Le Road Movie Cabaret est une création originale pour les petits, les grands, ceux qui aiment les voyages, la musique et qui croient en un jour meilleur. C’est un spectacle plein de poésie qui swingue. Un jeune homme enthousiaste nous raconte sa rencontre et un moment de sa vie avec le Road Movie Cabaret. Les membres de ce groupe sont bien différents et complémentaires. Un chef aux allures tziganes qui ne pense qu’à répéter, encore et encore. Un poète rêveur au caractère bien trempé qui vient des pays de l’Est. Un garçon timide et encore très enfant, un peu perdu dans ce monde. Et une petite femme romantique, la touche de douceur et de féminité du groupe. Tous ont un point en commun, ils sont à la poursuite du bonheur. Pour cela, ils sillonnent les routes vers Paris. Pour gagner leur pain, ils se produisent en spectacle sur les places des villages. Mais ça n’est pas facile, la vie de bohème. La faim et la peur d’être dénoncés comme saltimbanques tiraille l’estomac.Un spectacle intelligent et porteur d’espoir, quoique parfois un peu simpliste. On se laisse porter par une mise en scène judicieuse et des musiques entrainantes. La scénographie, sorte de camp de fortune, est faite de diverses malles, chariot, caisses en plastique et instruments en tous genres. Ce joyeux bazar, que les comédiens passent leur temps à réorganiser, nous amène dans un univers intemporel, à la fois contemporain et du XIXe siècle. Les costumes et les personnages semblent être d’inspiration des pays de l’Est, mais leur voyage et certains détails situent l’action dans le monde entier.Les musiques sont des reprises d’une foule d’artistes, allant de Gainsbourg à Gatlif en passant par Prince. C’est agréable et amusant de retrouver les auteurs originaux de chaque chanson. Un peu comme un blind test. Les comédiens sont polyvalents. Chanteurs et musiciens, les instruments défilent sur scène. Piano, violon, violoncelle, batterie de fortune, caisse claire et grosse caisse, flûte... C’est un petit orchestre. La musique est présente de bout en bout de la pièce, même en dehors des chansons. Cédric Moulié, musicien polyvalent, accompagne au violon les états des personnages. Sorte d’Ariel, l'esprit magique et invisible dans La Tempête de William Shakespeare, son jeu n’est pas seulement musical. Il est le témoin muet de la vie et du ressenti de chacun des membres du Road Movie Cabaret. Un très bon musicien qui donne de la couleur et des saveurs au spectacle.Les comédiens sont agréables. Quoique, parfois, leur manière de parler en découpant les phrases soit agaçante. On est loin d’une grande interprétation et certains personnages ne sont traités qu’en surface, mais dans l’ensemble, leur jeu se tient. Les personnages masculins sont drôles, avec une belle présence et surtout une très belle voix maitrisée. Richard Galbé-Delord est génial dans le rôle du poète rêveur, sincère, vivant et très touchant. Nathalie Riera est une petite note de douceur et de féminité. Sa présence fonctionne et elle permet une création variée et homogène du groupe. Malheureusement, quelques fausses notes et un jeu très en surface (bien que son petit personnage soit sympathique), amenuisent la qualité du spectacle.En tout cas, c’est un bel univers dans lequel le spectateur est bercé pendant un peu plus d’une heure. Quelques passages lus de la Déclaration des Droits de l’Homme font du bien aux oreilles et à l’âme et remettent certaines choses en place. Un voyage musical utopique, doux, entrainant et poétique.