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 Aux anges !
On est véritablement "aux anges" (le jeu de mots est, certes, facile) face à ce spectacle MAGNIFIQUE ! La compagnie Haut et Court a relevé la gageure de transposer à la scène l’univers très particulier, à la fois fantastique et poétique, d’Antoine Volodine : c’est réussi. Le roman, Des Anges mineurs, primé plusieurs fois en 1999 et 2000, est, en effet, une plongée dans un monde onirique, un monde où cxistent des anges, des hommes déshumanisés, des vieilles femmes enfermées dans une maison de retraite, qui ressemblent plutôt à des fées malicieuses, des accoucheuses d’ourses blanches, bref, des personnages hétéroclites, dont les histoires s’entrechoquent sans jamais vraiment former une fresque organisée. C’est un Monde dans lequel il faut accepter de plonger sans forcément tout en comprendre. Proche d’un univers comme celui de David Lynch au cinéma, celui d’Antoine Volodine ne se laisse pas saisir facilement. Il est de l’ordre du fantasme, du délire. Il n’est cependant pas sans évoquer beaucoup d’uvres et beaucoup d’interrogations philosophiques sur le monde et son devenir. Il peut ainsi rappeler, tout à tour, des romans de science-fiction ou d’anticipation, comme Le Meilleur des mondes, ou des BD fantastiques, comme celles de Bilal. Ainsi le foisonnement de thèmes et de références peut-il convoquer des images dans l’esprit de tous les spectateurs. C’est un spectacle qui fait travailler l’imaginaire.
La compagnie Haut et Court et son metteur en scène, Joris Mathieu, ont d’ailleurs exploité ce potentiel imaginaire dans leur travail de mise en scène et de scénographie. Plus qu’une pièce de théâtre, ils livrent là une expérience sensorielle incroyable aux spectateurs. Leur démarche, qualifiée de "théâtre optique", envoûte et happe le public, qui se retrouve immergé dans l’univers de Volodine. Qu’on apprécie ou non le délire fantasmagorique de l’auteur, on est obligatoirement séduit (au moins durant la moitié de la représentation) par les effets visuels mis en uvre sur scène. Une utilisation parfaite de la vidéo, des miroirs et de tout un dispositif dont on ne comprend même pas les rouages nous bluffent durant une heure et demi. Les anges apparaissent et disparaissent comme par magie ; le fondu-enchaîné est utilisé sur la scène de théâtre comme il peut l’être au cinéma ; des toiles de fond filmées s’ajoutent, en surimpression, à des décors réels ; des personnages oniriques se mêlent aux comédiens, qu’on ne distingue plus bien des apparitions irréelles. Et durant cette plongée au cur d’un rêve, on se laisse bercer par la douceur des voix-off, nous racontant toutes ces micro-histoires. Vous l’aurez compris, on est épaté, ébloui, subjugué par la magie de l’ensemble. Cette expérience esthétique est unique et, tout simplement, BELLE. |
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Mis à jour le 20/03/2008
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