Quelques jours avant la première représentation à Lyon de Zarathoustra, le chant de la danse, création de Maurice Béjart initialement programmée par la Maison de la danse, le danseur principal s’est blessé. Une chance pour nous, au lieu d’annuler la soirée, la Maison de la danse et le Béjart Ballet Lausanne ont décidé de remplacer Zarathoustra par L'Amour - La Danse, une sorte de best of de la carrière de Béjart, une compilation de morceaux de danse prélevés parmi ses meilleurs spectacles. Ainsi, le public lyonnais, qui n’avait pas eu l’occasion de découvrir ce ballet lors de sa création en 2005, pour les cinquante ans de carrière de Béjart (en tant que directeur de compagnie), peut rattraper aujourd’hui son retard.L'Amour - La Danse regroupe plus d’une dizaine de chorégraphies issues des ballets suivants : Le Sacre du printemps, Roméo et Juliette, Héliogabale, Wien wien nur du allein, Le Chant du compagnon errant, Sept Danses grecques, Arepo, Brel et Barbara, Rumi, U2 et j’en passe. Les différents tableaux s’enchaînent sans interruption, avec harmonie ; le passage d’un univers à l’autre ne semble jamais fortuit : ou bien quelques danseurs restent sur scène d’une chorégraphie à l’autre, ou bien les jeux de lumière assurent une transition en douceur, ou encore un thème, un personnage reviennent en leitmotiv, comme Roméo et Juliette qui réapparaissent de temps en temps au beau milieu d’autres morceaux que les leurs. La représentation est ainsi extrêmement diversifiée et dynamique. Les spectateurs n’ont pas le temps de se lasser. D’autant que les performances sont impressionnantes, les danseurs étant d’une rigueur et d’une précision parfaites. Aussi, si la chorégraphie reste empreinte de classicisme (ah les belles pointes !), elle sait nous charmer, nous surprendre parfois, avec quelques innovations dans les pas et même quelques touches d’humour (voir la chorégraphie d’Heliogabale), et nous époustoufler lors des tableaux de groupe, très réussis au niveau des costumes et de leur utilisation (on pense là notamment aux tuyaux de tissu jaune, accessoires des danseurs sur le dernier morceau du Sacre du printemps). Bref, si ce n’est pas un spectacle qui révolutionne la danse d’aujourd’hui, c’est, en tout cas, une belle représentation ; ce qui n’est déjà pas si mal !