Raoul
de James Thierrée
Mise en scène de James Thierrée
Avec James Thierrée
Un monde à part, celui de Raoul.
Sur scène, un capharnaüm de vieux tissus poussiéreux et sales, tendus telles les vieilles voiles usées d’un bateau. Ces draps s’écartent brusquement et dévoilent une structure en tiges métalliques imposantes, plantée au milieu de la scène. Un homme, sorte d’aviateur explorateur, court depuis le fond de la salle sur le plateau. Il a fait un long voyage, ses pieds sont usés et lui est fatigué. Mais soudain, il grimpe la structure et appelle : "Raoul", empreint d’une énergie violente et déterminée. N’obtenant pas de réponse hormis une musique qui commence à se faire entendre, il décide de casser la structure. Il prend son élan et à coups de poings et de tête, deux pans de la structure vont finir par s’écrouler. On découvre, à l’intérieur, des tiges de métal qui, assemblées, forment un espace creux, comme une petite cabane. Un homme, assis dans son fauteuil, est en train de lire tranquillement, tandis que son vieux phonographe joue un air de musique classique. C’est étrange, cet homme ressemble traits pour traits au voyageur qui détruit la cabane. Raoul et l’explorateur ont exactement les même cheveux, la même barbe, les mêmes pantalons et chemises, comme s’ils étaient frères, jumeaux ou bien plus encore... Raoul, qui comprend qu’un intrus tente de s’approcher de lui, se cache. Lorsque l’autre le déniche derrière un rideau, ils se battent, à travers l’épais rideau de velours, sans jamais se faire face directement, ni se regarder dans les yeux.Après avoir assommé son visiteur, Raoul se cache dans sa poubelle. Lorsque l’autre homme recouvre ses esprits, comprenant qu’il ne fera pas entendre raison à Raoul, il lui laisse un mystérieux cadeau dissimulé sous le long manteau qui pend à l’un des deux murs encore debout. Puis il s’en va. Raoul, une fois sorti de sa torpeur et de sa cachette, tente de récupérer les tiges tombées pour reconstituer sa maison. Mais il ne peut sortir de son carré de demeure, délimité par son tapis au sol. Le reste de sa maison encore sur pied, gronde et l’oblige à trouver une solution. Le pauvre homme frémit et tente de se dépasser. Mais il est incapable de vaincre ses peurs. A partir de cet instant, il entame un voyage initiatique pour surmonter ses angoisses, devenir maître de lui-même et se réconcilier avec le monde, et d’abord avec son "Moi" intérieur.C’est un spectacle absolument hallucinant que nous offre James Thierrée. Dans un univers poétique où tout évolue et se transforme, il nous raconte l’histoire de Raoul, un homme sympathique mais schizophrène, terrorisé par le monde extérieur et tellement complexe, voire... du style "il y a du monde dans sa tête" ! Cet artiste pluridisciplinaire maîtrise tout avec justesse et minutie. Son corps, dont la moindre parcelle de l'anatomie semble à tout moment devenir indépendante, se meut dans tous les sens. Il joue sur les plans, les rotations, semblant même défier la gravité. Il est impressionnant, tant tout cela semble aisé et parfaitement naturel pour lui.En l’observant, on ne peut s’empêcher de penser à son grand-père, Monsieur Charly Chaplin, grand maître de l’expression corporelle. De plus, James lui ressemble physiquement. Cela en est troublant. L’artiste nous dévoile ses nombreux talents : violoniste, acrobate, clown. Son personnage est très attachant et drôle, du fait de sa naïveté, de son envie, de sa terreur, mais aussi de sa souffrance à vivre dans un monde qui lui paraît hostile et qu’il craint. Raoul ne parle pas, ou seulement pour dire son nom, pour s’appeler lui-même. Tout son corps vibre et s’exprime d’une manière claire et lisible. Le voir se transformer en cheval ou en gorille dont il reproduit la gestuelle à la perfection est un régal.Et puis, il y a la magie de l’univers qui l’entoure. Un bestiaire d’animaux étranges qui, à première vue, paraissent inquiétants, mais qui sont, en réalité, doux et amicaux. Une crevette géante, un éléphant et tant d’autres, tous fabriqués de bric et de broc, de plaques de métal, de tissus... Créatures gigantesques, elles nous transportent dans son monde onirique. Il nous semble faire un rêve éveillé. On retrouve bien là l’univers des Thierrée-Chaplin, ses parents, qui aiment à inventer, confectionner et faire vivre toutes sortes de créatures fantastiques et fantasmagoriques sorties tout droit de leur imagination.L’univers du cirque est également omniprésent. Tant par le travail du corps de James, que par les animaux, le jeu de clown... Dans une scène marquante, Raoul se transforme en cheval, et petit à petit, il devient à la fois le dompteur et le cheval qui lui obéit. C’est unique, c’est magique et magnifique ! Seul un enfant de la balle, qui a grandi dans l’univers particulier des circassiens, peut retransmettre avec tant de justesse et de finesse, à la fois l’expression et les mouvements du cheval, ainsi que les attentions douces et les ordres du dresseur envers sa monture.Raoul est un spectacle de cirque présenté par un seul homme. D’ailleurs, c’est avec une veste de Monsieur Loyal que James Thierrée vient saluer son public à la fin du spectacle. Enfin, dire qu’il est seul n’est pas rendre hommage à toute son équipe qui réalise un travail titanesque et de précision, et sans qui le spectacle serait tout autre. Les techniciens sont admirables. La scénographie entière évolue tout au long du spectacle, le jeu des lumières et de la musique sont en parfaite adéquation avec les gestes et la vie du héros. La musique et les lumières deviennent des personnages à part entière. C’est un gros travail d’équipe, d’écoute et de confiance qui permet la réalisation d’un tel chef-d’uvre. Et surtout, n’oublions pas l’acolyte de James... Ce jeune homme avec qui la ressemblance est troublante, est son double. Possédant lui aussi une totale maîtrise de son corps, on en vient à confondre les deux artistes. D’ailleurs, ils s’amusent à nous perdre, à tel point qu’on ne sait jamais vraiment lequel des deux est sur scène. Illusionnistes.Un spectacle d’une rare beauté et intensité, un rêve enchanteur qui donne envie de s’envoler, une performance hallucinante. James Thierrée, un jeune homme qui descend d’une lignée de grands artistes, de grands maîtres et qui, à son tour, devient un très grand maître !
Cyriel Tardivel
07/01/2012
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