Le Bal
de Irène Némirovsky
Mise en scène de Virginie Lemoine
Avec Lucie Barret, Brigitte Faure, Serge Noël, Françoise Miquelis, Pascal Vannson
Une étude de mœurs grinçante et le portrait d’une jeune fille qui s’épanouit, écrits par une auteure qui aurait marqué le siècle si elle n’avait péri à Auschwitz dans sa quarantième année.
Les Kampf sont des nouveaux riches qui doivent leur fortune à un coup de bourse. Eux, qui logeaient dans un trois-pièces obscur, se retrouvent dans un appartement somptueux du XVIe arrondissement, décoré dernier cri – c’est-à-dire à la mode 1920 avec des tableaux cubistes et des vases chinois. Le mobilier est improbable, mais il est sans doute signé. Un valet de chambre, en gilet jaune rayé, hante les lieux bien que sa présence agace la dame des céans, peu habituée aux domestiques. Assis et se regardant en chien de faïence, le couple est en tous cas d’accord sur une chose : que cet escogriffe à moustaches évite de frayer avec la jeune fille de la maison, ado un peu ingrate, habillée en écolière tablier bleu et épais croquenots. Les parents, afin d’asseoir leur position, ont décidé d’organiser un bal, avec deux cents personnes. Redondants, ils engagent Antoinette à faire de la pub’, tout en la privant de sa présence le Jour J.Or la gamine qui n’en est plus une mais ni le père, ni la mère ne s’en sont rendus compte se voyait déjà en robe vaporeuse au milieu du jardin des Hespérides. Chacun sait qu’il est peuplé de snobs, de faux marquis et même de gens peu recommandables. Car, si le jardin donne des pommes d’or, il est aussi peuplé de serpents. Antoinette pourtant n’y pense pas. Se sentant d’un seul coup frustrée, elle éprouve une honte pour ses parents et, rejetant toute hypocrisie, décide de leur mitonner une belle vengeance.
Virginie Lemoine a adapté la nouvelle d’Irène Némirovsky. Cette nouvelle fut déjà été porté à la scène et même au cinéma, avec Danielle Darrieux, en 1931. La mise en scène qui s’en suit est une vraie leçon de théâtre avec une direction d’acteurs et une gestuelle qui n’est pas sans rappeler Jacques Tati le Tati de Mon Oncle et, d’une certaine manière, le tandem Jérôme Deschamps/ Macha Makeïeff dans Les Petits Pas (Festival d’Avignon 1987). Le regard se veut cruel, surtout à l’égard de Rosine, la mère d’Antoinette, empêtrée dans ses perles et la robe de Poiret, toute d’argent, qui emprisonne sa poitrine rebelle. Brigitte Faure est plus qu’excellente et, sous la farce, atteint l’émotion. L’émotion d’une femme qui se sait vieillir et qui, avec ce bal, joue son va-tout. La richesse ne suffit pas : l’amant de poche est une denrée plus rare qu’une aiguille dans une botte de foin. Françoise Miquelis est ce prof’ de piano que nous avons tous connue, vieille fille frustrée, mais celle-ci savoure jusqu’à la lie les petites méchancetés, témoin cette manière de lamper le porto. Mais, là où elle est irrésistible, c’est lorsqu’elle croise les bras sur les genoux dans un charleston ébouriffant. Serge Noël en Alfred Kampf n’est pas si batailleur que cela malgré son nom Kampf signifie combat dans la langue de Gthe. Il a gardé la même réserve que dans le rôle de Mr Smith de La Cantatrice Chauve. Cet homme qui bout intérieurement est faible devant sa femme et, sans doute encore plus, devant sa fille, si la mère n’intervient pas.Lucie Barret, en Antoinette, mène le bal. Virginie Lemoine est allée la chercher dans Famille d’Accueil, le feuilleton télévisé qu’elles interprètent toutes les deux. Insistant sur le côté décalé du personnage, celui-ci joue un bon tour, comme une ado frondeuse. Elle veut simplement rire. Dans la nouvelle, le personnage est plus creusé. Plus intérieur. C’est le papillon qui sort de sa chrysalide et qui, d’un battement d’aile, bouleverse l’entourage. Tant pis pour ceux qui n’ont pas vu qu’Antoinette était devenue femme et qu’elle se sert des mêmes arguments que celles d’une femme ! Mais le parti pris de Virginie Lemoine se défend et on ne peut qu’admirer le travail cousu main sur chaque personnage, y compris Pascal Vannson, le valet de chambre, qui n’a pas beaucoup de texte, mais dont les mimiques en disent long.
Belle prestation de Grégoire Lemoine pour les décors, de Christine Chauvey pour les costumes, de Jean-Samuel Racine pour la musique !
Le Bal, malgré la courte carrière de l’auteure juive ukrainienne qui a eu le malheur de vivre dans l’Europe du Troisième Reich reste un modèle qui a inspiré le compositeur franco-argentin Oscar Strasnoy. L’opéra qu’il en a tiré a été créé à Hambourg en 2010. Et Irène Némirovsky, morte en camp de concentration, a repris vie à Paris, quand en 2004 le Renaudot lui a été décernée pour Suite Française.
Virginie Lemoine a adapté la nouvelle d’Irène Némirovsky. Cette nouvelle fut déjà été porté à la scène et même au cinéma, avec Danielle Darrieux, en 1931. La mise en scène qui s’en suit est une vraie leçon de théâtre avec une direction d’acteurs et une gestuelle qui n’est pas sans rappeler Jacques Tati le Tati de Mon Oncle et, d’une certaine manière, le tandem Jérôme Deschamps/ Macha Makeïeff dans Les Petits Pas (Festival d’Avignon 1987). Le regard se veut cruel, surtout à l’égard de Rosine, la mère d’Antoinette, empêtrée dans ses perles et la robe de Poiret, toute d’argent, qui emprisonne sa poitrine rebelle. Brigitte Faure est plus qu’excellente et, sous la farce, atteint l’émotion. L’émotion d’une femme qui se sait vieillir et qui, avec ce bal, joue son va-tout. La richesse ne suffit pas : l’amant de poche est une denrée plus rare qu’une aiguille dans une botte de foin. Françoise Miquelis est ce prof’ de piano que nous avons tous connue, vieille fille frustrée, mais celle-ci savoure jusqu’à la lie les petites méchancetés, témoin cette manière de lamper le porto. Mais, là où elle est irrésistible, c’est lorsqu’elle croise les bras sur les genoux dans un charleston ébouriffant. Serge Noël en Alfred Kampf n’est pas si batailleur que cela malgré son nom Kampf signifie combat dans la langue de Gthe. Il a gardé la même réserve que dans le rôle de Mr Smith de La Cantatrice Chauve. Cet homme qui bout intérieurement est faible devant sa femme et, sans doute encore plus, devant sa fille, si la mère n’intervient pas.Lucie Barret, en Antoinette, mène le bal. Virginie Lemoine est allée la chercher dans Famille d’Accueil, le feuilleton télévisé qu’elles interprètent toutes les deux. Insistant sur le côté décalé du personnage, celui-ci joue un bon tour, comme une ado frondeuse. Elle veut simplement rire. Dans la nouvelle, le personnage est plus creusé. Plus intérieur. C’est le papillon qui sort de sa chrysalide et qui, d’un battement d’aile, bouleverse l’entourage. Tant pis pour ceux qui n’ont pas vu qu’Antoinette était devenue femme et qu’elle se sert des mêmes arguments que celles d’une femme ! Mais le parti pris de Virginie Lemoine se défend et on ne peut qu’admirer le travail cousu main sur chaque personnage, y compris Pascal Vannson, le valet de chambre, qui n’a pas beaucoup de texte, mais dont les mimiques en disent long.
Belle prestation de Grégoire Lemoine pour les décors, de Christine Chauvey pour les costumes, de Jean-Samuel Racine pour la musique !
Le Bal, malgré la courte carrière de l’auteure juive ukrainienne qui a eu le malheur de vivre dans l’Europe du Troisième Reich reste un modèle qui a inspiré le compositeur franco-argentin Oscar Strasnoy. L’opéra qu’il en a tiré a été créé à Hambourg en 2010. Et Irène Némirovsky, morte en camp de concentration, a repris vie à Paris, quand en 2004 le Renaudot lui a été décernée pour Suite Française.
Pierre Breant
21/06/2017
AVIGNON
L'Optimist
Mise en scène de Dominique Fataccioli
deux couples, qui on le suppose vont bien, sont dans la norme, auront maison, chien, enfants, voiture. et puis il y a l'invitation, et là tout est chamboulé. Plus rien n'est acquis. L'amour ? quel amour ? un dîner et tout s'écroule. La vie est ainsi, rien n'est sûre,...
L'avis de Geneviève Brissot
L'Optimist
AVIGNON
Stabilité temporaire
de Grégoire AubertMise en scène de Dominique Fataccioli
deux couples, qui on le suppose vont bien, sont dans la norme, auront maison, chien, enfants, voiture. et puis il y a l'invitation, et là tout est chamboulé. Plus rien n'est acquis. L'amour ? quel amour ? un dîner et tout s'écroule. La vie est ainsi, rien n'est sûre,...
L'avis de Geneviève Brissot