C'est un choix subjectif, son florilège hétéroclite à lui, à Laurent Terzieff. Et cela se sent dans cet inoubliable spectacle : Laurent Terzieff, avec sa gueule et sa force brutale sur scène, donne à entendre ces textes dans une incroyable clarté, née d'une relation intime entre lui et ces poèmes. Il cisèle chaque phrase, chaque ver, chaque mot pour en rendre toute la saveur et tout le sens.Bien sûr, ce spectacle demande au public une grande qualité de concentration, une grande écoute aussi. Mais la voix de Laurent Terzieff nous tient au cœur et, par la main, nous entraîne dans les méandres poétiques de ces mots venus d'ailleurs, de plus loin que nous même. Le comédien est à la fois très sobre, et extraordinairement poignant. Le public écoute dans un silence religieux ces mots, nés de différentes plumes (Adamov, Hölderlin, Rilke, Cendras, Heine, Gœthe, Neruda, Pœ, Desnos, Aragon), que Laurent Terzieff fait siens pour nous les donner. Pour que nous nous les approprions à notre tour.Laurent Terzieff ne se contente pas de dire ce Florilège. Le spectacle est aussi visuel. Rarement avions-nous vu un aussi beau travail sur la lumière. La lumière comme une ambiance, comme un décor, comme un costume, la lumière comme un voyage dans la poésie.Le son, lui aussi, participe à ce voyage. Parfaitement réglé pour soutenir la voix de Laurent Terzieff, le petit microphone permet justement au comédien d'avoir une liberté d'interprétation sans limites. Tandis que les musiques et les sonorités laissent des espaces de respiration indispensables à l'écoute.Au Lucernaire, Laurent Terzieff nous fait partager son Florilège que nous emportons, encore longtemps après, dans nos cœurs. Merci.