• Trio endiablĂ© Ă  la manière d'un vaudeville, 
  • Une chanteuse provocante, trois musiciens dĂ©jantĂ©s, des textes drĂ´les et percutants, voilĂ  la recette de ce spectacle vivifiant et fantaisiste ! Ils puis en tournĂ©e en France.
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  • ''<i>L’homme le plus aimĂ© des Français</i>'' revient parmi nous. Il nous raconte sa vie, affirmant que rien n’est dĂ©sespĂ©rĂ©.
  • Théâtre de papier, d’objets et de marionnettes, de la Cie Les Ateliers du capricorne pour les enfants (Ă  partir de 7 ans), d'après les dessins de SempĂ©.


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Une oeuvre mal aimée, un mélo grandiloquent

INFOS PRATIQUES
Affiche du spectacle
© OpĂ©ra de Monte-Carlo
Du 15/03/2012
au 23/03/2012

Jeudi 15 (gala), mardi 20 et vendredi 23 mars Ă  20h, dimanche 18 mars Ă  15h.
Opéra de Monte Carlo
Place du Casino
MONACO MONTE-CARLO
Réservations :
377 98 06 28 28
Site Internet
On pourrait attribuer Ă  Francesca da Rimini la cĂ©lèbre phrase de Gide : "Familles, je vous hais !"... Ne voilĂ -t-il pas cette belle ravennate dĂ©sirĂ©e par les trois frères Malatesta : Giovanni le boiteux, Paolo le beau et, petit dernier, Malatestino le borgne ! La jeune fille doit se marier au premier, mais elle s’éprend du second qui porte si bien son nom. Ils finissent donc forcĂ©ment par devenir amants. De son seul œil valide, le cadet surprendra les tourtereaux, puis les dĂ©noncera au cocu qui les poignardera l’un après l’autre, liant ainsi le couple dans la mort. Cela ne vous rappelle rien ? MĂŞme pas un petit arrière-goĂ»t de Tristan wagnĂ©rien ?

La pièce du dĂ©cadent et exaltĂ© Gabriele D’Annunzio, elle-mĂŞme tirĂ©e d’un Ă©pisode de la Divine comĂ©die, donne matière Ă  l’œuvre la plus connue de Riccardo Zandonai, sur un livret un tantinet pompeux signĂ© par Tito Ricordi.

Malgré quelques belles résurrections de l’ouvrage un peu partout sur la planète, ce compositeur italien (1883-1944) reste malheureusement seulement connu par quelques "happy few". Sans doute souffre-t-il de l’ombre de ses aînés Verdi, Puccini ou autres Cilea et Mascagni... Sa place dans l’histoire de la musique est pourtant intéressante dans la mesure où Zandonai tente avec plus ou moins de bonheur de concilier l’héritage italien avec les influences françaises et surtout allemandes de l’époque.

Francesca da Rimini, qui fait son entrĂ©e au rĂ©pertoire de l’OpĂ©ra de Monte-Carlo, peut donc s’écouter comme la toute petite sœur de Tristan, tant l’œuvre, créée Ă  Turin en 1914, semble vampirisĂ©e jusqu’à la dernière note par le gĂ©ant teuton. La comparaison doit hĂ©las s’arrĂŞter lĂ . Avouons-le bien bas. La partition gore de Zandonai n’atteint pas l’immensitĂ© cosmique de Tristan, le duo final n’accède pas au paroxysme suffocant d’érotisme morbide du Liebestod wagnĂ©rien. On cherchera Ă©galement en vain l’ambiance poĂ©tique – tant recherchĂ©e – de PellĂ©as...

Pourtant, pourtant... On se laisse séduire çà et là par de subtiles harmonies chromatiques, des nuances orchestrales raffinées, quelques effets faciles, l’épaisse écriture orchestrale, grandiloquente, au pompiérisme affirmé, tenant à la fois de l’obsession de la mort, avec en prime cette mélancolie pleine de sensualité morbide, comme chargée de fatalisme.

Ne cherchons dans le spectacle en rouge et noir de Louis Désiré (à la barre de la mise en scène, des décors et des costumes) le Moyen-Age voulu par Liberty et d’Annunzio. Dans les griffes d’une main du destin qui va broyer tous les personnages, les didascalies du livret sont un tantinet bousculées par un symbolisme de bon aloi, violent et cru. La scène de la bataille, toujours difficile à représenter, se lit comme un manga du meilleur tonneau.

Prise de rĂ´le rĂ©ussie pour Eva-Maria Westbrœk. La sculpturale nĂ©erlandaise plie avec bonheur son puissant soprano wagnĂ©rien dans cette partition hybride et ardue et sa composition de petite bourgeoise jouant les dames de l’aristocratie est celle d’une grande tragĂ©dienne. Elle forme avec Zoran Todorovitch, très en voix après quelques discutables prestations, un couple crĂ©dible et pathĂ©tique en proie Ă  une terrible machination. Joli travail (regards, gestes, attitudes) sur son impossibilitĂ© Ă  concilier la puretĂ© de ses sentiments avec le respect des lois.

Ses deux autres frères sont inquiétants à souhait. Alberto Gazale campe un boiteux qui ne fait pas dans la dentelle, mais voilà un baryton franc, direct, très à l’aise avec des fa dièse et naturel d’une fermeté incroyable. Les notes aigües chez Zandonai sont comme calquées sur le langage parlé. Apogée du vérisme ? D’accord avec vous. Mais, pour qui aime Lulu ou Wozzek, Alban Berg n’est pas très loin... Libidineux à souhait, insinuant, bifide, voilà le Malatestino de William Joyner... Bâtissant son perfide personnage sur le chant et la diction, cet éclatant ténor risque bien de rester la révélation de la soirée.

Satisfecit global pour tous les rĂ´les secondaires masculins. Laura Brioli et Svetlana Lifar impressionnent favorablement en sœur et confidente asservie. Le quatuor de suivantes apporte avec une force toute cristalline un brin de fraĂ®cheur printanière dans cette Italie en proie aux guerres gibelines. Sorti tout droit d’un film de Fellini, le sympathique Guy Bonfiglio, campe un bouffon-mĂ©nestrel suffocant d’accents, Ă  la drĂ´lerie très Ă©tudiĂ©e.

Nommé depuis peu "chef référent" de l’Orchestre philarmonique de Monte-Carlo par S.A.R. La Princesse de Hanovre, Gianluigi Gelmetti a coupé avec raison de nombreuses pages dans ce mélo grandiloquent pas toujours facile à apprivoiser. Trouvant avec bonheur un juste équilibre entre toutes les influences de cette foisonnante et originale partition, on pouvait aimer cette recherche des sonorités alla Strauss, Ravel ou Puccini. C’est parfois appuyé, un rien artificiel, mais la musique qui sort de la fosse de l’Opéra Garnier a de réjouissants relents hollywoodiens qui restent ceux d’un grand maestro nous entraînant avec force et conviction dans un monde de fer, de feu, de sang, dont personne ne sort indemne.
Mis à jour le 18/03/2012
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