Laisse tomber la neige
de Pierrette Dupoyet
Mise en scène de Pierrette Dupoyet
Avec Pierrette Dupoyet
J’ai quand même tué avec de la neige !
A partir d’un fait divers, Pierrette Dupoyet évoque l’enfer d’une femme internée en hôpital psychiatrique. Une folie simulée ou une réelle démence ? Cette femme est-elle devenue folle par les nombreuses années d’enfermement ou était-elle affectée depuis toujours ? L’histoire de cette femme oscille entre folie et conscience, et le spectateur est embarqué dans son univers labyrinthique.Une femme diplômée de médecine, instruite, cultivée, intelligente, une femme de caractère, assassine la jeune épouse de l’homme dont elle est amoureuse. Par jalousie et par orgueil, elle décide de se venger de l’affront fait par ce jeune homme. Elle imagine un stratagème pour assassiner sa rivale, puis pour être jugée en tant que folle par les tribunaux. Ainsi, elle est condamnée à l’asile psychiatrique et échappe à la prison, une condamnation plus douce et plus tranquille... Pas tant que cela.Après huit ans d’enfermement, elle adresse un réquisitoire aux jurés. Seule dans sa cellule, elle imagine sa défense tout en rédigeant sa demande de transfert en prison. Elle y dévoile ses idées, l’élaboration de son plan et ses impressions à l’asile. Elle rejoue les scènes clés de son histoire afin de démontrer la préméditation mûrement réfléchie de son geste et ainsi prouver qu’elle était tout à fait consciente et saine d’esprit lors des faits. Mais son attitude est étrange, ses gestes sont décalés, minutieux, millimétrés, elle présente de nombreux tocs, son débit verbal est très rapide, elle a de brusques changements d’humeur et son rapport à la nourriture est malsain... Bref, cette femme présente des signes nettement visibles de troubles mentaux. Reste à savoir si cette femme a toujours été folle (de manière plus ou moins visible) ou si c’est l’environnement dans lequel elle se trouve depuis huit ans qui a fait d’elle ce qu’elle est aujourd’hui ?Pierrette Dupoyet est magistrale ! Convaincante en femme perturbée, elle joue avec les rythmes. Les mots et les idées se bousculent dans sa tête. C’est une prestation magnifique et saisissante que nous offre cette grande comédienne. Une interprétation difficile car le rythme est très rapide avec de nombreuses cassures. Les idées du personnage fusent et courent dans tous les sens. Loin d’une grossière caricature de la folie, Pierrette Dupoyet amène cet univers étrange avec finesse, par insinuation. On remarque bien que l’attitude de cette femme est bizarre. Parfois, elle se contredit elle-même.Le costume est sobre, une robe défraichie et râpée, avec une bande médicale autour de la tête. Cette bande est tellement significative : la tête malade, les cheveux arrachés par la patiente elle-même, peut-être aussi par d’éventuels électrochocs (à la mode à cette époque, parfois encore de rigueur de nos jours), tout cela rappelle également les trépanations que l’on faisait aux malades jadis.La scénographie, elle aussi, est sobre. Une table, une chaise, un petit lit, tout est simple, fait de métal froid. Le visuel donné de la chambre d’hôpital est fort. C’est un huis-clos saisissant basé sur le jeu de la comédienne, rendant ainsi compte de cette impression d’enfermement. Puissant !A travers le texte et la mise en scène, l’univers du milieu psychiatrique est évoqué, mais il n’est pas traité directement. Toutefois, on comprend et on ressent parfaitement l’enfer de cet environnement par quelques images fortes. Le rire d’une infirmière sadique, la voisine de chambre qui gratte continuellement, l’atteinte à la dignité avec une surveillance constante, même lorsque les patients font leurs besoins...Le texte reste, pour autant, centré sur le récit du meurtre et surtout, sur l’attitude de cette femme. On ne peut s’empêcher de l’observer et d’essayer de comprendre si elle est perturbée ou non depuis le début. En tout cas, aujourd’hui, cette grande dame médecin est complétement détruite. Elle en a même perdu sa dignité humaine, elle n’est plus qu’une patiente insignifiante. La torture est lancinante et cette femme disparait petit à petit, dans une mort horriblement lente.Pierrette Dupoyet travaille beaucoup avec la musique. Mais dans Laisse tomber la neige, celle-ci est significativement moins présente que dans ses autres créations. Elle utilise plutôt une ambiance sonore (et lumineuse) de temps à autre, pour marquer l’ambiance du moment. Le reste du temps, ce silence est significatif. Silence de mort, attente interminable, puis brusquement un cri, un bruit, une cassure qui, loin d’être réconfortante, devient une torture qui rappelle l’insanité mentale de ce lieu.C’est un cri bouleversant que pousse Pierrette Dupoyet pour tous les insignifiants qui ne peuvent pas s’exprimer. Ceux considérés comme malades mentaux, de par leur diagnostic, ne sont pas écoutés et les structures médicalisées ressemblent plus à des tombeaux pour morts-vivants qu’à des bâtiments spécialisés pour soigner des êtres humains. Après d’autres uvres évoquant le même sujet comme Vol au-dessus d’un nid de coucou, le spectacle Laisse tomber la neige tente de faire évoluer un univers qui avance à pas de fourmi. Comme toujours, Pierrette Dupoyet propose là une uvre très engagée et profondément humaine. Une artiste complète et sublime !
Cyriel Tardivel
25/07/2012
Réservations au 06 87 46 87 56.
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