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Platonov mais...
de Anton Tchekhov
Mise en scène de Alexis Armengol
Avec Stéphane Gasc, Céline Langlois, Valérie Moinet (en alternance), Alexandre Le Nours, Édith Mérieau, Christophe Rodomisto, Laurent Seron-Keller, Camille Trophème
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Du 23/03/2012 au 15/04/2012
Du mardi au samedi à 20h30, dimanche à 16h.
La Cartoucherie - Théâtre de l'Aquarium
La Cartoucherie
Route du Champ de Manœuvre
75020 PARIS
Métro Château de Vincennes
01 43 74 99 61 du mardi au samedi de 14h à 19h
Site Internet
Platonov, un mélodrame revisité à la vapeur des alcools de la vie.
Le fondamentalement correct n’est pas de prime abord l’enjeu donné à cette pièce dénonçant l’intimité d’une génération à la recherche d’un monde meilleur. L’écriture de cette longue pièce s’apparente à une biographie inachevée. Un brouillon où se succèdent, pèle-mêle, idées et situations enchevêtrées dans une
incohérence passagère et déraisonnée. La jeunesse invite à l’égarement de soi à travers le reflet de l’image projetée par l’autre. Anton Tchekhov est de ces jeunes écrivains qui ose défier le temps. L’indolence de ses dix-huit ans l’amène à produire une pièce de théâtre au long cours, Platonov. Françoise Morvan et André Markowicz se sont essayés à une traduction littérale, la première en français. La version présentée en notre langue souligne un texte librement exprimé pour un théâtre brut, une poésie qui rime avec contemporanéité.La narration se concentre autour de sept personnages : Serguei, le mari de Sofia ; Anna, la jeune veuve du général Voinitsev ; Platonov, le mari de Sacha ; Sofia, l’épouse de Serguei ; Nikolaï, le frère de Sacha ; Bougrov ; et Sacha, l’épouse de Platonov. Les amis se retrouvent le temps d’un week-end chez Anna. Leur destin chancelle à tour de rôle, des interrogations existentielles lèvent le trouble sur l’opportunité de mener grande vie. Le vice est d’or, l’amour introduit la passion, la paresse s’intellectualise, les défaillances sont un leurre silencieusement corrompu. La radicalité du changement désempare l’opinion, la tentation est à portée de mains.Dès lors, l’individuel s’oppose au collectif, un mouvement de deux mécaniques distinctes, actionné par un homme, Platonov. Cynique à souhait, il s’en amuse car, n’ayant pas le verbe emprunté, son humour corrosif séduit les femmes, la sienne et les autres. Marié et libertin, la raison du cur va le conduire dans un face-à-face, une confrontation violente entre lui et sa conscience.N’est pas homme qui peut se vanter d’avoir un destin tracé d’avance. Le temps échafaudé sur des passerelles invisibles fait son uvre. Le bonheur et le désespoir, l’amitié et la trahison, l’amour et l’infidélité, des passages émotionnels existentiels qu’il est difficile de transgresser. Grande est la tentation ; hésiter, résister, partir, des interrogations soulevées dans cette pièce revisitée par un metteur en scène actuel qui brave la sensibilité d’un théâtre classique pour une forme d’expression scénique mêlant création et refondation.La mise en scène d’Alexis Armengol décloisonne les incertitudes d’une pièce à l’écriture abrupte en adaptant un rythme narratif résolument moderne. L’expression du mal-être exprimé par Tchekhov se fige dans une ambigüité relationnelle concentrée autour d’un personnage central, Platonov. In situ, le changement capte l’attention sur une déstabilisation révolutionnaire. Il convient d’évoquer un ensemble de facteurs qui donnent un souffle nouveau à ce Platonov dénudé de son contexte et rendu consensuel sur la scène de L’Aquarium.La scénographie fédère la sobriété du décor et les jeux de lumière créent une rupture entre Platonov et les autres personnages au fur et à mesure de l’évolution de la pièce. Un côté chaotique qui apporte réalisme et cohésion à l’énergie déployée par les comédiens. Lesquels se libèrent du poids écrasant de leur interprétation respective en explorant les moindres recoins du plateau. La musique est percutante car le piano et la guitare électrique glissent des airs enlevés et éphémères selon le rythme du moment.Il n’y a pas à dire, la mise en scène d’Alexis Armengol est audacieuse d’inventivité. Ce Platonov est déroutant et engageant, performant et captivant. Mention bien aux comédiens qui sont force de volonté et d’affirmation. Platonov mais..., une pièce de théâtre qui ne laisse pas indifférent.
incohérence passagère et déraisonnée. La jeunesse invite à l’égarement de soi à travers le reflet de l’image projetée par l’autre. Anton Tchekhov est de ces jeunes écrivains qui ose défier le temps. L’indolence de ses dix-huit ans l’amène à produire une pièce de théâtre au long cours, Platonov. Françoise Morvan et André Markowicz se sont essayés à une traduction littérale, la première en français. La version présentée en notre langue souligne un texte librement exprimé pour un théâtre brut, une poésie qui rime avec contemporanéité.La narration se concentre autour de sept personnages : Serguei, le mari de Sofia ; Anna, la jeune veuve du général Voinitsev ; Platonov, le mari de Sacha ; Sofia, l’épouse de Serguei ; Nikolaï, le frère de Sacha ; Bougrov ; et Sacha, l’épouse de Platonov. Les amis se retrouvent le temps d’un week-end chez Anna. Leur destin chancelle à tour de rôle, des interrogations existentielles lèvent le trouble sur l’opportunité de mener grande vie. Le vice est d’or, l’amour introduit la passion, la paresse s’intellectualise, les défaillances sont un leurre silencieusement corrompu. La radicalité du changement désempare l’opinion, la tentation est à portée de mains.Dès lors, l’individuel s’oppose au collectif, un mouvement de deux mécaniques distinctes, actionné par un homme, Platonov. Cynique à souhait, il s’en amuse car, n’ayant pas le verbe emprunté, son humour corrosif séduit les femmes, la sienne et les autres. Marié et libertin, la raison du cur va le conduire dans un face-à-face, une confrontation violente entre lui et sa conscience.N’est pas homme qui peut se vanter d’avoir un destin tracé d’avance. Le temps échafaudé sur des passerelles invisibles fait son uvre. Le bonheur et le désespoir, l’amitié et la trahison, l’amour et l’infidélité, des passages émotionnels existentiels qu’il est difficile de transgresser. Grande est la tentation ; hésiter, résister, partir, des interrogations soulevées dans cette pièce revisitée par un metteur en scène actuel qui brave la sensibilité d’un théâtre classique pour une forme d’expression scénique mêlant création et refondation.La mise en scène d’Alexis Armengol décloisonne les incertitudes d’une pièce à l’écriture abrupte en adaptant un rythme narratif résolument moderne. L’expression du mal-être exprimé par Tchekhov se fige dans une ambigüité relationnelle concentrée autour d’un personnage central, Platonov. In situ, le changement capte l’attention sur une déstabilisation révolutionnaire. Il convient d’évoquer un ensemble de facteurs qui donnent un souffle nouveau à ce Platonov dénudé de son contexte et rendu consensuel sur la scène de L’Aquarium.La scénographie fédère la sobriété du décor et les jeux de lumière créent une rupture entre Platonov et les autres personnages au fur et à mesure de l’évolution de la pièce. Un côté chaotique qui apporte réalisme et cohésion à l’énergie déployée par les comédiens. Lesquels se libèrent du poids écrasant de leur interprétation respective en explorant les moindres recoins du plateau. La musique est percutante car le piano et la guitare électrique glissent des airs enlevés et éphémères selon le rythme du moment.Il n’y a pas à dire, la mise en scène d’Alexis Armengol est audacieuse d’inventivité. Ce Platonov est déroutant et engageant, performant et captivant. Mention bien aux comédiens qui sont force de volonté et d’affirmation. Platonov mais..., une pièce de théâtre qui ne laisse pas indifférent.
Philippe Delhumeau
25/03/2012
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