Vous ne comprenez rien à mon titre ? C’est normal ! Si vous voulez une explication, deux possibilités s’offrent à vous. La première : trouver un dictionnaire d’argot lyonnais et y chercher ces savoureux vocables ; la seconde : vous rendre au théâtre des Célestins et les entendre, directement dans leur contexte, avec l’accent lyonnais s’il vous plaît ! Au lieu de vous intriguer avec ces devinettes légères, j’aurais certes pu vous dire que Les Embiernes commencent, c’est un spectacle de marionnettes, et, plus exactement, de Guignol. Mais j’ai craint que vous ne vous attendiez à l’une de ces farces niaises au schéma stéréotypé et à l’humour grossier. Or, c’est là un divertissement plus élaboré que nous propose Emilie Valantin. Le comique est bien farcesque, avec les quiproquos, les gestes caricaturaux et les gaffes qui ont fait la réputation de ce Lyonnais de Guignol, mais il s’accompagne d’un texte pittoresque, qui réjouit le public du début à la fin. L’argot des gones et les bons mots du facétieux Guignol et de ses acolytes sont en effet truculents ; d’autant que les quatre marionnettistes mettent du cœur à l’accent !Accompagnés par un pianiste de talent, dont la partition souligne parfaitement les rebondissements des trois intrigues qui sont données, ces artistes de l’ombre s’activent pendant près d’une heure et demi pour notre simple plaisir. Et je peux vous dire que c’est physique ! Porter les petites figurines (sculptées par Emilie Valantin elle-même) à bout de bras et les faire évoluer au sein du décor durant toute la représentation, ce n’est pas du sport ça ? Surtout lorsqu’il faut, en même temps, restituer le texte et enjamber les obstacles dans l’espace exigu des coulisses. Cela dit, leurs efforts ne sont pas peine perdue : le résultat nous ravit. Les décors et marionnettes sont très réussis, de la belle couleur ocre-rosé des immeubles de carton-pâte, qui représentent le vieux Lyon, aux visages bouffons des pantins, qui font rire dès leur apparition sur scène. L’ensemble retrouve l’âme des spectacles de guignol, tout en lui insufflant un petit air nouveau, un peu plus sophistiqué et plus actuel. Eh oui, Guignol aussi veut ses RTT maintenant ! Pas nous : on préfère qu’il reste sur la scène des Célestins quelques temps encore !