Il est parfois – trop rarement – des spectacles qui réunissent toutes les dimensions possibles du théâtre, de la musique, du chant, de la danse dans ce qu’ils peuvent avoir de meilleur, de plus fort. Et qui ont, en plus, la prétention de donner de la vie et du réel une vision totale libératrice tant par la beauté que par la force d’expression. Sans aucun doute, Shabbath est de ceux-là.Shabbath veut donner une image de l’humanité, de l’être humain, parfois d’avant le langage même, dans tous ses aspects. La peur de la liberté, la violence, l’amour, le totalitarisme, la dictature, vus à travers certains épisodes historiques, la faculté de se soumettre, d’obéir où, à l’inverse, d’aimer et de se révolter. C’est tout cela que nous fait ressentir, et avec quelle violence, ce spectacle hallucinant, en deçà même du langage verbal.Deux danseuses (Géraldine Lonfat et Stéphanie Boll) remarquables de talent, un acteur-ténor (Olivier Clairet) époustouflant, une mise en scène et une partition musicale originale – très originale – d’André Pignat, des comédiens en voix off très présent eux aussi (Thomas Laubacher et Khadija El Mahdi) servant aussi fortement que possible le texte de Stéphane Albelda. Le tout composant un spectacle coup de poing (Cie Interface-Théâtre de Sion-Suisse) propre à éveiller les consciences. Et en plus c’est très beau !