Est-ce que vous avez déjà assisté à un spectacle de Bartabas et de son théâtre équestre Zingaro ? Non ? Vous avez sans doute déjà vu, en revanche, un film d’Emir Kusturica... Si oui, eh bien, dites-vous que Battuta est une plongée au cœur de l’univers du cinéaste serbe : musique tsigane, personnages loufoques, venus de tous horizons, aux allures de nomades, roulottes, et, bien sûr, chevaux composent ce spectacle vivant. Battuta, c’est une heure trente de pur divertissement, d’anti-dépresseurs, d’euphorisants, bref, de tout ce que vous voudrez qui met du baume au cœur et ne vous laisse repartir qu’avec le sourire jusqu’aux oreilles. Après un spectacle tout aussi beau, mais relevant d’un autre registre, plus doux et plus épuré, donné aussi durant ce mois de juin aux Nuits de Fourvière, intitulé Partitions équestres, Bartabas revient donc à ses premières amours tsiganes. Dans cette nouvelle production dynamique et haute en couleurs qu’est Battuta, le mot d’ordre est à l’amusement, au foisonnement, à la fantaisie et à l’humour.Sous un chapiteau noir, l’ambiance est celle du cirque, mais un cirque amélioré. Dès l’entrée dans l’enceinte noire, on est ébloui : quelques chevaux (magnifiques) attendent sous une discrète lumière, tandis qu’une cascade d’eau se déverse au beau milieu du cercle de la scène. Puis arrive la musique : cordes et cuivres se répondent d’une estrade à l’autre. Les musiciens ont l’air heureux d’être là et on le ressent : leurs morceaux sont pleins d’entrain et de bonne humeur. Au sein de cette atmosphère chaleureuse surgissent enfin les acrobates et écuyers : au galop comme au trot, ils s’amusent visiblement à sauter, danser et à réaliser des figures de toutes sortes sur leurs montures. Un vrai bonheur ! Face à ces prouesses, on retrouve son âme d’enfant et on pousse, tous en cœur, des soupirs de soulagement quand les casse-cou retombent, sains et saufs, sur leurs pieds. La scénographie, superbe, rehausse les performances d’une note artistique : les jeux de lumière sur le pelage des chevaux et sur la chute d’eau (permanente) sont très réussis. Les cascades et cavalcades s’enchaînent ainsi à douze mille à l’heure sous le chapiteau, sans ne jamais lasser, tant la scénographie est belle et tant la fantaisie des personnages et de leurs gestes est renouvelée. On retiendra, parmi les inventions les plus insolites, l’ours qui monte à cheval, la deux-chevaux transformée en carriole, la mariée et sa traîne flottant dans les airs grâce à des ballons gonflés à l’hélium ; et, surtout, on se souviendra longtemps de la folie de ce petit monde en délire, qui ne cesse de traverser la piste à toute allure.