Le Bel Indifférent
de Jean Cocteau
Mise en scène de Raphael Beauville
Avec Crystal V. Lesser
Le Bel Indifférent, Crystal V. Lesser rend grâce à deux légendes intemporelles, Edith Piaf et Jean Cocteau sur la scène du théâtre Les Feux de la rampe.
Aux feux de la rampe, fut Edith Piaf l’année de ses 25 ans quand Jean Cocteau lui écrivit Le Bel Indifférent. Pièce en un acte qui raconte l’histoire d’amour de la chanteuse avec un homme marionnette.
Février 1940, rencontre de la Môme avec le prince des poètes. Un quart de siècle d’amitié partagée entre la jeune femme et l’écrivain distanciés par autant d’années et que la rançon de la gloire a rapproché, au titre de la chanson populaire propulsée par Piaf et par l’éclectisme pluri-artistique de Cocteau. Le Bel Indifférent, le texte d’une vingtaine de pages mis en scène au théâtre des Bouffes parisiens et interprété par Piaf aura suffi à enthousiasmer le public venu l’acclamer.Octobre 2013, rencontre de Crystal V. Lesser avec Le Bel Indifférent. Un quart de siècle habille la jeune femme et l’artiste d’un talent déjà avéré depuis J’ai le type même d’une fille sans type. Etrange coïncidence avec la pièce de Cocteau mise en scène par Raphael Beauville et jouée au théâtre Les Feux de la rampe.La scénographie, un décor à deux dimensions conçu par Monsieur QQ. Le mobilier et les accessoires en trompe-l’il prennent vie et se fondent dans l’intimité de la chambre d’hôtel où seul le lit se détache.A l’extérieur, la rue s’agite, le brouhaha nocturne s’engouffre dans les moindres recoins et suspend le silence dans l’inconscience collective. Dans la chambre d’hôtel, la chanteuse fait les cents pas, elle attend le retour de son homme. Dans la cage d’escalier, l’amplification des bruits provoque en elle un traumatisme sensoriel auquel s’associent l’espoir et l’incertitude. L’étrangeté de la situation lui insuffle les succès du moment qu’elle chante dans les cabarets de Montmartre. De très courts morceaux aiguisés qui agressent l’ouïe et déstabilisent la jeune femme.Elle n’a personne à qui parler pour dégrever le silence de sa solitude. Excepté, ce mannequin de chiffon posé sur le lit. Emile, l’homme marionnette, fut en son temps incarné en silence par Paul Meurisse dans les représentations du Bel Indifférent aux Bouffes parisiens.L’artiste n’a plus à attendre le retour de son homme, la présence inerte du pantin la rassure et l’incommode. Lasse des virées nocturnes de son amant qui rentre au gré de ses envies, la chanteuse s’est construite une raison, le vide.
Les mots s’écoutent en sens opposé, à l’amour succèdent les reproches, à la solitude respire le bonheur, à la colère luit le sentiment de compassion. Une parenthèse existentielle prompte à briser les flux d’émotions en reflux de dégoût. Un hymne à l’amour déclamé avec caractère, un cri dénonçant la misère du cur, une sensibilité cueillie à fleur de pardon.L’homme bien que marionnette se joue des sentiments de l’artiste, son mutisme exagéré dénonce sa fuite vers le néant qu’il représente en l’état. Il tire les ficelles, lesquelles lui permettent d’articuler la situation et la chanteuse, de facto, se trouve manipulé par celui qu’elle protège et repousse.L’intensité de ce texte se résume à la force d’interprétation de Crystal V. Lesser, laquelle joue son rôle sans usurper l’identité de Piaf. Le jeu de Crystal est persuasif, monté sur une mécanique d’expression accentuée par les perversités masculines car en Emile, se dissimulent des hommes de toute condition. Jamais, elle ne faiblit même dans l’ombre d’une adversité silencieuse et un rien provocante. Le regard fixe le temps, les yeux suivent le mouvement des résonances intérieures et extérieures, la voix s’adapte et l’intonation s’accorde au degré d’amour ou de colère. Crystal V. Lesser, une comédienne dont le talent grandi avec les années et qu’il est plaisant d’en être témoin.La mise en scène de Raphael Beauville, une belle adaptation du texte de Cocteau car aussi court soit-il, aussi difficile peut-il être en l’orientation du sens artistique déterminé. Peu nombreuses ont été les mises en scène du Bel Indifférent et celle de Raphael Beauville est réussie car Cocteau , "le funambule de tous les arts", se retrouve dans l’esprit et la scénographie.Le Bel Indifférent, ainsi mis en scène et joué au théâtre Les Feux de la rampe, un très bel hommage rendu à deux étoiles filantes, Piaf et Cocteau.
Février 1940, rencontre de la Môme avec le prince des poètes. Un quart de siècle d’amitié partagée entre la jeune femme et l’écrivain distanciés par autant d’années et que la rançon de la gloire a rapproché, au titre de la chanson populaire propulsée par Piaf et par l’éclectisme pluri-artistique de Cocteau. Le Bel Indifférent, le texte d’une vingtaine de pages mis en scène au théâtre des Bouffes parisiens et interprété par Piaf aura suffi à enthousiasmer le public venu l’acclamer.Octobre 2013, rencontre de Crystal V. Lesser avec Le Bel Indifférent. Un quart de siècle habille la jeune femme et l’artiste d’un talent déjà avéré depuis J’ai le type même d’une fille sans type. Etrange coïncidence avec la pièce de Cocteau mise en scène par Raphael Beauville et jouée au théâtre Les Feux de la rampe.La scénographie, un décor à deux dimensions conçu par Monsieur QQ. Le mobilier et les accessoires en trompe-l’il prennent vie et se fondent dans l’intimité de la chambre d’hôtel où seul le lit se détache.A l’extérieur, la rue s’agite, le brouhaha nocturne s’engouffre dans les moindres recoins et suspend le silence dans l’inconscience collective. Dans la chambre d’hôtel, la chanteuse fait les cents pas, elle attend le retour de son homme. Dans la cage d’escalier, l’amplification des bruits provoque en elle un traumatisme sensoriel auquel s’associent l’espoir et l’incertitude. L’étrangeté de la situation lui insuffle les succès du moment qu’elle chante dans les cabarets de Montmartre. De très courts morceaux aiguisés qui agressent l’ouïe et déstabilisent la jeune femme.Elle n’a personne à qui parler pour dégrever le silence de sa solitude. Excepté, ce mannequin de chiffon posé sur le lit. Emile, l’homme marionnette, fut en son temps incarné en silence par Paul Meurisse dans les représentations du Bel Indifférent aux Bouffes parisiens.L’artiste n’a plus à attendre le retour de son homme, la présence inerte du pantin la rassure et l’incommode. Lasse des virées nocturnes de son amant qui rentre au gré de ses envies, la chanteuse s’est construite une raison, le vide.
Les mots s’écoutent en sens opposé, à l’amour succèdent les reproches, à la solitude respire le bonheur, à la colère luit le sentiment de compassion. Une parenthèse existentielle prompte à briser les flux d’émotions en reflux de dégoût. Un hymne à l’amour déclamé avec caractère, un cri dénonçant la misère du cur, une sensibilité cueillie à fleur de pardon.L’homme bien que marionnette se joue des sentiments de l’artiste, son mutisme exagéré dénonce sa fuite vers le néant qu’il représente en l’état. Il tire les ficelles, lesquelles lui permettent d’articuler la situation et la chanteuse, de facto, se trouve manipulé par celui qu’elle protège et repousse.L’intensité de ce texte se résume à la force d’interprétation de Crystal V. Lesser, laquelle joue son rôle sans usurper l’identité de Piaf. Le jeu de Crystal est persuasif, monté sur une mécanique d’expression accentuée par les perversités masculines car en Emile, se dissimulent des hommes de toute condition. Jamais, elle ne faiblit même dans l’ombre d’une adversité silencieuse et un rien provocante. Le regard fixe le temps, les yeux suivent le mouvement des résonances intérieures et extérieures, la voix s’adapte et l’intonation s’accorde au degré d’amour ou de colère. Crystal V. Lesser, une comédienne dont le talent grandi avec les années et qu’il est plaisant d’en être témoin.La mise en scène de Raphael Beauville, une belle adaptation du texte de Cocteau car aussi court soit-il, aussi difficile peut-il être en l’orientation du sens artistique déterminé. Peu nombreuses ont été les mises en scène du Bel Indifférent et celle de Raphael Beauville est réussie car Cocteau , "le funambule de tous les arts", se retrouve dans l’esprit et la scénographie.Le Bel Indifférent, ainsi mis en scène et joué au théâtre Les Feux de la rampe, un très bel hommage rendu à deux étoiles filantes, Piaf et Cocteau.
Philippe Delhumeau
12/10/2014
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