Ardente Patience
de Antonio Skarmeta
Mise en scène de Michael Batz
Avec Jean-Paul Zennacker, Frédéric Kontogom, Olivia Barreau, Nadine Servan, Wladimir Beltran, Leo Melo
Amoureux de la poésie, buvez le vers jusqu’à la lie.
Il est des mises en scène qui concentrent la pensée de l’auteur revisitée avec les énergies artistiques et les moyens techniques appartenant au théâtre. Les adaptations de romans sont fluides et inspirées si la traduction initiale respecte les intonations linéaires et s’accorde à ne pas dévier dans un non-sens les différences d’interprétations d’une langue à l’autre. De l’auteur au metteur en scène, nombre de barrages à franchir imposent lectures et relectures avant que les parties s’entendent. Le travail en profondeur de la pièce peut commencer et les haleines seront le vecteur patience de l’apprentissage germé de doute et d’espoir, de lassitude et de plaisir.Rares ont été les adaptations d’Ardente Patience d’Antonio Skarmeta dignes d’être citées ici, excepté le film Il Postino de Michael Radford en 1996 et l’exceptionnelle mise en scène de Jean-Yves Ossonce en 2011 au Théâtre du Châtelet avec Placido Domingo dans le rôle principal. A cette courte liste, il convient d’ajouter le travail réalisé par Michael Batz encadré d’une équipe technique et de comédiens remarquables.Antonio Skarmeta livre le poète Pablo Neruda à une période de sa vie où il s’est retiré du monde des essences littéraires à l’Isla Negra. Mario Jimenez, jeune facteur promu à l’âge de dix-sept ans, se doit d’aller porter tous les jours le courrier à son unique client, Pablo Neruda. De cette relation, naît une amitié en vers et contre vents et marées. A l’auberge du village, Mario jette l’encre sur Béatriz, la jolie fille de Rosa veuve Gonzalez, propriétaire des lieux. La mère n’apprécie guère le jeune homme et la manière dont il élucubre son amour à sa fille. Le poète interviendra dans cette entreprise sentimentale échafaudée de rimes grinçantes.La scénographie, une concentration de collaborations artistiques intégrant la création lumières de Romuald Lesné et les costumes créés par Florence Plaçais et Laurence Ayi. La magie des paramètres techniques prend toute son importance du début à la fin de la représentation. Le réalisme du décor, une invitation à frapper à la porte de la maison de Pablo Neruda. La couleur bleu-gris de la structure se confond avec l’océan à portée qui déferle sa colère sur les rochers. Les figures de proue accrochées de part et d’autre du plateau, une image dans l’image de l’homme-poète, diplomate et rêveur.La musique se décline au masculin-pluriel avec les musiques originales de Wladimir Beltran et Leo Melo et les chansons de Victor Jara, Violeta Para et Rolando Alarcon. Ces accompagnements investissent les relations d’amitié et d’amour en jouant avec les émotions prises sur le vif. En coulisse et sur scène, les éléments musicaux sont indissociables de la construction de la pièce car les partitions sont écrites sur la légèreté du présent et la tragédie des jours à venir.La mise en scène, une possibilité infinie de chorégraphies mêlant subtilement le réalisme de situation à l’histoire politique du Chili, des pauses amicales à une romance naissante. Michael Batz a mis en place un dispositif intégrant la poésie à la douleur, la beauté au drame, de manière à présenter des hommes et des femmes couverts d’humilité et de sincérité. La profondeur de la pièce tient à un principe simple et précieux, l’accessibilité. Nombre de gens ont toujours entendu parler de Neruda comme de Salvador Allende, sans pour autant avoir lu l’uvre du poète ou connu plus en détail la vie du président chilien. Michael Batz propose ainsi une mise en scène ouverte à la culture, la poésie de Pablo Neruda, et à l’histoire de l’homme, le politique adulé par le peuple.Jean-Paul Zennacker se montre très convaincant en Pablo Neruda. Il traverse les étapes de la vie de l’homme marqué par l’âge avec un discernement prononcé et une personnalité esquissée d’une sensibilité de fer. Métaphore.Frédéric Kontogom interprète le rôle de Mario Jimenez avec un attachement particulier. Il alterne l’ami et l’amoureux en faisant preuve d’abnégation et de vérité.L’insolence et la spontanéité de Olivia Barreau, l’assurance de voir cette jeune et belle comédienne grandir sur scène dans des rôles de composition taillée pour elle.Ardente Patience, une page de poésie qui s’inscrit dans le registre des belles pièces présentées au théâtre de L’Epée de bois.
Philippe Delhumeau
06/10/2013
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