




Une Femme seule

de Dario Fo, Franca Rame
Mise en scène de Philippe Chauveau
Avec Hélène Bernard
Dario Fo n’est pas un tiède, de ceux qui transigent avec les faux-semblants, les arrangements délétères. Il est du côté des victimes et des hommes fragilisés, de la révolte, de la protestation ; Et chez lui, ce n’est ni un mot ni une parure... Dario Fo, un homme qui ne louvoie pas, ne transige pas... Le sens du rire de l’artiste tragique. L’art du bateleur puisant dans la farce ce qu’elle a d’irrémédiablement et puissamment corrosif, et cette vraie tendresse pour les petites gens, les opprimés et les bafoués. Prix Nobel de littérature mais non récupéré.
Avec Une Femme seule, le Théâtre du Funambule, métamorphosé, repeint, tout neuf, désormais agréable par l’accueil jeune, chaleureux de Sandra Everro et Julien Heteau qui ont toute l’énergie de la jeunesse, la foi et la passion, une ligne théâtrale sans enfermements, il y a rendez-vous avec LE théâtre. Une heure dix formidable ! Un train d’enfer ! Un maelström ! Une Hélène Bernard dans le rôle de Maria, étonnante, juste... et d’une telle légèreté physique ! Le sens de la danse et du burlesque, l’énergie qui épouse la profondeur, une bulle de savon dans l’arc-en-ciel ! Maria, c’est elle, La femme seule. Seule ? A première vue, pas vraiment. Autour d’elle, Aldo le mari, fruste, machiste et possessif maintenant sa femme enfermée ; son bébé, accessoire indispensable pour cimenter l’esclavage de la mère ne parvenant tout de même pas à donner tout le sens ; le beau-frère, grabataire et vieil obsédé obscène à la main baladeuse ; le sale cochon vomissant au téléphone les propositions les plus salaces sans soupçonner dans quel bourbier il patauge lui-même ; le voyeur... Bérézina de l’amour ; mais elle, passant du repassage au lessivage, de la télévision à la radio, au téléphone omniprésent, poussée par un instinct vital, cherche à bien faire, désespérément...Hélène Bernard, mise en scène par Philippe Chauveau qui dit d’elle, et on le croit volontiers, "qu’elle est ce genre de pâte à modeler avec laquelle on prend beaucoup de plaisir à travailler", conjugue une série de qualités rarement concentrées à tel point. Sens du texte, remarquable mime, danseuse accomplie jusqu’à l’érotisme, avec un sens du rythme peu ordinaire chez bien des comédiens, sens du comique, sens du tragique. De Phèdre à Feydeau. Grandes possibilités de métamorphoses plastiques. Hélène Bernard change de visage, d’allure, et emporte le public dans le tourbillon d’un quotidien vide manifestant tout l’univers terriblement perspicace de Dario Fo, sans se perdre. Avec une diction parfaite, sans bouler, elle fait passer "cet esprit positif qu’il s’agit d’avoir en toute circonstance... Rien n’est grave, sauf si on le décide, ce que fait Maria à la fin... L’humour est une arme extraordinaire face à l’oppression", déclare-t-elle. Et par son travail d’actrice ni scolaire ni laborieux, elle convainc haut la main !Avec Une Femme seule, le public qui peut pressentir la fragilité de Maria derrière sa joie de vivre rencontre, au travers de ses répliques admirablement écrites par Dario Fo et Franca Rame, le moyen de se voir lui aussi plus ou moins projeté dans l’absurde que nos sociétés génèrent : rythme fou, incommunicabilité, surcharge, effritement du moi, béances malgré la volonté d’une foi dans la vie. Maria est bouleversante car avec ses petits moyens, en dépit de la confiscation par différents pouvoirs d’une éducation éventuellement libératrice, elle cherche à vivre, à résister, quitte, paradoxalement, finalement, à se perdre. C’est de main de maître qu’Hélène Bernard fait accéder le public au travail dramaturgique du contestataire Dario Fo, et pour son plus grand plaisir. Accessible à tous et lisible à tant de niveaux !
Marie-José Pradez
09/11/2006

AVIGNON
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PARIS
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