Les corps entremêlés allongés à même le sol découvrent une inertie en suspension palpable avec la tension dégagée par la musique. Dans un élan collectif, les corps se détachent l'un de l’autre, se lèvent et prennent possession de l’espace ouvert. Les mouvements s’accordent dans une litanie articulée. Les bras dessinent des esquisses usinées. La création de l’improbable est en route, les mots ne sont plus très loin.Le texte dénonce les servitudes imposées aux enfants dans des pays où les droits de l’enfance sont ignorés et bafoués. Le législateur enrichit les riches et appauvrit les pauvres. On peut détruire la misère sans se voiler la face contre terre.Dans les métropoles, des familles vivent dans des conditions indignes. Dans la rue, des gens meurent de faim et de froid. L’indifférence conduit au carré de l’indigence. Le peuple souffre et désespère. L’usure dévore les vieux qui ont travaillé toute leur vie pour percevoir une retraite de survie.Bien au-dessus du silence pose la réflexion sur la relation du poète face aux enjeux locaux et internationaux, lesquels dévastent nos préceptes sociétaux. Le poète s’engage en résistance dans sa façon d’écrire et d’appréhender sa vision des choses. Il écrit son histoire sur des pages blanches pour être lu sur les murs sombres de l’Histoire des hommes. La quintessence des mots n’a pas lieu d’être visible quand la misère s’écrit avec la boue et le sang. L’esthétique se farde de crasse quand les arpenteurs de l’ombre fuient les étoiles de peur d’être repérés.Résistance et écriture s’accrochent l’un à l’autre, une faconde à la révolte. Le poète, sans rime et sans revers, liste blanc sur noir l’idéal humain sur un contrat social. Le pacte des mots dans un monde de fous.Dans le spectacle, les comédiens sont munis du mot juste, ipso facto, pour répondre aux démunis de tout horizon. Le texte isole les monologues, les dialogues ont cours avec force et rigueur. Entre complicité et affrontement, les cinq protagonistes se fondent intégralement dans cette dramaturgie. Ils manifestent une vivacité et une énergie sans retenue. Process indissociable du contexte évoqué.La scénographie s’articule autour du montage et du démontage des cubes constituant les éléments du décor, la lumière orchestre sa densité et sa fluidité selon l’intensité des situations, la musique lance ses blanches et ses noires libérées d’une partition en cours de composition.La mise en scène est profonde, intense et révèle un emphysème obstruant les voies respiratoires de l’homme condamné à survivre dans une geôle sociale sciemment construite par d’autres hommes et au poète engagé dans une lutte contre l’abnégation.Ce spectacle qui sera joué au Off en Avignon du 8 au 31 juillet au Théâtre La Luna est résolument actuel, réaliste. Une pièce où le mot "liberté" a pour synonyme "poésie".