Mohamed, prends ta valise !
de Kateb Yacine
Mise en scène de Michel Véricel
Avec Alain Bert, Michel Véricel, Akain Bauguil, Laetitia Chalandon, Anna Kupfer
Mohamed au pays du manichéisme.
Mohamed prend sa valise et vient travailler en France où il est exploité, rejeté, dénigré, accusé à tort et condamné... Rien que ça ! Non, ce n’est pas tout : Mohamed prend sa valise et retourne dans son Algérie natale... où il est mal accueilli, trompé et exploité de nouveau... Il reprend donc sa valise et repart pour la France... Tel est le sujet de Mohamed, prends ta valise ! de Kateb Yacine. L'auteur ne fait pas dans la dentelle pour dénoncer l’aliénation des Algériens, harkis ou nouveaux arrivants, qui travaillent en France ou tentent de survivre dans leur pays. Mohamed représente tous ces immigrés qui n’ont de place nulle part. L’époque est floue, on devine vaguement la France de l’après Seconde Guerre mondiale puis l’Algérie du début de l’indépendance. Peu importe, la pièce se fait d’autant mieux parabole, traitant de thèmes universaux : l’immigration, le déracinement, l’exclusion. Le message passe clairement. Trop clairement peut-être.A trop vouloir montrer le malheur de cette génération d’Algériens expatriés, l’auteur en oublie de nuancer son propos et sombre dans la caricature : tous les Français présents sur scène, quelle que soit leur classe sociale, sont xénophobes et inhospitaliers ; tous les dirigeants, français ou autres, sont des esclavagistes impitoyables. Au spectateur de se débrouiller avec ce discours critique univoque ! A lui de trouver le second degré dans les répliques extrémistes des protagonistes ("La France aux Français !"). Le principe de la caricature à outrance peut faire sourire, faire rire (jaune) mais peut aussi agacer. Où sont donc passer les "gentils" ? Mohamed est-il la seule brebis égarée au milieu de ce monde de "méchants" ?
C’est ce que semblent suggérer les saynètes qui s’enchaînent rapidement, ponctuées de transitions musicales. Chaque tableau, parlé ou chanté, présente Mohamed écrasé par la fatalité. Il subit tout le temps. Qu’il décide de rentrer au pays et de prendre son destin en main (en vendant la viande de son âne, notamment), il est bien vite rattrapé par les exploitants de pétrole qui dirigent tout. Mohamed est un bouc émissaire. Et le problème, c’est qu’on a du mal à compatir. On n’a pas le temps d’entrer en sympathie avec ce personnage. La petite heure de spectacle ne permet pas d’entrer dans son monde et de s'attacher à lui ; pas plus qu’aux autres personnages, ombres trop fugitives. La fragmentation de la pièce en courtes scènes, parfois décousues, n'y aide pas non plus. Seule la femme de Mohamed, Aïcha, interprétée avec enthousiasme par Anna Kupfer, réussit à plonger le spectateur dans l’ambiance du bled. Ses chants empreints d’une joyeuse mélancolie sont les seuls moments vraiment séduisants. Dommage qu’ils soient si rares et si fugaces. L’impression finale est faite de déception et de frustration.La mise en scène est parsemée de bonnes idées qui sont mal exploitées. Le mélange de dialogues, de chants et de danse aurait pu être heureux ; la juxtaposition de saynètes aurait pu plaire par sa vivacité. Au lieu de cela, le spectacle semble disloqué et artificiel. Le sujet paraissait pourtant intéressant et laissait attendre une pièce de théâtre touchante. Malheureusement, l’émotion, elle aussi, a pris sa valise...
C’est ce que semblent suggérer les saynètes qui s’enchaînent rapidement, ponctuées de transitions musicales. Chaque tableau, parlé ou chanté, présente Mohamed écrasé par la fatalité. Il subit tout le temps. Qu’il décide de rentrer au pays et de prendre son destin en main (en vendant la viande de son âne, notamment), il est bien vite rattrapé par les exploitants de pétrole qui dirigent tout. Mohamed est un bouc émissaire. Et le problème, c’est qu’on a du mal à compatir. On n’a pas le temps d’entrer en sympathie avec ce personnage. La petite heure de spectacle ne permet pas d’entrer dans son monde et de s'attacher à lui ; pas plus qu’aux autres personnages, ombres trop fugitives. La fragmentation de la pièce en courtes scènes, parfois décousues, n'y aide pas non plus. Seule la femme de Mohamed, Aïcha, interprétée avec enthousiasme par Anna Kupfer, réussit à plonger le spectateur dans l’ambiance du bled. Ses chants empreints d’une joyeuse mélancolie sont les seuls moments vraiment séduisants. Dommage qu’ils soient si rares et si fugaces. L’impression finale est faite de déception et de frustration.La mise en scène est parsemée de bonnes idées qui sont mal exploitées. Le mélange de dialogues, de chants et de danse aurait pu être heureux ; la juxtaposition de saynètes aurait pu plaire par sa vivacité. Au lieu de cela, le spectacle semble disloqué et artificiel. Le sujet paraissait pourtant intéressant et laissait attendre une pièce de théâtre touchante. Malheureusement, l’émotion, elle aussi, a pris sa valise...
Caroline Vernisse
16/03/2005
Notez-le. La pièce est tirée de Boucherie de l'espérance, Mohamed, prends ta valise et La Guerre de 2000 ans de Kateb Yacine.
AVIGNON
L'ORIFLAMME
Mise en scène de Martin Kidermans
Fleur, fille d'Ariane, veut connaître d'où elle vient. Elle n'a jamais connu sa mère, juste son père qui lui, refuse de répondre à ses questions. Par un concours de circonstance, elle apprend que Léonardo a bien connu ses parents. Elle invente un motif de rencontre, et enfin...
L'avis de Geneviève Brissot
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AVIGNON
la fille d'Ariane
de Martin KidermansMise en scène de Martin Kidermans
Fleur, fille d'Ariane, veut connaître d'où elle vient. Elle n'a jamais connu sa mère, juste son père qui lui, refuse de répondre à ses questions. Par un concours de circonstance, elle apprend que Léonardo a bien connu ses parents. Elle invente un motif de rencontre, et enfin...
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