Récits de femmes
de Dario Fo, Franca Rame
Mise en scène de Dimitri Dubreucq
Avec Cécile Leterme, Lou Tordjman, Sylvain Savard
Deux femmes, que tout oppose, se retrouvent confrontées à raconter leur vie acidulée de déboires conjugaux.
Le Mouvement de libération des femmes souffle cette année ses quarante bougies d'existence. Quatre décennies dévolues à une lutte sans merci menées par des femmes en escarpins et jupes relevées au niveau des genoux, convaincues du bien fondé de leur révolte. Le corps féminin ne doit plus être reclus à sa simple condition d'être, un objet de convoitise et une ombre masquée en arrière-plan dans la vie des hommes. Cette pièce jouée au théâtre Le Funambule s'invite dans l'actualité ; une actualité sociale contemporaine construite sur des idéaux méli-mélo au côté brocante.Récits de femmes se veut à l'origine un exercice d'écriture à deux mains : celle de Dario Fo et celle de Franca Rame, sa compagne. Sa collaboration à cette composition de textes apporte avec des mots exacts le témoignage de toutes les femmes sujettes à l'ingratitude sous l'emprise masculine.Dans la rubrique des faits divers de la presse régionale, les drames conjugaux font souvent l'objet d'articles, quelques lignes noircies en bémol à des histoires de couples, des couples sans histoire en apparence, des gens bien comme il faut, disent les voisins, jusqu'au jour où...Sur la scène, des voiles tendues en amont sur deux rangées dissimulent un décor qui laisse deviner l'intérieur d'un appartement baignant entre cocooning et plaisir. Trois comédiens invitent le public, très nombreux, à écouter une chanson italienne interprétée avec mélancolie, la dolce vita. La musique, du jazz nouvelle vague de la Nouvelle Orléans.
Tous les ingrédients sont réunis pour passer une bonne soirée à regarder cette pièce de théâtre où les femmes ont leurs mots à dire.Justement, dans la première partie de Récits de femmes, c'est Gina qui raconte ses amours heureux ou malheureux avec son compagnon du moment. Tout dépend de quel côté se place le spectateur ou la spectatrice. Des hommes, Gina en a eu autant qu'elle le désirait ou qu'eux la désiraient. L'addition se lit de haut en bas et de bas en haut. Gina, une femme à la vie ordinaire dans l'Italie des années 70, une femme traversée d'histoires sans histoire.Derrière le rideau, des corps s'agitent dans un empressement soudain, des voix s'échappent des râles chauds et langoureux. Gina ne sait plus trop ce qu'elle doit faire à cet instant : faire l'amour pour de vrai ou jouir pour de faux. Ce dont elle n'a pas du tout envie, c'est d'être enceinte. La pilule lui causant des nausées, elle ne la prend plus. Le truc en caoutchouc qui va et vient au creux de ses reins, lui coupe toute envie émergente. Le risque zéro n'existe plus en pareilles circonstances. Se faire grimper dessus la lasse, califourchonner les redondances de son compagnon, pas plus que ça.Gina a atteint l'âge canonique pour espérer ne pas avoir d'enfant, la quarantaine. Pourtant, les choses de la vie contredisent le temps. La grossesse s'installe, le corps se métamorphose progressivement, les seins augmentent de volume, le ventre s'arrondit.Pour l'accouchement, le géniteur ne s'est pas osé à rester au côté de Gina dans la salle de travail. Tenaillé par cet évènement imprévu, il s'accroche à l'extérieur aux volutes de fumée dégagée de son cigare. Pendant ce temps, Gina souffre, sue, imite le petit chien, hurle et souffle le poids libéré. Il est né le divin enfant...Cécile Leterme interprète avec vérité et dérision Gina. Elle l'habille du sentiment de soi qu'éprouve chaque femme voyant les années défiler en n'ayant jamais eu l'idée qu'un jour, elle puisse devenir maman.Mise en scène très contextuelle qui reflète sans nul doute les femmes d'aujourd'hui, actives et contemporaines. L'énergie dévolue au rôle de Gina enthousiasme, la femme n'est plus un clair-obscur objet du désir, cette chose qui appartient à l'homme. Cécile Leterme est une belle ambassadrice des femmes d'aujourd'hui.Récits de femmes, c'est aussi l'histoire de certaines femmes qui vivent prostrées chez elles par leur mari ou compagnon. Marie incarne l'épouse parfaite : elle tolère les parties de jambes en l'air de son mari avec ses maitresses jusque dans ses propres draps. Un couple complètement libéré sexuellement parlant. Libéré certes, mais à sens unique. Son mari la cloitre à double tour dans l'appartement. Elle a pour confidente sa voisine d'en face à laquelle elle raconte sa vie, ses aléas conjugaux. Un clin d'il à l'isolement dans lequel sont malheureusement confrontées de nombreuses femmes. Leur sort et leur quotidien alternent encore beaucoup du bon vouloir de leur moitié fiscale.Lasse, Marie exprime son ras-le-bol par ses sempiternelles tentatives de suicide échouées à chaque fois. Elle manifeste colère et désappointement à son volage et libertin de mari. Ce dernier entend bien, mais rétorque qu'il a besoin de s'exprimer sexuellement avec de nouvelles conquêtes, c'est vital pour son bien-être. D'ailleurs, il lui dit avec conviction et sans porte-voix : "Tu es la seule femme dont je ne puisse pas me passer, c'est toi la plus chère que j'ai au monde, mon refuge le plus sûr, tu es comme ma mère"...Sur ce dernier mot, Marie en a trop entendu. Elle décide de changer du tout au tout. Cela commence par la garde-robe : achats impulsifs et spontanés de robes échancrées, des tenues affriolantes à éveiller les sens de tout homme normalement sentimentalisé.Un amant, elle en trouve un exemplaire rare : un professeur de physique nucléaire lequel pour se détendre chante du rock. Le mari considère jalousement cet impromptu du destin. Marie, sa femme, telle que déclarée le jour des noces, doit continuer de jouer son rôle d'épouse fidèle, dévouée aux servitudes conjugales en parallèle des fréquentations incessantes et avouées de son mari.La mise en scène de cette seconde partie de Récits de femmes soulève le débat des femmes maltraitées. Une maltraitance psychologique qui perdure et laquelle le temps passant s'anime en une maltraitance physique. Situations qui s'enveniment jusqu'à venir noircir de quelques lignes la rubrique des faits divers.Sylvain Savard caricature avec dextérité et application le mari libertin, enclin à des amours répétées qui n'en sont pas. Ses maitresses sont l'objet d'un désir sexuel temporel, un assouvissement à la jouissance de derrière un buisson, un petit coup et puis s'en va. Le comédien excelle dans ce rôle et déploie une énergie constante, même terrassé par la nouvelle que lui invective Marie.Lou Tordjman accuse la condition des femmes soumises à la subordination voulue par leur mari. Un regard éclairé par la présence de cette voisine à laquelle elle tient paroles et confidences. Lou Tordjman manie le texte de Dario Fo et Franca Rame en donnant l'appoint à cette vie de misère morale dans laquelle elle ne peut que se conforter. Une magnifique interprétation de la comédienne dont le talent n'est plus à présenter au théâtre comme au cinéma où elle a joué dans Les Misérables de Claude Lelouch et Hommes-Femmes mode d'emploi d'Yves Boisset.La mise en scène de Dimitri Dubreucq dans les deux parties de Récits de femmes est poignante, émouvante, sensuelle et tellement d'actualité. Une mise en scène de bel facture, des chansons italiennes en sommaire et en épilogue de cette pièce très justement choisies. L'accueil des gens du Théâtre Le Funambule fut agréable et courtois.Récits de femmes, un beau texte servi par de très bons comédiens, une mise en scène ajustée à l'amour al dente, les chansons italiennes soulignent une dolce vita acidulée, le tout joué dans un charmant théâtre montmartrois, Le Funambule Théâtre.
Tous les ingrédients sont réunis pour passer une bonne soirée à regarder cette pièce de théâtre où les femmes ont leurs mots à dire.Justement, dans la première partie de Récits de femmes, c'est Gina qui raconte ses amours heureux ou malheureux avec son compagnon du moment. Tout dépend de quel côté se place le spectateur ou la spectatrice. Des hommes, Gina en a eu autant qu'elle le désirait ou qu'eux la désiraient. L'addition se lit de haut en bas et de bas en haut. Gina, une femme à la vie ordinaire dans l'Italie des années 70, une femme traversée d'histoires sans histoire.Derrière le rideau, des corps s'agitent dans un empressement soudain, des voix s'échappent des râles chauds et langoureux. Gina ne sait plus trop ce qu'elle doit faire à cet instant : faire l'amour pour de vrai ou jouir pour de faux. Ce dont elle n'a pas du tout envie, c'est d'être enceinte. La pilule lui causant des nausées, elle ne la prend plus. Le truc en caoutchouc qui va et vient au creux de ses reins, lui coupe toute envie émergente. Le risque zéro n'existe plus en pareilles circonstances. Se faire grimper dessus la lasse, califourchonner les redondances de son compagnon, pas plus que ça.Gina a atteint l'âge canonique pour espérer ne pas avoir d'enfant, la quarantaine. Pourtant, les choses de la vie contredisent le temps. La grossesse s'installe, le corps se métamorphose progressivement, les seins augmentent de volume, le ventre s'arrondit.Pour l'accouchement, le géniteur ne s'est pas osé à rester au côté de Gina dans la salle de travail. Tenaillé par cet évènement imprévu, il s'accroche à l'extérieur aux volutes de fumée dégagée de son cigare. Pendant ce temps, Gina souffre, sue, imite le petit chien, hurle et souffle le poids libéré. Il est né le divin enfant...Cécile Leterme interprète avec vérité et dérision Gina. Elle l'habille du sentiment de soi qu'éprouve chaque femme voyant les années défiler en n'ayant jamais eu l'idée qu'un jour, elle puisse devenir maman.Mise en scène très contextuelle qui reflète sans nul doute les femmes d'aujourd'hui, actives et contemporaines. L'énergie dévolue au rôle de Gina enthousiasme, la femme n'est plus un clair-obscur objet du désir, cette chose qui appartient à l'homme. Cécile Leterme est une belle ambassadrice des femmes d'aujourd'hui.Récits de femmes, c'est aussi l'histoire de certaines femmes qui vivent prostrées chez elles par leur mari ou compagnon. Marie incarne l'épouse parfaite : elle tolère les parties de jambes en l'air de son mari avec ses maitresses jusque dans ses propres draps. Un couple complètement libéré sexuellement parlant. Libéré certes, mais à sens unique. Son mari la cloitre à double tour dans l'appartement. Elle a pour confidente sa voisine d'en face à laquelle elle raconte sa vie, ses aléas conjugaux. Un clin d'il à l'isolement dans lequel sont malheureusement confrontées de nombreuses femmes. Leur sort et leur quotidien alternent encore beaucoup du bon vouloir de leur moitié fiscale.Lasse, Marie exprime son ras-le-bol par ses sempiternelles tentatives de suicide échouées à chaque fois. Elle manifeste colère et désappointement à son volage et libertin de mari. Ce dernier entend bien, mais rétorque qu'il a besoin de s'exprimer sexuellement avec de nouvelles conquêtes, c'est vital pour son bien-être. D'ailleurs, il lui dit avec conviction et sans porte-voix : "Tu es la seule femme dont je ne puisse pas me passer, c'est toi la plus chère que j'ai au monde, mon refuge le plus sûr, tu es comme ma mère"...Sur ce dernier mot, Marie en a trop entendu. Elle décide de changer du tout au tout. Cela commence par la garde-robe : achats impulsifs et spontanés de robes échancrées, des tenues affriolantes à éveiller les sens de tout homme normalement sentimentalisé.Un amant, elle en trouve un exemplaire rare : un professeur de physique nucléaire lequel pour se détendre chante du rock. Le mari considère jalousement cet impromptu du destin. Marie, sa femme, telle que déclarée le jour des noces, doit continuer de jouer son rôle d'épouse fidèle, dévouée aux servitudes conjugales en parallèle des fréquentations incessantes et avouées de son mari.La mise en scène de cette seconde partie de Récits de femmes soulève le débat des femmes maltraitées. Une maltraitance psychologique qui perdure et laquelle le temps passant s'anime en une maltraitance physique. Situations qui s'enveniment jusqu'à venir noircir de quelques lignes la rubrique des faits divers.Sylvain Savard caricature avec dextérité et application le mari libertin, enclin à des amours répétées qui n'en sont pas. Ses maitresses sont l'objet d'un désir sexuel temporel, un assouvissement à la jouissance de derrière un buisson, un petit coup et puis s'en va. Le comédien excelle dans ce rôle et déploie une énergie constante, même terrassé par la nouvelle que lui invective Marie.Lou Tordjman accuse la condition des femmes soumises à la subordination voulue par leur mari. Un regard éclairé par la présence de cette voisine à laquelle elle tient paroles et confidences. Lou Tordjman manie le texte de Dario Fo et Franca Rame en donnant l'appoint à cette vie de misère morale dans laquelle elle ne peut que se conforter. Une magnifique interprétation de la comédienne dont le talent n'est plus à présenter au théâtre comme au cinéma où elle a joué dans Les Misérables de Claude Lelouch et Hommes-Femmes mode d'emploi d'Yves Boisset.La mise en scène de Dimitri Dubreucq dans les deux parties de Récits de femmes est poignante, émouvante, sensuelle et tellement d'actualité. Une mise en scène de bel facture, des chansons italiennes en sommaire et en épilogue de cette pièce très justement choisies. L'accueil des gens du Théâtre Le Funambule fut agréable et courtois.Récits de femmes, un beau texte servi par de très bons comédiens, une mise en scène ajustée à l'amour al dente, les chansons italiennes soulignent une dolce vita acidulée, le tout joué dans un charmant théâtre montmartrois, Le Funambule Théâtre.
Philippe Delhumeau
19/09/2010
AVIGNON
L'Optimist
Mise en scène de Alain Illel
Ce spectacle est une invitation intimiste dans la vie de Juliette Gréco. On apprend que Juliette est danseuse avant d'être chanteuse et comédienne. Elle chante surtout à St Germain des Prés. C'est une muse entourée de Sartre, Simone de Beauvoir, Vian, Prévert, Piccoli, Mile...
L'avis de Geneviève Brissot
L'Optimist
AVIGNON
Gréco, la vie d'une jolie môme
de Dominique BethuneMise en scène de Alain Illel
Ce spectacle est une invitation intimiste dans la vie de Juliette Gréco. On apprend que Juliette est danseuse avant d'être chanteuse et comédienne. Elle chante surtout à St Germain des Prés. C'est une muse entourée de Sartre, Simone de Beauvoir, Vian, Prévert, Piccoli, Mile...
L'avis de Geneviève Brissot
AVIGNON
Pierre De Lune
la méthode Sherlock
de Paul Spera,andrea Redavid
Mise en scène de Andrea Redavid,paul Spera
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la méthode Sherlock
de Paul Spera,andrea Redavid
Mise en scène de Andrea Redavid,paul Spera