Les Hommes
de Charlotte Delbo
Mise en scène de Florence Cabaret, Jeanne Signé
Avec Sabrina Bus, Séverine Cojannot, Pauline Devinat, Christine Liétot, Nathalie Lucas, Céline Pitault, Florence Tosi
Les Hommes, un témoignage historique bouleversant du destin de résistantes internées au fort de Romainville en 1942.
Charlotte Delbo, l'auteure de la pièce Les Hommes, est de ces femmes qui ont bravé l'occupant durant la Seconde Guerre mondiale en rentrant dans la résistance. Une femme dont la présence dans l'armée de l'ombre s'est manifestée par des actes de bravoure. Une femme dont l'identité est inscrite sur le panthéon des grandes figures de l'histoire de France, comme l'est Lucie Aubrac. Femme de lettres engagée, sa vie est un parcours de luttes politiques contre les dictatures sévissant en Europe. Elle transmet ses mots mêlés d'émotions et de vérité au théâtre, le théâtre des hommes d'art et de culture.
Les Hommes, un texte extrait de la trilogie, Auschwitz et après, publiée en 1970 aux Editions de Minuit. Avant, il y a eu le fort de Romainville où, en 1942, des femmes résistantes ont été arrêtées et emprisonnées avant d'être déportées vers les camps de la mort. Après, il y eut le retour de quelques femmes rescapées, parmi lesquelles Charlotte Delbo rentra avec le matricule 31661 gravé à vie sur le bras.
Aujourd'hui, Florence Cabaret et Jeanne Signé proposent une création de Les Hommes sur la scène du théâtre de L'Epée de Bois. Un moment de théâtre livré en résistance à la récente actualité tragique. Un élan de solidarité durant lequel des femmes partent à la conquête d'une champ d'expression, le théâtre. Une onde de bonheur partagée par des femmes pour des femmes.
La sobriété des décors de Marguerite Danguy des Déserts s'accorde à l'humilité de l'écriture de Charlotte Delbo. Des matelas posés à même le sol, des valises ouvertes sur des petits riens emportés à la hâte, des couvertures grises pliées et dépliées. Françoise n'a plus envie d'écrire depuis que son mari a été fusillé. Reine, Cécile et Madeleine n'osent insister et comptent sur le retour de Gina pour demander à Françoise de ne pas abandonner l'idée d'un projet collaboratif qu'elle entretenait avant. Françoise propose que soit jouée une pièce de théâtre, une comédie romantique pour oublier le présent et se faire plaisir. Les motivations se lisent dans les yeux des femmes dès que chacune trouve matière à œuvrer dans le montage de la pièce.
"Le fantastique, nous y sommes comme dans un cauchemar éveillé", dit l'une d'elles quand la mort annoncée des hommes résonne comme le glas au cœur des conversations. La cour des femmes et des hommes est séparée par un grillage. Un semblant d'amour retrouvé pendant les sorties dans la cour. Françoise n'y va pas, n'y va plus.
"Toutes les blessures se ferment avec le temps". L'heure n'est pas à s'attendrir, ni à pleurer en cette année 1942 où l'histoire s'écrit en mode accéléré. Dans les murs du fort de Romainville, le destin des maris et des frères enfermés à côté des épouses et des sœurs tient à une décision qui tranchera le fil de la vie, être fusillé ou être déporté. Les préparatifs de la pièce de théâtre évoluent, les femmes mettent du cœur à l'ouvrage. "Espérer, c'est dur d'espérer". Claire rentre dans la chambre et annonce que des hommes vont partir. Gina et Mounette jouent leur personnage devant une assemblée de femmes. Pendant ce temps, des hommes tendent leur poitrine aux balles ennemies et tombent pour la France. Les femmes tendront leur cœur déchiré à la mémoire de leurs chers disparus et rejoindront le cortège des veuves de guerre.
L'héroïsme de ces femmes se transmet par la magnifique interprétation des comédiennes la représentation durant. La distribution artistique, une concentration subtile de jeunesse et d'expérience. La qualité du jeu s'exprime par la simplicité dont chacune revêt un pan de l'existence, une façon de se montrer d'égale à égale entre les murs de cette chambre. Le tragique de situation fond dans des échanges vifs et spontanés, lesquels donnent libres cours à quelques rires légers. Le doute et la douleur reprennent vite le dessus, le silence s'installe avec pudeur sur le plateau. Les lumières de Sébastien Lanoue assisté de Valentin Bodier se posent avec discernement sur les personnages selon l'intensité et la réserve du moment.
Les costumes de Philippe Varache rappellent les illustrations des modèles féminins du magazine Le Petit Echo de la mode. Le soin apporté aux tenues s'apparente à la condition sociale de chacune des femmes arrêtées. Lesquelles s'apprêtent avec un raffinement simple pour être toujours belles devant leurs hommes vus pendant les sorties fugitives surveillées.
Sabrina Bus, Séverine Cojannot, Pauline Devinat, Christine Liétot, Nathalie Lucas, Céline Pitault, Florence Tosi posent un regard humain et militant sur Françoise, Claire, Mounette, Reine, Cécile, Madeleine et Gina. Se noue entre les résistantes d'hier et les comédiennes d'aujourd'hui un lien de femme à femme qui les unit à la vie, à la mort. Toutes font preuve de dignité à époque distanciée face à la barbarie des hommes qui n'a pas d'âge. Sabrina Bus, Séverine Cojannot, Pauline Devinat, Christine Liétot, Nathalie Lucas, Céline Pitault, Florence Tosi sont criantes de sincérité et de générosité dans leur jeu respectif. En un mot, elles sont humblement magnifiques.
Florence Cabaret et Jeanne Signé réalisent une mise en scène digne et reconnaissante. Un travail abouti qui se caractérise par l'exigence apportée à l'avant et à l'après retour d'Auschwitz-Birkenau. L'essence de ce travail, c'est le partage d'une culture conjuguée au féminin - pluriel, une culture artistique et humaine.
Il y a eu un avant, il y a eu un après, il y a Les Hommes aujourd'hui au Théâtre de L'Epée de Bois.
Les Hommes, un texte extrait de la trilogie, Auschwitz et après, publiée en 1970 aux Editions de Minuit. Avant, il y a eu le fort de Romainville où, en 1942, des femmes résistantes ont été arrêtées et emprisonnées avant d'être déportées vers les camps de la mort. Après, il y eut le retour de quelques femmes rescapées, parmi lesquelles Charlotte Delbo rentra avec le matricule 31661 gravé à vie sur le bras.
Aujourd'hui, Florence Cabaret et Jeanne Signé proposent une création de Les Hommes sur la scène du théâtre de L'Epée de Bois. Un moment de théâtre livré en résistance à la récente actualité tragique. Un élan de solidarité durant lequel des femmes partent à la conquête d'une champ d'expression, le théâtre. Une onde de bonheur partagée par des femmes pour des femmes.
La sobriété des décors de Marguerite Danguy des Déserts s'accorde à l'humilité de l'écriture de Charlotte Delbo. Des matelas posés à même le sol, des valises ouvertes sur des petits riens emportés à la hâte, des couvertures grises pliées et dépliées. Françoise n'a plus envie d'écrire depuis que son mari a été fusillé. Reine, Cécile et Madeleine n'osent insister et comptent sur le retour de Gina pour demander à Françoise de ne pas abandonner l'idée d'un projet collaboratif qu'elle entretenait avant. Françoise propose que soit jouée une pièce de théâtre, une comédie romantique pour oublier le présent et se faire plaisir. Les motivations se lisent dans les yeux des femmes dès que chacune trouve matière à œuvrer dans le montage de la pièce.
"Le fantastique, nous y sommes comme dans un cauchemar éveillé", dit l'une d'elles quand la mort annoncée des hommes résonne comme le glas au cœur des conversations. La cour des femmes et des hommes est séparée par un grillage. Un semblant d'amour retrouvé pendant les sorties dans la cour. Françoise n'y va pas, n'y va plus.
"Toutes les blessures se ferment avec le temps". L'heure n'est pas à s'attendrir, ni à pleurer en cette année 1942 où l'histoire s'écrit en mode accéléré. Dans les murs du fort de Romainville, le destin des maris et des frères enfermés à côté des épouses et des sœurs tient à une décision qui tranchera le fil de la vie, être fusillé ou être déporté. Les préparatifs de la pièce de théâtre évoluent, les femmes mettent du cœur à l'ouvrage. "Espérer, c'est dur d'espérer". Claire rentre dans la chambre et annonce que des hommes vont partir. Gina et Mounette jouent leur personnage devant une assemblée de femmes. Pendant ce temps, des hommes tendent leur poitrine aux balles ennemies et tombent pour la France. Les femmes tendront leur cœur déchiré à la mémoire de leurs chers disparus et rejoindront le cortège des veuves de guerre.
L'héroïsme de ces femmes se transmet par la magnifique interprétation des comédiennes la représentation durant. La distribution artistique, une concentration subtile de jeunesse et d'expérience. La qualité du jeu s'exprime par la simplicité dont chacune revêt un pan de l'existence, une façon de se montrer d'égale à égale entre les murs de cette chambre. Le tragique de situation fond dans des échanges vifs et spontanés, lesquels donnent libres cours à quelques rires légers. Le doute et la douleur reprennent vite le dessus, le silence s'installe avec pudeur sur le plateau. Les lumières de Sébastien Lanoue assisté de Valentin Bodier se posent avec discernement sur les personnages selon l'intensité et la réserve du moment.
Les costumes de Philippe Varache rappellent les illustrations des modèles féminins du magazine Le Petit Echo de la mode. Le soin apporté aux tenues s'apparente à la condition sociale de chacune des femmes arrêtées. Lesquelles s'apprêtent avec un raffinement simple pour être toujours belles devant leurs hommes vus pendant les sorties fugitives surveillées.
Sabrina Bus, Séverine Cojannot, Pauline Devinat, Christine Liétot, Nathalie Lucas, Céline Pitault, Florence Tosi posent un regard humain et militant sur Françoise, Claire, Mounette, Reine, Cécile, Madeleine et Gina. Se noue entre les résistantes d'hier et les comédiennes d'aujourd'hui un lien de femme à femme qui les unit à la vie, à la mort. Toutes font preuve de dignité à époque distanciée face à la barbarie des hommes qui n'a pas d'âge. Sabrina Bus, Séverine Cojannot, Pauline Devinat, Christine Liétot, Nathalie Lucas, Céline Pitault, Florence Tosi sont criantes de sincérité et de générosité dans leur jeu respectif. En un mot, elles sont humblement magnifiques.
Florence Cabaret et Jeanne Signé réalisent une mise en scène digne et reconnaissante. Un travail abouti qui se caractérise par l'exigence apportée à l'avant et à l'après retour d'Auschwitz-Birkenau. L'essence de ce travail, c'est le partage d'une culture conjuguée au féminin - pluriel, une culture artistique et humaine.
Il y a eu un avant, il y a eu un après, il y a Les Hommes aujourd'hui au Théâtre de L'Epée de Bois.
Philippe Delhumeau
21/11/2015
AVIGNON
L'Optimist
Mise en scène de Alain Illel
Un voyage dans le temps pour partager la vie ou un moment de vie de 12 femmes célèbres. Une heure de plaisir, une heure où la comédienne évolue dans le temps, dans la vie de l'une ou de l'autre. Douze femmes qui on marqué leur temps, que nous avions peut-être oubliées pour...
L'avis de Geneviève Brissot
L'Optimist
AVIGNON
Elles
de Dominique Bethune,alain IllelMise en scène de Alain Illel
Un voyage dans le temps pour partager la vie ou un moment de vie de 12 femmes célèbres. Une heure de plaisir, une heure où la comédienne évolue dans le temps, dans la vie de l'une ou de l'autre. Douze femmes qui on marqué leur temps, que nous avions peut-être oubliées pour...
L'avis de Geneviève Brissot