Lettres à Thomas
de Marie Morel
Mise en scène de Laurent Nennig
Avec Béatrice Boulanger
L'amour de Marie et Thomas, entre peinture et violence.
Voilà un spectacle qui ne vous laissera pas de marbre. Et pas seulement parce que Béatrice Boulanger, la seule comédienne, est entièrement nue, allongée sur le dos. Au commencement, toutefois, elle n’est pas seule : alors que le public s’installe dans la salle dans une demi obscurité et que des sons étranges s’élèvent dans la pénombre, un homme, sur scène, prend soin d’encorder la jeune femme, immobile, selon une méthode ancestrale : le Shibari.Cet encordage particulier a débuté, apprendra-t-on plus tard du metteur en scène, Laurent Nennig, "trois quarts d’heure auparavant, après un long moment de concentration" : la technique, qui remonte très loin dans les siècles passés, a évolué au fil du temps pour devenir aujourd’hui une spécialité érotique japonaise. La place de chaque nud, qui ne doit absolument rien au hasard, est sensée, nous expliquera-t-il, faire pression sur des centres d’énergie particuliers du corps, procurant à la personne ainsi ligotée, un certain plaisir.C’est donc dans cet état de soumission qu’on veut bien croire agréable, que la comédienne va peu à peu se mouvoir, doucement, tout en délivrant de sa voix rauque et sensuelle, durant une heure, quelques morceaux choisis des "lettres" de Marie Morel, artiste peintre contemporaine, à Thomas, son amant. En parallèle, des vidéos sont diffusées en fond de scène où l’on voit, notamment, des images tournées en direct de ce qui se joue sur la scène, créant une sorte de jeu de miroirs entre le réel et l’imaginaire.La comédienne, elle, continue doucement, à dire ces lettres. Les mots, parfois crus, relatent une relation sadomasochiste, "un amour sans limite", préfère qualifier le metteur en scène. À déconseiller, dans tous les cas, aux plus jeunes. Et aux âmes sensibles. Pour les autres, cet "objet scénique" est à vivre comme une expérience qui vous transporte à mille lieues de ce qui se joue habituellement en Avignon. Du moins, dans le Off.
Mathieu Girandola
19/07/2010
En raison de la configuration de la salle, en longueur, il est préférable, pour apprécier le spectacle, de se placer dans les premiers rangs.
Ce spectacle est extrait de Lettres à Thomas de Marie Morel publié chez "L'OEuf sauvage".
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