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Haute Surveillance
de Jean Genet
Mise en scène de Cédric Gourmelon
Avec Sébastien Pouderoux, Christophe Montenez, Jérémy Lopez, Pierre-Louis Calixte
-
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Du 16/09/2017 au 29/10/2017
18h30.
Studio-Théâtre de la Comédie-Française
Galerie du Carrousel du Louvre
75001 PARIS
01 44 58 98 58
Site Internet
Après Le Balcon et Les Bonnes, La Comédie-Française donne Haute-Surveillance de Jean Genet. C’est un diamant noir qui s’offre au public et qui mériterait une captation.
Peut-on imaginer le sourire de Molière dans sa moustache fleurie ? Moi, je l’imagine très bien. Et pour deux raisons. La première, c’est qu’une de ses salles « donne la comédie » à deux pas de la pyramide inversée du Louvre. Quelle modernité ! La seconde, c’est que sa "Maison" a eu le courage d’inscrire à son répertoire la liturgie Jean Genet.
Plongés dans les ténèbres, Cédric Gourmelon et son scénographe, Mathieu Lorry-Dupuy, nous font espérer la lumière. On distingue à peine le maton de service balayant le sol. Puis les trois taulards se pointent devant nous, leurs visages à demi- éclairés. Introibo ad altare Dei… L’office peut commencer. Et quel office ! Hiératiques, Yeux-Verts échangent avec Maurice et Lefranc. Maurice, c’est le plus jeune : belle gueule d’ange, muscles saillants sous son Tshirt gris, voix indécise. Lefranc, taciturne, tournant le dos au public, rumine quelque chose. Ils lutteront petit à petit, mais c’est une lutte avec des mots, se disputant l’héritage affectif de celui qui, condamné à mort, s’apprête à monter à l’échafaud. La pègre le considère comme un saint. Et Maurice est follement amoureux de Yeux-Verts. Dans le monde carcéral, chacun a son maître et il est son maître. Quelqu’un pourtant les dépasse tous : le grand caïd, Boule de Neige, qu’on ne voit jamais mais omniprésent. "Il est noir et éclaire deux mille cellules." Il a donc tout du grand sorcier. Lefranc, le troisième larron de la cellule, serait prêt à l’invoquer, car il est fou de jalousie. Fou de jalousie pour la passion que Maurice nourrit à l’égard d’Yeux-Verts. Mais cette passion n’a rien de commun avec les amours d’homosexuels, comme elles pullulent dans le milieu carcéral. Il en est de même pour la jalousie de Lefranc.
L’histoire est plus compliquée. Yeux-Verts n’est rattaché à l’extérieur que par la correspondance qu’il entretient avec sa femme. Or il est analphabète et il a besoin de Lefranc qui est le seul à savoir tourner une lettre. Dur le registre amoureux, celui-ci visiblement en rajoute, si bien que l’image de cette femme devient le champ clos de leurs fantasmes. Et surtout des fantasmes de Maurice qui ne cesse de talonner Yeux-Verts, lequel s’est fait tatouer le portrait de la belle inconnue. A la demande de Maurice, Yeux-Verts accepte de soulever son Tshirt et de montrer sa poitrine. Est-ce pour le tatouage ou pour… Maurice, en tous cas, s’abime dans une semi-adoration.
Un tel amour, amour par procuration, s’épure au fur et à mesure de l’action. Le langage a la pureté du cristal. Et, tandis que la logique se dilue, la pièce devient un poème à trois voix, avec, pour point d’ancrage, l’arrivée de la musique. D’abord en fond sonore, puis comme un personnage à part entière. C’est le Stabat Mater de Vivaldi.
Certains regretteront un manque d’action, au bénéfice justement de cette splendeur cérémonielle. Mais Cédric Gourmelon qui connaît bien Jean Genet et qui en a monté déjà trois pièces n’a fait que suivre à la ligne, évitant le piège de l’Actor Studio et du naturalisme bas-étage de la production newyorkaise, qui avait tant déplu à l’auteur. Pour ce qui est de la distribution deux sociétaires et deux pensionnaires elle reflète La Comédie-Française de 2017. Sébastien Poudroux (Yeux-Verts) avec sa barbe de prophète et on sait ce qu’un prophète signifie en prison ! inspire sans ambiguïté le respect. Il défend le pré carré de sa solitude. Tout en sachant que le monde est fini pour lui, il s’aperçoit qu’il a encore quelques comptes à régler. On le sent cependant déjà au-delà du miroir. Christophe Montenez (Maurice) a le besoin viscéral d’aimer, un point c’est tout. Il est fragile, touchant et prêt lui aussi à monter au sacrifice – le sacrifice par amour ! Jérémy Lopez (Lefranc), avec son caractère taciturne, a la dureté de l’obsidienne. Il est implacable. Explosera-t-il ? Pierre Louis-Calixte (le maton) est ni plus ni moins qu’un décor vivant : il sue la prison et modère sa perversité de quelques moments d’empathie. La scénographie de Mathieu Lorry-Dupuy vaut d’être citée : elle est sobre et d’uns efficacité en parfaite harmonie avec les costumes de Cidalia Da Costa.
Haute-Surveillance se regarde. Mais, au bout d’un quart d’heure, on se rend compte que l’action n’est plus sur scène. Elle se joue à l’intérieur de nous et ne cesse de nous questionner.
Plongés dans les ténèbres, Cédric Gourmelon et son scénographe, Mathieu Lorry-Dupuy, nous font espérer la lumière. On distingue à peine le maton de service balayant le sol. Puis les trois taulards se pointent devant nous, leurs visages à demi- éclairés. Introibo ad altare Dei… L’office peut commencer. Et quel office ! Hiératiques, Yeux-Verts échangent avec Maurice et Lefranc. Maurice, c’est le plus jeune : belle gueule d’ange, muscles saillants sous son Tshirt gris, voix indécise. Lefranc, taciturne, tournant le dos au public, rumine quelque chose. Ils lutteront petit à petit, mais c’est une lutte avec des mots, se disputant l’héritage affectif de celui qui, condamné à mort, s’apprête à monter à l’échafaud. La pègre le considère comme un saint. Et Maurice est follement amoureux de Yeux-Verts. Dans le monde carcéral, chacun a son maître et il est son maître. Quelqu’un pourtant les dépasse tous : le grand caïd, Boule de Neige, qu’on ne voit jamais mais omniprésent. "Il est noir et éclaire deux mille cellules." Il a donc tout du grand sorcier. Lefranc, le troisième larron de la cellule, serait prêt à l’invoquer, car il est fou de jalousie. Fou de jalousie pour la passion que Maurice nourrit à l’égard d’Yeux-Verts. Mais cette passion n’a rien de commun avec les amours d’homosexuels, comme elles pullulent dans le milieu carcéral. Il en est de même pour la jalousie de Lefranc.
L’histoire est plus compliquée. Yeux-Verts n’est rattaché à l’extérieur que par la correspondance qu’il entretient avec sa femme. Or il est analphabète et il a besoin de Lefranc qui est le seul à savoir tourner une lettre. Dur le registre amoureux, celui-ci visiblement en rajoute, si bien que l’image de cette femme devient le champ clos de leurs fantasmes. Et surtout des fantasmes de Maurice qui ne cesse de talonner Yeux-Verts, lequel s’est fait tatouer le portrait de la belle inconnue. A la demande de Maurice, Yeux-Verts accepte de soulever son Tshirt et de montrer sa poitrine. Est-ce pour le tatouage ou pour… Maurice, en tous cas, s’abime dans une semi-adoration.
Un tel amour, amour par procuration, s’épure au fur et à mesure de l’action. Le langage a la pureté du cristal. Et, tandis que la logique se dilue, la pièce devient un poème à trois voix, avec, pour point d’ancrage, l’arrivée de la musique. D’abord en fond sonore, puis comme un personnage à part entière. C’est le Stabat Mater de Vivaldi.
Certains regretteront un manque d’action, au bénéfice justement de cette splendeur cérémonielle. Mais Cédric Gourmelon qui connaît bien Jean Genet et qui en a monté déjà trois pièces n’a fait que suivre à la ligne, évitant le piège de l’Actor Studio et du naturalisme bas-étage de la production newyorkaise, qui avait tant déplu à l’auteur. Pour ce qui est de la distribution deux sociétaires et deux pensionnaires elle reflète La Comédie-Française de 2017. Sébastien Poudroux (Yeux-Verts) avec sa barbe de prophète et on sait ce qu’un prophète signifie en prison ! inspire sans ambiguïté le respect. Il défend le pré carré de sa solitude. Tout en sachant que le monde est fini pour lui, il s’aperçoit qu’il a encore quelques comptes à régler. On le sent cependant déjà au-delà du miroir. Christophe Montenez (Maurice) a le besoin viscéral d’aimer, un point c’est tout. Il est fragile, touchant et prêt lui aussi à monter au sacrifice – le sacrifice par amour ! Jérémy Lopez (Lefranc), avec son caractère taciturne, a la dureté de l’obsidienne. Il est implacable. Explosera-t-il ? Pierre Louis-Calixte (le maton) est ni plus ni moins qu’un décor vivant : il sue la prison et modère sa perversité de quelques moments d’empathie. La scénographie de Mathieu Lorry-Dupuy vaut d’être citée : elle est sobre et d’uns efficacité en parfaite harmonie avec les costumes de Cidalia Da Costa.
Haute-Surveillance se regarde. Mais, au bout d’un quart d’heure, on se rend compte que l’action n’est plus sur scène. Elle se joue à l’intérieur de nous et ne cesse de nous questionner.
Pierre Breant
16/10/2017
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