Superamas est un collectif d’artistes fondé en 1999. Après deux performances chorégraphiques créées principalement avec le soutien de La Ménagerie de verre à Paris (Building en 1999 et Body Builders en 2001), le groupe franco-autrichien s’installe à Vienne et, en 2002, entame la série des BIG avec le soutien de plusieurs partenaires européens. Reconnu à la fois comme compagnie de danse et comme compagnie de théâtre, Superamas élabore un travail visuel original, fondé sur le corps, la chorégraphie, mais aussi la vidéo et les arts picturaux.Ainsi son dernier opus, Théâtre, créé début 2013, utilise-t-il plusieurs arts, fondus les uns dans les autres pour dénoncer le pouvoir de l’image. Tout est du théâtre : voilà quel semble être le message du spectacle. Des mythes bibliques aux conflits Orient / Occident du XXIe siècle, tout est affaire d’image. C’est le fil conducteur d’un show coloré, tonitruant, déjanté dont on ne voit pas forcément l’unité à première vue. En effet, quoi de commun entre le tableau de Filippo Lippi, La Danse de Salomé au banquet d’Hérode, et des images de jeux vidéo ? Quel rapport entre la danse de cette séductrice et les discours fallacieux d’hommes politiques de notre temps ? Si chaque tableau offre une vraie recherche esthétique qui nous séduit à tous les coups, on est interloqué au moment du changement de décor. Les "actes" annoncés semblent déconnectés les uns des autres. Mais, finalement, ce grand déballage visuel n’est-il pas le symbole de notre époque du zapping ? Le défilé d’images hétéroclites qui s’offre à nous correspond bien à l’un des aspects de la société contemporaine, justement envahie par l’image, une image parfois détournée de son sens.D’où la variété des supports : écrans, tableaux, vidéo, autant de toiles de fond auxquelles viennent s’intégrer les numéros des comédiens / danseurs. Leur performance est remarquable, parfaitement intégrée à l’ambiance des scènes, dansée avec énergie, jouée avec conviction. Ils passent d’un rôle ou d’un style à l’autre sans aucun problème. Que le ton soit sérieux ou complètement burlesque, ils nous entraînent avec eux dans un univers où tout dépend de la perspective. Et si la Belgique était en guerre civile et que les généraux syriens, égyptiens, libyens essayaient d’intervenir pour pacifier une Europe à feu et à sang ?... Et si Khadafi n’était pas mort et exécutait une petite danse au bord d’une piscine pendant que Sarkozy se faisait huer par toute une assemblée de dirigeants orientaux ? Avec Superamas, tout est possible ; la perspective vacille et change sans cesse.