2010 marque le bicentenaire de la naissance d’Alfred de Musset. Ecrite en 1835 alors qu’il n’a pas 25 ans, cette pièce ne sera jouée qu’en 1848. Peu connue car rarement jouée, elle contient néanmoins tous les ingrédients d’une pièce dynamique : canevas, personnages hauts en couleur, enjeux forts, suspens, rebondissements... De plus, Le Chandelier explore le thème du triangle amoureux, cher à Musset, avec stratagèmes et dissimulations...Jacqueline (Marie Plouviez), mariée à Maître André (Bertrand Farge), est amoureuse de son amant Clavaroche (Johannes Oliver Hamm), fougueux officier en garnison dans la ville. Afin de détourner les soupçons de Maître André sur la fidélité de sa femme, l’amant propose à Jacqueline de prendre un "chandelier", sorte de chevalier servant. Entre alors le romantique Fortunio (Ludovic Perez) qui est amoureux de Jacqueline...Cela commence comme une farce à l’ancienne pour ensuite tourner vers la tragi-comédie : un "vieux" mari jaloux qui surveille sa jeune femme un peu trop coquette, un amant qui joue double jeu avec le mari et séduit sans scrupules la femme, un jeune clerc amoureux transi "prêt à mourir" pour Jacqueline qui devient malgré lui le "chandelier" afin de masquer l’idylle entre la jeune femme et Clavaroche. On retrouve les thèmes centraux de l’amour, du désespoir amoureux et de la confusion des sentiments.Le décor est sobre, avec quelques drapés rouges et blancs, quelques meubles dont un piano, des costumes d’époque chatoyants. La mise en scène de Marie-Claude Morland est virevoltante, très dynamique à tel point qu’on en a presque le tournis ! Les acteurs claquent les portes, courent, font des acrobaties sur et autour du piano (on se demande d’ailleurs comment il fait pour tenir encore debout...), chantent et trinquent joyeusement à leur ronde amoureuse. Les comédiens donnent de leur personne et s’amusent visiblement. Cette mise en scène tonique est habilement orchestrée et le texte d’Alfred de Musset est bien mis en valeur. Et bien sûr, le renversement final de situation, bien cocasse, en fera rire plus d’un ! On pourrait d’ailleurs conclure par un "telle est prise qui croyait prendre"... mais cela, vous le comprendrez en allant voir cette pièce surprenante.