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La compagnie Ne Manque pas d’Airs ne manque pas non plus de créativité théâtrale. Dans leurs productions d’opéra de chambre, les idées fusent. Le mois de mars 2012 aura déjà permis de voir une version du Orlandino Paladino de Haydn remarquablement déjantée au théâtre du Châtelet. C’est ce même Haydn qui a composé Le Monde de la Lune (dont le livret est écrit d’après Goldoni), visible actuellement au théâtre Mouffetard. Le moins que l’on puisse dire, après voir assisté aux deux représentations, est que les opéras de "Papa Haydn", pourtant très rarement montés, incitent à l’iconoclasme...
Au départ, l’histoire du Monde de la Lune gagne nettement en originalité par rapport à l’épopée furieuse tellement rabattue à l’époque baroque d’Orlandino... Le personnage d’Ecclitico y cherche à séduire la fille de Buonafede, barbon passionné d’astronomie. Celui-ci invente tout un stratagème pour leurrer le père récalcitrant et arriver à ses fins : avec deux siècles d’avance, un voyage dans la lune est proposé à Buonafede. Ce dernier ne se rend pas compte du subterfuge, et est aux anges en déambulant sur cet astre céleste peuplé de personnages aussi inattendus que mal intentionnés à son égard.
Economie oblige, la compagnie fait appel à un seul instrument pour accompagner les cinq chanteurs. Pour leur production précédente, Didon et Enée de Purcell, nous avions droit à l’instrument roi de l’époque baroque, le clavecin. Cette fois-ci, c’est le piano-forte, précurseur du piano moderne et qui incarne si bien la période classique, à qui il incombe de remplacer l’orchestre. Paradoxalement, cette absence d’orchestre parvenait à enrichir le langage musical de Purcell dans lequel on découvrait soudainement des joyaux polyphoniques insoupçonnés jusqu’alors. Cette fois-ci, la réduction d’orchestre s’apparente plus à un appauvrissement : les couleurs de l’orchestre manquent, et exigent de la part du public une attention plus soutenue.
Il n’empêche, les qualités de cette production ne sont pas seulement scéniques. Les voix des chanteurs, sans exception, sont toutes d’une remarquable qualité. Dommage que celles-ci soient trop souvent couvertes par des bruitages électroacoustiques. Pour évoquer le voyage qui conduit Buonafede dans la lune, ce procédé est tout à fait adéquat. Mais à force de rechercher sans cesse de l’originalité dans le domaine sonore, une partie de la musicalité se voit sacrifiée, ce qui est bien regrettable pour la pianiste (excellente), les chanteurs, et surtout, les auditeurs ! |
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Mis à jour le 29/04/2012
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