La mort de Robespierre a laissé un goût amer chez tous ceux et celles pour qui l’histoire de France et, particulièrement, celle de la Révolution de 1789, semble contenir son pesant d’énigmes préméditées et d’ambigüités. Ses figures historiques en contiennent d’innombrables... Mais il est, pour la postérité républicaine ou prétendue telle, des personnages qui recèlent une part maudite... Robespierre est de ceux-là. Sait-on qu’il n’existe à peu près aucune rue portant son nom ?... Alors qu’il en est tant portant toujours le nom du massacreur de la Commune, Thiers pour ne pas le nommer !André Benedetto s’est inspiré des recherches d’Albert Mathiez et de ses Etudes sur Robespierre pour faire revivre Philippe Buonarotti, ami de Robespierre, futur auteur de la Conspiration des Egaux, alors parti en mission, et Maurice Duplay qui logeait Robespierre et fut l’un des proches témoins de sa chute. Tous deux se retrouvent enfermés dans la prison du Plessis. Duplay va raconter à Buonarotti le 9 Thermidor et les événements et actions qui l’ont préparé...Les deux comédiens, Romain Blanchard et Roland Timsit, qui a conçu la mise en scène, vont nous raconter en théâtre – et quel théâtre ! – tous ces événements pendant lesquels la plupart des conquêtes d’une Révolution, génératrice des Droits de l’Homme, vont se trouver confisquées et détruites au profit d’une seule bourgeoisie profiteuse et parasite qui n’hésite pas à utiliser la guillotine pour se débarrasser des gêneurs... Révolution rimant tout à fait ici avec désillusions !Une mise en scène minimaliste quant à ses accessoires : ici, un simple tabouret (nous sommes dans une cellule de prison !). Tout est dans le jeu des acteurs... dans leur capacité à faire vivre fortement deux personnages témoins de la grande Histoire à travers le formidable texte d’André Benedetto. Ils sont tous deux vraiment très convaincants et on sent souvent frissonner le théâtre et son plateau aux passages de deux grandes ombres, celle du grand Maximilien, vilipendé et calomnié par ses ennemis, et celle de ce grand poète et dramaturge que demeurera, et pour longtemps, André Benedetto !