Les Cocottes se soignent, certes, mais surtout, les cocottes nous soignent : avec des textes aux petits oignons, ces trois jeunes femmes dynamiques nous font oublier nos soucis pendant une heure et demie. Réunies dans la salle d’attente d’un gynécologue, la nymphomane, l’épouse sage et coincée (quoique...) d’un diplomate et la secrétaire futile dudit gynécologue (son mari, soit dit en passant) échangent quelques propos anodins. Puis, de banalités en méchancetés, elles en viennent aux confidences. Et quand les femmes se confient, ça déménage ! Tout y passe : les maris inconstants (ou "cornichons"), les amants trop pressés, les pères aux abonnés absents, les envies de bébé, les rêves de petites filles et les désillusions de femmes, bref, la vie, tout simplement.Rien de bien original, direz-vous. Eh bien si ! Dire les petits riens de la vie n’est pas en soi original, mais ce qui l’est à coup sûr, c’est la façon dont ces trois comédiennes en parlent. Leurs textes sont drôles et, surtout, ils sont joliment mis en musique. Car ces cocottes-là sont, en plus, musiciennes ! Une guitare, un violon, ainsi que toutes sortes d’instruments insolites les accompagnent pour chanter leurs confidences. Passant de l’humour le plus léger à une ironie relativement grinçante parfois, elles enchaînent les chansonnettes avec aisance. Chaque morceau nous révèle un peu plus de leurs personnalités et de leurs secrets. Et quels secrets ! Séances de psy pour l’une, concours de karaoké pour une autre... C’en est trop, nous sommes séduits.De chanson en dialogue, elles nous convainquent de plus en plus au cours de la soirée, nous faisant entrer dans leur petit monde sans prétention. Le spectacle va, en effet, crescendo : les airs sont de plus en plus entraînants et les paroles de plus en plus profondes et intimes. A mesure que les voix montent en puissance, les corps se libèrent et se déchaînent eux aussi ; et ça fait du bien, comme le constate la secrétaire. C’est comme ça qu’elles se soignent les cocottes : en dansant, en chantant, en jouant leurs airs et leur comédie. Alors, si vous êtes un peu déprimés, allez vous faire soigner chez Lulu, sur la colline. Là-haut, le chant des cocottes n’a rien à voir avec celui des sirènes ; c’est une thérapie par le rire.