Sauve qui peut, chacun pour soi : sorties de thème permanentes, pas d'écoute donc obstruction au jeu des autres et refus de proposition, cabotinage... répliques sans esprit, aucune construction de personnage ni de jeu... aucune exploration du thème, tant sur le plan émotionnel que sur les plans philosophique, politique, social, poétique...Tout à coup, une sorte de frénésie s'empare des acteurs dont on sent pourtant le grand travail physique et l'esprit d'équipe. Le stress devient tel que, là comme ailleurs, il coupe tous les circuits du néo-cortex, en quelque sorte. Chacun semble essayer de faire un numéro de "sortir quelque chose", n'importe quoi mais quelque chose, et c'est n'importe quoi qui sort... Et c'est la casse permanente : pas de situation dramatique, pas de gradation ou de rupture émotionnelle, pas d'enjeux, pas de motivation, pas d'objectif, pas d'obstacle... pas de point de vue sur le monde, pas de propos neuf, pas d'analyse, pas de conte...Tout est cri, crise, climax permanent. C'est ce qui est navrant, c'est que le dispositif, le processus, les règles, d'improvisation mis en place par Colors semblent bien être leur principal "saboteur" ! Comme s'ils avaient installé un nud coulant. Chaque effort pour s'en défaire les étrangle ainsi davantage.Un exemple de cette confusion conceptuelle qui les entraîne dans cette confusion théâtrale : chaque couleur est incarnée par un acteur ; elle représente un univers (le sport, la chevalerie...). Mais un univers n'est pas un personnage ! L'univers de la philatélie, par exemple, offre des milliers de personnages de philatélistes. Or Colors confond régulièrement les deux ; et ces "rencontres d'univers" conduisent ainsi aux clichés les plus ordinaires.C'est navrant car on sent réellement, cela mérite d'être souligné, que l'énergie, l'envie de jeu ensemble, d'impro et de théâtre, les capacités d'imaginaire et de poésie sont là. Mais tout le processus serait à revoir car, pour le moment, il n'engendre que confusions et miroirs solitaires, successions d'egos paniqués. Nombre de grandes qualités sont là mais les acteurs doivent apprendre à construire, découvrir ce qu'ils... pensent et ressentent du monde ou du moins à savoir le formuler, l'exprimer sur une scène, dans une dramaturgie neuve et de vrais personnages, à construire.Mieux vaut partir d'une situation banale pour arriver à une situation absurde. L'inverse ne produit que des stéréotypes sans intérêt, disait à peu près Jean-Claude Carrière. C'est tout le défi que Colors a à relever s'il ne veut pas passer trop vite aux couleurs passées, s'il veut enrichir sa palette et vivifier ses représentations. L'improvisation est d'abord un plaisir puis c'est un très très long travail pour pouvoir l'offrir aux autres. Remember Keith Jarrett.
Philippe Dohy
02/10/2010
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